Harcèlement au lycée : l'appli Gossip crée la polémique

L'appli Gossip, permettant de poster anonymement des rumeurs, fait malheureusement fureur dans les cours de récré. Les syndicats de lycéens rappellent les dangers liés au harcèlement scolaire et demandent l'interdiction de cette application.

Harcèlement au lycée : l'appli Gossip crée la polémique
© Fotolia

"Bonjour, ici Gossip Girl, celle qui révèle au grand jour ce que l'élite New-Yorkaise se donne tant de mal à cacher"... C'est par cette phrase que débute chaque épisode de la série Gossip Girl, dans laquelle des lycéens n'hésitent pas à balancer toutes les rumeurs, photos et citations mettant en péril leur réputation et leurs relations... Cette série, fictive, ne posait pas de problème jusqu'à ce qu'une appli du même nom et reprenant le même concept de rumeurs anonymes ait été lancée en mars dernier. 

Si sa créatrice de l'appli Gossip souhaitait au départ cibler les 20-35 ans, ce ne sont pas moins de 10 000 téléchargements par jour qui ont été effectués depuis un mois, la plupart par des ados. "Gossip, les ragots anonymes" comme elle est présenté sur l'App Store, fait en effet fureur dans les cours de récréations des collèges et lycées. Ces derniers postent alors un message éphémère, avec une phrase ou une photo, et signent (comme dans la série) Xoxo, ajoutant pour terminer : "sans rancune". Le tout n'est visible qu'une dizaine de seconde par tous les autres camarades ayant téléchargé l'appli, mais la bombe est lancée. Et celui qui en est la cible, victime.

La FIDL demande l'interdiction de l'appli Gossip. Pour ce syndicat lycéen, l'appli Gossip ne fait que promouvoir le harcèlement en milieu scolaire. Elle rappelle les dangers du harcèlement et demande l'nterdiction de cette application ayant pour but de partager des ragots. "Rappelons-le, le harcèlement à l’école et chez les jeunes est un problème majeur. Le suicide chez les jeunes, dû au harcèlement, n’est pas une question à prendre à la légère ; ou sur laquelle on peut jouer et rigoler", précise le syndicat dans un communiqué. La FIDL sensibilise aussi le grand public sur les risques liés au cyber-harcèlement chez les jeunes : "le harcèlement n’est pas sans conséquences et met de nombreux jeunes dans des situations de mal-être et de dépression qui peuvent les conduire au pire". L'organisation lycéenne avait d'ailleurs dénoncé récemment certaines pages Facebook du même type suite à des plaintes de lycéens.

Cindy Mouly, la créatrice de l'application a décidé de suspendre l'utilisation de Gossip le temps de "renforcer sa modération" a-t-elle déclaré à Madame Figaro. Elle préparerait alors avec son équipe "un système de modération automatique par rapport au vocabulaire à caractère diffamatoire". Mais cela est-il réellement suffisant ? 

Face à cette polémique, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a réagit en demandant aux recteurs d’académie d’exercer, avec l’aide des chefs d’établissement des lycées et collèges, une extrême vigilance sur la teneur des messages qui seraient mis en ligne sur cette application", a-t-elle déclaré dans un communiqué. Elle souhaite aussi que "tous les propos injurieux ou diffamatoires proférés à l’encontre d’élèves ou de personnels soient signalés aux procureurs de la République, sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale".

Le syndicat des lycéens, réclame de son côté l'interdiction définitive de cette application. Si l'application Gossip venait à être retirée de l'App Store, nous pourrions à notre tour dire que c'est "sans rancune".