Gossip : "l'application doit être supprimée"

Face à la polémique de Gossip, Najat Vallaud-Belkacem a réagit en demandant une vigilance particulière sur la teneur des messages. Mais pour le syndicat de lycéens (FIDL), cette déclaration est loin d'être suffisante. Sa Présidente, Zoïa Guschlbauer répond à nos questions.

Gossip : "l'application doit être supprimée"
© nenetus

Depuis son lancement en mars dernier, l'application Gossip est très à la mode dans les cours des collèges et lycées. Inspirée de la série Gossip Girl, elle incite les jeunes à raconter des ragots de manière anonyme en postant un message éphémère, avec une phrase ou une photo, et pour signature : "Xoxo, sans rancune". Le tout n'est visible qu'une dizaine de secondes par tous les autres camarades. Mais cette appli est aussi vivement critiquée, notamment par le syndicat de lycéens FIDL qui réclame son interdiction. Pour Zoïa Guschlbauer, Présidente de la FIDL, "cette application encourage explicitement le harcèlement à l'école et il faut la supprimer". 

Elle regrette d'ailleurs la réaction de la ministre Najat Vallaud-Belkacem qui est loin d'être suffisante. En effet, la ministre demande simplement aux recteurs d’académie "d’exercer, avec l’aide des chefs d’établissement des lycées et collèges, une extrême vigilance sur la teneur des messages qui seraient mis en ligne sur cette application" et souhaite que "tous les propos injurieux ou diffamatoires proférés à l’encontre d’élèves ou de personnels soient signalés aux procureurs de la République, sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale". Si elle réclame une "vigilance", elle ne demande à aucun moment la suppression de l'application. "Elle met en danger les élèves, car cette application est malsaine et peut prendre une tournure horrible", prévient  Zoïa Guschlbauer. 

Quant à la créatrice de l'appli Gossip, qui se défendait vouloir cibler les 20-35 ans actifs et non pas les plus jeunes, en déclarant qu'"il y a eu une erreur sur iTunes qui a permis aux internautes de s'inscrire dès l'âge de 12 ans", il ne s'agit que d'une hypocrésie pour la Présidente. Selon elle, une version de l'application était même destinée à être payante, ce qui revient "à profiter de la crédulité des jeunes pour se faire de l'argent". 

Que faudrait-il faire ? "Certains élèves n'ont parfois pas conscience de leurs actes, ni des conséquences qu'ils peuvent avoir sur les autres. Cela peut partir d'une simple insulte, mais la personne qui est victime de harcèlement se sent mal, se renferme sur elle-même et cela n'est pas acceptable". En plus de supprimer cette application, mais aussi toutes les applications de ce type, qui banalisent le harcèlement, il faudrait aussi renforcer la sensibilisation sur les dangers et les conséquences liés au harcèlement à l'école.

Concrètement, par rapport au Plan anti-harcèlement présenté en début d'année par la ministre Najat Vallaud-Belkacem, les actions mises en place dans les établissements scolaires sont-elles efficaces ? "Les élèves et enseignements suivent une formation au sein de l'établissement scolaire, afin de savoir réagir en cas de harcèlement à l'école, mais aussi pour reconnaître les signes, et savoir déceler si un élève en est victime. Mais ces formations ne touchent pas assez de personnes", déclare la Présidente. Selon elle, "seulement une centaine d'élus de lycéens ont été formés pour lutter contre le harcèlement à l'école"

Rappelons qu'un numéro d'appel national Stop Harcèlement (0808 807 010) a été mis en place pour permettre à ceux qui en ont besoin de dialoguer avec des spécialistes, et de trouver une aide. Enfin, les parents jouent aussi un rôle important, en tant qu'accompagnateurs. D'autant qu'à l'adolescence, il n'est pas toujours facile de repérer un mal-être chez l'enfant. 

Qu'allez-vous faire si l'application n'est pas supprimée ? Nous allons écrire un courrier à la ministre pour demander la suppression de l'application. "L'appli Gossip DOIT être supprimée".