Après la fourrure, ces marques décident d'abandonner le duvet

Le groupe SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot, Fursac) a décidé de bannir le duvet d'origine animale de ses collections. Une décision éco-responsable que tardent à prendre les marques de mode.

Après la fourrure, ces marques décident d'abandonner le duvet
© Doudoune en polyester de Maje

Plus de peaux exotiques, plus de fourrure, plus de duvet… Mais avec quoi le groupe SMCP va-t-il confectionner les collections de ses quatre marques ? Rassurez-vous, Sandro, Maje, Claudie Pierlot et Fursac peuvent toujours compter sur le lin, le coton, le denim, la viscose… Bref, les étoffes d'origine naturelles ou synthétiques qui ont pour elles de ne pas provenir de l'exploitation animale, ne manquent pas. Sans oublier que, pour l'instant, SMCP continue de proposer des vêtements dans des matières qui ne sont pas végan, comme le cuir, la soie ou la laine.

C'est par email que SMCP a prévenu l'association protectrice des animaux, Peta, de sa décision : "Notre groupe s'engage à avoir totalement supprimé les plumes de canard et d'oie d'ici la saison automne-hiver 2023 ", et ce après avoir opéré "depuis plusieurs saisons un virage en faveur des matières alternatives permettant entre autres de remplacer la plume et le duvet dans chacune de nos marques". Un choix qui fait suite, donc, à une décision en 2019 de bannir la fourrure de ses collections, puis en 2020 d'arrêter d'utiliser des peaux exotiques.

Cette décision a été saluée par Peta, qui l'affirme depuis des années : "les animaux ne nous appartiennent pas et nous n'avons pas à les utiliser pour nos vêtements". Si à la différence de la fourrure, les oies et canards ne sont pas systématiquement tués pour leur duvet, ils sont en revanche fréquemment déplumés vivants, selon des méthodes que l'association qualifie de cruelle. Utilisé dans l'industrie de la mode et de la literie, le duvet d'origine animale est un marché en expansion (+ 6 % de croissance entre 2020 et 2021 selon un rapport de Future Market Insights), dont profitent notamment la Chine, les Etats-Unis, l'Allemagne et la Hongrie, principaux pays producteurs. Au printemps 2022, l'AFP (Agence France Presse) notait que les plumes de canard ou d'oie "garnissent encore plus de 80 % des couettes et doudounes dans le monde". Les qualités que l'on attribue d'ordinaire au duvet ? Il est léger, compressible et isolant. Des caractéristiques que l'on retrouve désormais dans des matières plus éco-responsables.

Par quoi remplacer le duvet animal ?

Les spécialistes de doudounes utilisent de plus en plus d'alternatives durables. C'est le cas de Moncler, référence italienne de la veste d'hiver, qui a lancé un programme de recyclage en 2021. La griffe, qui s'est engagée à abandonner la fourrure d'ici 2023 a lancé sa collection durable nommée Born to Protect, dans laquelle on retrouve des vêtements fourrés de duvet recyclé.

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Doudoune en polyester recyclé de Ganni © Ganni

Plus radicales, certaines griffes abandonnent totalement le duvet et se tournent, comme Ganni, vers le polyester recyclé ou comme Everlane, vers les bouteilles plastiques recyclées (60 sont nécessaires pour confectionner le modèle ReNew Long Puffer). Chez Arc'Teryx aussi, les vestes destinées aux skieurs se rembourrent d'isolant synthétique. Mais la palme de l'innovation revient à la très cool marque Pagaia, qui a carrément mis au point sa propre matière, FLWRDWN (pour " flower down ", duvet de fleur en français). "Avant FLWRDWN™, il y avait seulement deux options pour des manteaux légers et thermo-protecteurs : les plumes d'animaux ou le duvet synthétique. Nous ne voulions pas utiliser de plumes d'animaux, parce que le process peut parfois être cruel et l'alternative synthétique (généralement du polyester) est obtenue en utilisant des ressources pétrochimiques (énergies fossiles). Nous pensons qu'il existe des alternatives positives pour la Terre qui minimisent l'impact et capitalisent sur de nouvelles technologies inspirées par la nature".

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Doudoune Pangaia © Pangaia

Le rembourrage utilisé par Pangaia est obtenu grâce à des fleurs sauvages, des biopolymères issus du maïs et un aérogel breveté par la griffe. La marque, qui s'envisage comme un collectif de créatifs, de scientifiques et de spécialistes de la technologie, n'en est pas à son coup d'essai en termes de matières innovantes : épluchures, microbes fermentés, raisin, chanvre… Les tissus responsables et naturels sont monnaie courante dans les collections du label. Moins poétique que les fleurs sauvage, l'entreprise française TchaoMégot a mis au point un isolant à partir de mégots de cigarette recyclés. Il en faut 4 500 pour confectionner une doudoune, que l'on peut précommander sur le site de la firme. Une idée ingénieuse, même si la perspective de sentir les fleurs des champs est plus tentante que le tabac froid.