Défilé Christian Dior AH 2019-2020 : la maison de l'architecture

Sombre par la couleur mais éclairée par la réflexion, voila comment la collection Christian Dior haute couture automne-hiver 2019-2020 se définit. Retour sur ce défilé architectural où élégance et confort cohabitent intelligemment.

Défilé Christian Dior AH 2019-2020 : la maison de l'architecture
© Michel Euler/AP/SIPA

On s’intéresse aux structures chez Christian Dior pour l'automne-hiver 2019-2020. La maison a ouvert les portes du 30 avenue Montaigne avant deux ans de travaux pour présenter sa collection haute couture hivernale et ce n'est pas un hasard. Cette saison, la directrice artistique Marie Grazia Chiuri explore l'architecture du vêtement, comme le vêtement dans l'architecture. Au programme du corpus de cette collection très référencée comme à l'accoutumée, Agnès Varda qui nous a quittés le 29 mars dernier, mais aussi Penny Singer et Bernard Rudofsky dont les œuvres se joignent dans une collection profondément chic. 

Des silhouettes de marbre ? 

Comme Maria Grazia Chiuri en a désormais l'habitude, le premier look annonce la couleur en toutes lettres. Directement imprimé sur la poitrine, le titre de l'essai de Bernard Rudofksy "Are clothes modern ?" vient d'emblée bousculer le thème architectural de la collection. En effet, cet ouvrage explore les limites de l'habit comme carcan, objet qui obstrue et façonne le corps au lieu d'accompagner son épanouissement. La toge écrue et sa ceinture en passementerie sur laquelle la citation est placée invoque les cariatides. Ces femmes de pierre qui ornent les façades antiques mais aussi parisiennes, soutenant les étages et décorant les ouvertures ont été l'objet d'un documentaire, "Les Dites Cariatides" signé Agnès Varda. Alors, vêtement contraignant, immuable comme la pierre ou vêtement "moderne", facilitateur ? La collection qui s'ensuit s'applique à faire un trait d'union entre les deux

Bien fondé  

Plongés dans un noir profond et systématique, les mannequins aux faux-airs de veuves noires avec voilettes et pendentifs imposants illustrent en réalité le compromis. L'alchimie, voila l'entre-deux proposé par la directrice artistique. Celles des matières, des éléments, du vivant et de l'inanimé. Elle fait appel à l'artiste Penny Singer pour représenter ces références oniriques sur les murs de l'illustre maison de l'avenue Montaigne. Si elles témoignent d'une élégance intemporelle, les silhouettes sont en réalité tout en contraste. Le confort des spartiates-collant plates et la rigueur de larges manches en drap de laine. Le collant qui épouse les jambes mais s'orne de plumes précieuses. La robe du soir dont le bustier sculpte le torse apposé sur un justaucorps brodé. Chaque look réconcilie structure et souplesse, jusqu'au final, une robe maison au sens littéral, clin d’œil espiègle à la maison Dior. Est-ce que la couture est moderne ? Elle peut évidement l'être, répond Maria Grazia Chiuri, tout est affaire de mariages.