Grève du 6 octobre dans les crèches : à quoi doit-on s'attendre ?

Les professionnels du secteur de la petite enfance et de l'enfance sont en grève aujourd'hui. Des perturbations sont à prévoir dans une soixantaine de villes.

Grève du 6 octobre dans les crèches : à quoi doit-on s'attendre ?
© neydt

[Mise à jour du 6 octobre à 10h22] Le secteur de la petite enfance et de l'enfance est en grève ce jeudi 6 octobre. L'ensemble des agents des services publics de l'enfance, dans les crèches, les écoles et les structures d'accueil périscolaire, ont été appelés à se mobiliser. Partout en France, le mouvement s'annonce très suivi. L'appel à la grève a été lancé par la fédération Interco CFDT et le collectif "Pas de bébé à la consigne", "pour une prise en compte urgente de la situation des services publics", peut-on lire dans le communiqué de presse. D'après le collectif, des rassemblements et des manifestations sont prévus dans une soixantaine de villes. Leurs revendications font écho à celles défendues pendant la grève du 29 septembre dernier, notamment contre le projet de réforme qui autorise le recrutement de personnel non diplômé. "Les secteurs de l'école, du périscolaire et des EAJE (établissement d'accueil du jeune enfant, ndlr) sont malades. Ils manquent de moyens et de professionnel.les qualifié.es", dénonce la CFDT. "Le monde de la petite enfance sera dans la rue contre la grande braderie des modes d'accueil", scande "Pas de bébé à la consigne" dans son tract. Les professionnels exigent notamment : 

  • La revalorisation des salaires 
  • "L'augmentation immédiate des places en centres de formation pour les métiers de la petite enfance"
  • "Des conditions de travail dignes d'un accueil de qualité pour tous les bébés"
  • "Le retrait de la réforme des modes d'accueil"
  • "Le retrait de l'arrêté autorisant à travailler en crèche sans diplôme ni expérience"

Le collectif entend aussi réitérer les 20 propositions qu'il avait déjà adressé aux candidats lors des élections présidentielles, à savoir "une qualité d'accueil garantie par 1 professionnel.le pour 5 enfants et par au moins 50% de professionnel.les les plus qualifié.es en crèche", ou encore "une surface de 7m . 2 minimum par enfant en crèche, garantie sur tout le territoire". D'autres syndicats se sont aussi joint au mouvement dont la CGT, Solidaires, FSU Territoriale et la FNAS FO. 

À quoi doit-on s'attendre pour la journée de grève du 6 octobre ? 

Pour l'heure, il est encore difficile de prévoir les répercussions de cette mobilisation. En revanche, plusieurs évènements sont dores et déjà prévu. Dans la capitale, un cortège de manifestants partira à 10 heures pour se rendre vers le ministère des Solidarités. À Nice, la CGT union départementale des Alpes Maritimes annonce que les crèches de la ville seront en grève ce jeudi 6 octobre. Un point de rassemblement est organisé place Garibaldi, dès 9h30. Un autre rassemblement des professionnels de la petite enfance et des Atsem aura également lieu à Clermont-Ferrand, à partir de 10 heures devant la préfecture. Dans le Grand Est, à Metz, de nombreuses perturbations sont à prévoir ce jeudi. La plupart des cantines scolaires, dans 66 écoles, seront fermées. "Le périscolaire du matin sera aussi impacté", dans plus de dizaines d'établissement. De même, le soir, "l'aide aux devoirs ne sera pas assuré" à Metz, rapporte France Bleu Lorraine. Au Havre aussi, 11 crèches municipales sur 17 seront fermées, révèle le site Paris Normandie. 

Pour rappel, lors de la journée de grève générale et nationale du 29 septembre, la mobilisation a été particulièrement forte dans les écoles maternelles et au primaire. 

Est-ce qu'un service d'accueil est maintenu dans les écoles ?

En cas de grève au sein des établissements scolaire et des crèches, les parents d'élèves peuvent se demander légitimement si un service d'accueil est maintenu pour leurs enfants. Dans les écoles, la réponse est oui. Selon une loi adoptée en 2008, les établissements scolaires doivent assurer un service minimum d'accueil dans leurs locaux pour leurs élèves. "Un élève en école primaire (maternelle ou élémentaire) doit être accueilli pendant le temps de la classe, même si son maître ou sa maîtresse est absent. Ce service d'accueil est gratuit. Il est assuré différemment à l'école publique et à l'école privée sous contrat", indique le site du Service Public. Concernant, les crèches et l'accueil périscolaire, aucune disposition n'est donnée par le gouvernement. Les consignes connues font référence aux "enseignants de l'école". Les animateurs et les Atsem ne semblent donc pas être pris en compte. Il se peut aussi que des mails ou des messages soient envoyés aux parents pour les informer des réductions de service. Dans tous les cas, pour connaître précisément ce qui est mis en place, mieux vaut contactez votre mairie ou la direction de l'établissement de votre enfant

Les Atsem en grève à la rentrée

Pour rappel, seulement quelques jours après la rentrée des classes, les Atsem étaient déjà en grève, le lundi 5 septembre 2022, suite à l'appel lancé par les syndicats CGT, Force Ouvrière et Unsa. Ces agents, à majorité de femmes (99%), essentiels au bon fonctionnement dans les écoles maternelles, ont réclamé une revalorisation de leurs salaires et de leurs conditions de travail. Dans un communiqué publié sur Twitter, la CGT demandait d'importants changements pour la profession, à savoir :

  • une "augmentation immédiates (des) salaires de 183 euros nets mensuels"
  • une "baisse du temps de travail à 32 heures hebdomadaires"
  • "une Atsem par classe a minima sur tout le temps scolaire"
  • un "dégel et un rattrapage immédiat de la valeur du point d'indice d'au moins 10%"
  • la "reconnaissance de la pénibilité du métier" et des"missions éducatives"
  • des "remplacements immédiats en cas de sous-effectif".

En France, actuellement, on compte près de 50 000 Atsem. Leur rôle ? Accompagner les enfants de 3 à 6 ans au quotidien dans tout ce qu'ils font, que ce soit pour les emmener aux toilettes, les surveiller à la récréation et à la cantine... pour un salaire moyen de 1 300 à 1 800 euros net selon l'ancienneté, a rapporté France Info. Si leurs missions ont évolué ces dernières années, ce n'est malheureusement pas la cas de leur statut, ni de leur carrière professionnelle. "Très souvent, on voit des Atsem qui ont seules la charge d'une classe entière" composée de 25 enfants très jeunes, a indiqué Delphine Depay, dirigeante de la CGT Services publics à nos confrères. "Il y a de plus en plus d'Atsem qui veulent se reconvertir parce qu'elles saturent, elles sont crevées", a confié une autre agente. Des problématiques que l'on retrouve aussi dans le domaine de la petite enfance, frappé de plein fouet par une pénurie de professionnels diplômés. Les Atsem, comme d'autres professionnels du secteur, sont déterminés à faire changer les choses.