Inflation : comment bien nourrir ses enfants sans se ruiner ?

Avec l'inflation, certaines familles ont dû changer leurs habitudes de consommation, en réduisant leurs achats, quitte à faire l'impasse sur des produits alimentaires. En tant que parent, est-il encore possible de nourrir ses enfants correctement et sainement sans dépenser trop ? Une diététicienne pédiatrique nous partage ses conseils et ses astuces.

Inflation : comment bien nourrir ses enfants sans se ruiner ?
© famveldman

L'inflation a atteint un nouveau record en octobre. Selon les données provisoires de l'Insee, publiées vendredi 28 octobre, les prix à la consommation en France ont augmenté de 6,2% sur un an. Les produits alimentaires ne sont pas épargnés. La hausse des tarifs sur ces produits en octobre est particulièrement élevée, 11,8% sur un an. Et sur les produits frais plus encore, 16,9%. Une situation qui se ressent dans les caddies de courses des familles. Certains parents font de plus en plus attention à ce qu'ils achètent pour eux et leurs enfants, quitte à changer leurs habitudes alimentaires, pour réduire leurs dépenses. D'ailleurs, ce sont les familles avec enfants qui sont les premières à rogner leur budget de courses. Mais alors comment peut-on nourrir correctement ses enfants ? Et quels sont les produits alimentaires à petits prix à privilégier ? Stéphanie Foglietta-Dreyfuss, diététicienne prénatale et pédiatrique, du compte Instagram @feedgood_nutrition, nous éclaire. 

Quels sont les aliments sains à petits prix pour les enfants ?

Les légumineuses sont de très bons aliments pour les enfants, d'un point de vue nutritionnel mais également en terme de prix. "Les légumineuses, aussi appelées légumes secs, regroupent les lentilles, les haricots (rouges, blancs, flageolets etc) ou encore les pois (pois chiches, pois cassés etc). Ils sont riches en protéines végétales, en fibres, en fer, en zinc, en antioxydants. Ce sont aussi des aliments rassasiants, sources de glucides à index glycémique bas, qui sont digérés lentement par l'organisme", recommande la diététicienne. On les retrouve en conserve, mais également en sachet sous format sec et au rayon surgelés. Les prix, selon les marques et les compositions, sont souvent encore moins chers, comparés à d'autres aliments comme les légumes frais, les pâtes, les céréales, les œufs etc. 

Autres produits à privilégier pour bien nourrir ses enfants, les poissons gras en conserve. "On n'y pense pas forcément mais les petits poissons gras en conserve comme les sardines, les maquereaux, les anchois, les harengs ont un prix accessible (par rapport à la viande dont les prix ont explosé sur un an). Aussi ce sont des poissons en début de chaîne alimentaire qui sont peu contaminés notamment par les métaux lourds et qui sont de très bonnes sources d'oméga 3, en particulier EPA et DHA, des acides gras essentiels. Ils interviennent notamment dans le développement et le fonctionnement du cerveau et de la rétine. Ce sont des sources de matières grasses très utiles pour les enfants", ajoute-t-elle.

Comment faire apprécier des sardines ou du maquereau à des enfants ? 

Sur le principe, l'idée de manger des sardines, des anchois ou du maquereau en conserve est tentante pour les adultes, mais pour les enfants ça peut être un plus compliqué. "Pour permettre aux enfants d'apprendre à connaître et apprécier un aliment, il est essentiel de les y exposer régulièrement. Ils peuvent avoir des a priori sur certains aliments mais il y a aussi des façons de les cuisiner", nous explique Stéphanie Foglietta-Dreyfuss. Avec des sardines en boîte on peut faire des rillettes, mélangées à du fromage frais, du jus de citron et de l'aneth. Une tartinade sera bien moins rebutante que le cadavre de la sardine jetée à même l'assiette, et avec une bonne salade, vous avez un repas économique, appétissant et sain... pari réussi !

Conseil d'experte : "Rincer les aliments en conserve au préalable permet d'éliminer le sel en excès."

Comment payer moins cher les fruits et légumes ? 

Dans les supermarchés, les primeurs et sur les marchés, les prix des fruits et légumes frais ont augmenté de 11% sur un an, selon l'association de consommateurs Familles rurales qui a donné l'alerte en juillet. Quelles astuces les parents peuvent-ils mettre en place ? "Il faut penser en termes de saisonnalité. Normalement des fruits et légumes de saison et locaux coûteront toujours moins chers que des aliments qui ne sont pas de saison ou qui sont importés de loin. En pensant saisonnalité ça nécessite aussi de remettre au goût du jour des produits dont les enfants n'ont pas toujours connaissance, comme le poireau, le céleri rave, la courge butternut." Une autre astuce consiste à miser sur des légumes surgelés bruts, c'est-à-dire qui n'ont pas été transformés dans une préparation toute prête à l'emploi. "Ils sont parfois moins chers que des légumes frais et ils gardent toutes leurs propriétés nutritionnelles même en étant surgelés", déclare la spécialiste. Les légumes en conserve aussi peuvent être utilisés. "On peut se simplifier la vie et alléger son budget en s'orientant vers du surgelé et même des légumes en conserve ou en bocal", insiste la diététicienne.

C'est toujours plus intéressant de consommer des légumes, même s'ils sont surgelés ou en conserve, plutôt que de ne pas en consommer !

Les légumes en conserve ou en bocaux sont bons pour les enfants ? 

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les légumes en conserve ne contiennent pas de conservateurs à l'intérieur. "Un légume dans une boîte de conserve ou un bocal n'est préparer qu'avec de l'eau et du sel. Il a été simplement soumis à une très haute température pendant très peu de temps qui permet de les conserver longtemps. Après oui, ces légumes perdent des vitamines par rapport aux légumes frais, mais là encore c'est toujours mieux de consommer ces aliments que de ne pas en consommer du tout", détaille Stéphanie Foglietta-Dreyfuss. On n'oublie pas non plus de bien les rincer à l'eau avant de les cuisiner ! 

Mise à part la conserve, les légumes peuvent être contenus dans des bocaux et être fermentés. Ces légumes ont une forte valeur nutritionnelle, ce qui est d'autant plus intéressant pour les enfants. "Ce sont des légumes qui se conservent longtemps. Par légumes fermentés, on entend légumes lacto-fermentés (les légumes sont fermentés, macérés à base de sel dans des bocaux en verre fermés ndlr). Une fois lacto-fermentés, ils sont extrêmement riches en probiotiques, qui sont des micro-organismes que l'on retrouve dans notre système digestif et qui vont soutenir notre immunité, notamment en hiver."

Le batch cooking, pour faire des économies : bonne ou mauvaise idée ? 

Si une famille a l'habitude d'acheter des plats préparés, alors oui le batch cooking est un bon moyen pour faire des économies et manger des plats maison et plus sains. "Cuisiner soi-même coûtera toujours moins cher que d'acheter tout fait, ça limite aussi dans un sens le gaspillage de nourriture. Mais le batch-cooking permet surtout de faire de bonnes économies d'énergie, en utilisant un four déjà chaud pour cuire plusieurs préparations. De même pour la plaque de cuisson", précise la spécialiste. 

Un enfant peut-il sauter un repas ? 

Dans cette optique de faire des économies, mais aussi car certains n'ont pas le choix, des parents font l'impasse sur un repas pour leur enfant, le goûter par exemple. L'idée d'un goûter dinatoire, qui regroupe deux repas en un, peut être une solution. Mais attention, il est davantage recommandé par les professionnels de santé et de nutrition de respecter les 5 repas par jours pour un enfant. "C'est important que l'adulte propose des repas à une fréquence régulière dans la journée et les goûters ont ce rôle là. En général, on dit que physiologiquement un enfant a besoin de pouvoir manger environ tous les 3 heures, cela dépend chez certains", énonce Stéphanie Foglietta-Dreyfuss. Au-delà de la frustration que cela peut générer, cela permet aussi d'éviter aux enfants d'être affamés le soir au moment du dîner, ce qui les inciteraient à manger très vite ou au-delà de leur sensation de faim. 

Vers quel type de goûter pas cher peut-on se tourner ? 

Parce que les gâteaux industriels pour enfants sont souvent chers, et pas toujours sains ni qualitatifs, la diététicienne pédiatrique conseille aux parents de remplacer les biscuits habituels par des goûters maison et de penser aussi à introduire des saveurs salées comme :

  • du pain complet, tartiné de beurre ou de purée d'oléagineux (beurre de cacahuète, purée d'amande, purée de noisettes etc) 
  • du houmous et des crudités
  • des crêpes ou es pancakes, réalisés avec des farines complètes, de sarrasin ou de flocons d'avoine
  • un yaourt ou un morceau de fromage
Merci à Stéphanie Foglietta-Dreyfuss, diététicienne prénatale et pédiatrique diplômée, d'avoir répondu à nos questions. L'experte propose des consultations à son cabinet en Suisse, mais aussi en ligne. Elle a une patientèle aussi française. Pour en savoir plus, voici son site Internet Feed Good.