Des classes de niveau dans un collège sur deux

La mixité sociale et scolaire des collèges laisse à désirer. C’est en tout cas ce que fait apparaître une récente étude du Conseil national d'évaluation du système scolaire.

Des classes de niveau dans un collège sur deux
© Kzenon

Un état des lieux précis de la mixité scolaire et sociale dans les collèges et lycées français, vient d’être dressé par le conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco), une instance indépendante chargée d’évaluer les politiques éducatives. Lancée il y a plus d’un an, cette étude a été réalisée par deux chercheurs, Son Thierry Ly et Arnaud Riegert, rattachés à l’école d’économie de Paris. Ils se sont en fait intéressés à la catégorie socio-professionnelle (CSP) d’une génération d’élèves entrés en sixième et à leurs résultats au brevet quatre ans après.

Un élève aisé a deux fois plus de camarades de même milieu social. En théorie, si la mixité sociale était parfaite, il devrait y avoir 22 % d’élèves venant de familles aisées dans tout établissement scolaire. Mais en réalité, l'étude montre que les élèves dont les parents sont de CSP+ (profs, cadres, chefs d’entreprise…) comptent 34 % d’élèves aisés dans leur collège, tandis que "les élèves des CSP intermédiaires et défavorisées n’en comptent que 18 %". Les premiers ont ainsi dans leur établissement près de deux fois plus d’élèves d’origine aisée que d’élèves de classe moyenne ou populaire. 

Une ségrégation sociale plus importante dans les grandes villes. La ségrégation entre établissements est très variable d’un département à l’autre. Les collèges situés dans des zones rurales regroupent des enfants d’origines différentes car venant d’un large rayon. Cela favorise la mixité sociale. "Les départements ayant la plus forte ségrégation sociale sont essentiellement des départements urbains qui comportent des grandes villes." C’est la multiplication des collèges dans ces zones qui contribue à installer "une situation de concurrence qui fait émerger des collèges "souhaités" et des collèges "évités"".

Un collège sur deux a des classes de niveau. Pour ce qui est de la mixité à l’intérieur même des classes, les chercheurs se sont intéressés au niveau scolaire des élèves. Il apparaît alors qu’un collège sur deux a des classes de niveau c’est-à-dire des classes de "bons" et/ou de "mauvais" élèves. Les langues vivantes et le latin sont souvent considérés comme des moyens de ségrégation. Possible dans 40 % des collèges, l’apprentissage de deux langues vivantes est choisi par 15 % d’élèves en sixième tandis que le latin, disponible dans plus de 90 % d’établissements, est choisi par 20 % des élèves de cinquième. Alors que la réforme du collège, qui sera mise en place à la rentrée 2016, souhaite justement introduire une égalité des chances entre les "bons" et les "mauvais" élèves, et ainsi mettre fin à l'élitisme à la française, notamment en supprimant les classes bilangues et les classes de latin, les auteurs de cette étude affirment que ces dernières ne sont "qu’un facteur d’explication parmi d’autres de la ségrégation entre les classes".