Décès d'Hubert de Givenchy, couturier majeur

Immense couturier, disciple de Cristóbal Balenciaga et ami fidèle d'Audrey Hepburn, Hubert de Givenchy est mort le 10 mars 2018. Acteur majeur de l'avènement de l'élégance française, il laisse derrière lui un immense héritage.

Décès d'Hubert de Givenchy, couturier majeur
© BOULAT ALEXANDRA/SIPA

A 91 ans, il était l'un des derniers couturiers de légende. Hubert de Givenchy s'est éteint dans son sommeil le samedi 10 mars 2018, annonce son "compagnon et ami" Philippe Venet par communiqué. Le couturier du chic, ambassadeur de la sophistication française à Hollywood, avait créé sa maison en 1952 et l'a dirigé 43 ans durant. 

Un destin couture

Né en 1927 dans une famille d'origine noble, érudite et aisée, Hubert de Givenchy se passionne très tôt pour la couture et particulièrement pour le travail du "maître" Cristóbal Balenciaga. Déterminé à en faire son métier, il intègre à l'âge de 17 ans l'Ecoles des beaux-arts et débute chez les grands de la haute couture comme Jacques Fath. Peu de temps après, fort de son succès et de son réseau de mondain parisien, il fonde sa maison en 1952. À raison. Le succès est immédiat et s'accompagne, l'année suivante de deux rencontres déterminantes. D'abord celle avec son idole, Balenciaga, qui deviendra son ami mais aussi son héritier. Si bien qu'il récupérera sa clientèle à la fermeture de sa maison. Ensuite, celle avec Audrey Hepburn. Admiratrice de son style, l'actrice demande au couturier de l'habiller pour le prochain film de Billy Wider, Sabrina. C'est le point de départ d'une collaboration de près de 40 ans, qui donnera naissance à des silhouettes aussi emblematiques que la robe noire de Diamants sur canapé, en 1961. 

Un prodige de son temps

Au commencement de la maison d'Hubert de Givenchy, il y a un succès. Une idée très moderne pour l'époque le fera connaître dès son premier défilé : les séparables. Cette série d'ensembles quotidiens, pratiques mais toujours empreints de raffinement bousculent la mode encore très contraignante de l'époque et séduit l'influente presse féminine comme les clientes. Cette élégante évidence sera propulsée par Audrey Hepburn, Jackie Kennedy, le mannequin Bettina Graziani (qui donnera son nom à la blouse Bettina) autant d'icônes liées à la maison. Fort de son immense culture et de son raffinement de gentleman, il saura, dans ses garde-robes, équilibrer références et avant-gardisme. Innovant, il imagine dès ses débuts une ligne de prêt-à-porter, Givenchy Université, en 1957, un parfum, le premier incarné par une égérie, qui n'est autre qu'Audrey Hepburn, mais aussi des licences, des décors d'hôtels... Artiste discret mais complet, son impact sur la mode contemporaine est immense. 

L'héritage Givenchy

Dimanche 4 mars, alors que les silhouettes de la collection automne-hiver 2018-2019 de la nouvelle venue Clare Waight Keller défilent au Palais de justice, personne ne se doute de la prochaine disparition du créateur. Face à un monde de la mode en pleine mutation, Hubert de Givenchy avait cédé sa marque au groupe LVMH en 1988 avant de se retirer lui-même en 1995, laissant la place à de nouvelles générations de designers. John Galliano, Alexander McQueen, Julien McDonald puis Riccardo Tisci... Le siège de directeur artistique de la maison française devient un marche-pied pour les plus grands noms actuels. Mais tous ne correspondent pas à l'idée de la couture de Monsieur de Givenchy, bien au contraire. Clare Waight Keller, nommée il y a peu suite au départ de Riccardo Tisci, semble incarner à merveille l'héritage de ce géant de la mode française et ce, dès son premier défilé hommage. Selon Madame Figaro, c'est d'ailleurs la seule de ces successeurs qu'il ait accepté de rencontrer. Le relais est désormais passé.