Parents séparés : comment s'organiser à Noël avec les enfants ?

Organiser Noël lorsque l'on est parents séparés ou divorcés n'est pas toujours simple. Comment se partager la garde des enfants à Noël ? Quelle attitude adopter pour que ça se passe au mieux ? En cas de conflits, que faire ? Conseils d'un psy et d'une avocate spécialisée.

Parents séparés : comment s'organiser à Noël avec les enfants ?
© fizkes

Si la période des fêtes de fin d'année est pour certains facile à organiser, pour les familles dont les parents sont séparés ou divorcés c'est souvent encore bien plus compliqué, notamment à Noël. Le point, qui cause généralement le plus de tensions, est de savoir qui aura les enfants le 24 décembre au soir ou le 25 midi. Au milieu de tout ça, les enfants n'ont rien demandé, sont spectateurs et pâtissent de la situation. Alors comment gérer au mieux Noël lorsque l'on est un parent séparé ? À quoi faut-il faire attention ? Et en cas de désaccords, peut-on saisir la justice ? Réponses avec Maître Delagarde du cabinet JADDE Avocats et Vincent Joly, psychologue et psychothérapeute pour enfant et adolescent.

Comment partager les vacances de Noël ?

En général, lorsqu'il est question de la garde des enfants pendant les vacances de Noël, si les parents sont divorcés avec un jugement de divorce ou un acte d'avocats, ils doivent se référer au jugement ou à la convention de divorce (pour un divorce à l'amiable). Le problème, la plupart du temps, c'est que le jugement est mal rédigé ou imprécis au niveau des dates et du calendrier. "Habituellement ce que l'on prévoit c'est le même rythme que pour les autres vacances, c'est un partage par moitié pour les parents. La difficulté est de déterminer quel est ce point précis de moitié des vacances, avec tout l'enjeu comme pour cette année où la moitié c'est le 24 avec un parent et le 25 avec l'autre. On va avoir des parents qui en bonne intelligence vont réussir à s'organiser et d'autres non", nous explique Me Delagarde. Son conseil pour les parents : anticiper les choses trois semaines à un mois à l'avance. 

"Le premier point à déterminer est la bascule entre le 24 et le 25 décembre. Il vaut mieux céder un jour de vacances, quitte à le récupérer par la suite. Le deuxième point est de garder à l'esprit que des concessions sont utiles dans l'intérêt de l'enfant." 

Parents séparés et non divorcés, comment se partager les enfants à Noël ?

Si le divorce n'a pas encore été prononcé et que les parents sont séparés, il faut essayer la médiation en anticipant toujours un maximum et passer éventuellement par voie d'avocats. "En tant qu'avocats on va avoir cette casquette de médiateur. Peut-être qu'il y a un motif pour saisir en urgence un magistrat qui va indirectement statuer sur les vacances. Par exemple, si un des deux parents est dépressif et que l'intérêt de l'enfant se pose ça peut être un motif d'urgence. En cas de désaccords, il faut aussi savoir que tous les agissements des parents vont avoir des conséquences s'il y a saisine d'un juge. C'est dans leur intérêt de faire des conciliations, sinon de prendre l'appui d'avocats", détaille l'avocate. Une fois qu'un terrain d'entente est trouvé, les avocats peuvent l'acter de manière officielle, "soit par un échange de message ou par un accord qu'on formalise nous avocat". D'où l'importance d'anticiper ! À savoir que cet accord n'a pas la même force qu'un jugement, le parent peut très bien ne pas le respecter, mais cela peut le desservir auprès du juge. 

"S'il n'y a pas de jugement il faut garder à l'esprit que chacun des parents a les mêmes droits sur les enfants. Même si c'est horrible, c'est un peu la loi du plus fort."

En cas de séparation, quelle attitude adopter pour Noël ?

Lorsque des parents se séparent, ils s'inquiètent souvent pour les enfants or, dans la majorité des cas, ceux qui ont mal dans les séparations ce sont les parents, "ce qui est assez logique car ce sont eux qui divorcent et non les enfants", nous indique le psychologue Vincent Joly. Il est donc important de prendre en compte ce paramètre, et que les parents fassent aussi attention à eux-mêmes et ne se mettent pas la pression pendant la période des fêtes. L'attitude à adopter pour eux et pour les enfants c'est "d'avoir comme objectif que ce soit un premier Noël suffisamment bon. Le pédiatre et psychanalyste britannique Winnicott parlait de la mère suffisamment bonne, au sens de la mère juste assez bien. En reprenant cette idée, je pense que ça peut être bien de penser que Noël après une séparation ou un divorce va suffisamment bien se passer ou pas trop mal." L'idée n'est pas de se dire que ça va être un Noël comme avant, car ce n'est pas le cas. Il peut y avoir de la tristesse ou de la nostalgie, c'est légitime et il convient de l'accepter selon l'expert. Surtout pour les enfants, pour ne pas leur mentir et faire semblant que tout va bien. En général, ils arrivent facilement à décoder les signes et les émotions de leurs parents. "D'un point de vue psy c'est la question de la capacité négative, soit la capacité à supporter que les choses ne soient pas toujours très bien."

L'importance de parler aux enfants

Dans ce type de situation, avoir une discussion avec les enfants est nécessaire. Que ce soit pour les informer de l'organisation qui a été trouvée pour les fêtes de fin d'année, que pour leur parler de la situation familiale lorsque le parent se sent suffisamment au clair avec. "Quand on est complètement en rage contre l'ex-mari ou l'ex-femme c'est difficile d'avoir une discussion, mais quand on sent qu'on a un peu près digéré la situation c'est bénéfique d'en parler pour les parents mais aussi pour les enfants. Ça oblige les adultes notamment à mettre des mots simples sur ce qu'il se passe. Sachant qu'il peut être aussi intéressant que les enfants puissent en discuter avec d'autres membres de la famille, ou avec des gens qui se seraient eux aussi séparés", pour qu'ils aient une lecture de ce qui va se passer à Noël sans papa ou sans maman.

Cela peut aussi être bénéfique lorsque l'enfant vit mal cette période. "Il faut avant tout vraiment relativiser leur vécu. Pour la plupart des enfants aujourd'hui, le divorce des parents est quelque chose de normal. Aujourd'hui le taux d'enfants de parents divorcés est très important", en France environ 4 millions de mineurs ont des parents séparés d'après les chiffres de l'Insee publiés en mars 2021. 

"Ce que vivent les enfants le plus mal, souvent, c'est le conflit entre leurs parents, qui met du temps à se résoudre, en particulier quand les jugements de divorce mettent du temps à être prononcés"

Un parent peut-il partir à l'étranger avec ses enfants pour Noël ?

Qu'il y ait un jugement ou non, un parent a le droit sur son temps de garder de partir en vacances n'importe où avec ses enfants, y compris à l'étranger pour Noël. En revanche, "s'il y a un risque d'enlèvement, c'est-à-dire que le parent parte à l'étranger mais ruse pour s'installer définitivement avec les enfants. La solution est l'opposition de sortie de territoire valable 15 jours, renouvelable une fois, à demander en préfecture. L'autre parent devra prouver le risque d'enlèvement. Pour les vacances de Noël c'est approprié", soutient Maître Delagarde. Le parent qui fait cette démarche devra montrer des liens d'attache particuliers de son ex-compagnon ou compagne avec le pays en question, ou des messages inquiétants, menaçants même si ce sont des messages anciens. Autre solution : "demander l'interdiction de sortie de territoire devant un juge mais hors situation d'urgence."

Un parent peut-il garder les cadeaux qu'il a offerts à ses enfants ?

Juridiquement il a le droit ! Notamment si ce sont des cadeaux encombrants qui sont difficiles à transporter. Ils appartiennent ainsi au domicile du parent. "Mais si c'est un simple doudou on ne parle plus droit stricto sensu on parle de l'intérêt de l'enfant", déclare l'avocate. Dans tous les cas, il est difficile d'intenter une action en justice sur ce motif.

Si un parent ne paye pas la pension alimentaire mais offre des cadeaux à ses enfants, que faire ?

Si un parent ne paye pas sa pension alimentaire mais qu'il offre des présents à ses enfants pour Noël, l'autre parent peut faire un recours en justice. "La pension alimentaire quand elle est décidée c'est une somme qui doit être versée chaque mois, y compris les mois où l'autre parent n'a pas les enfants. La pension alimentaire est payable 12 mois sur 12. Elle n'est pas substituable par des cadeaux. S'il y a eu une décision de justice, le parent peut intenter un recours en justice classique pour non paiement de pension alimentaire", souligne Maître DelagardeAu pénal, ce sera un abandon de famille et au civil le parent aura la possibilité de saisir un huissier pour saisir la somme d'argent ou depuis peu de saisir la CAF (Caisse d'Allocations Familiales).

Merci à Me Delagarde, cabinet JADDE Avocats, et Vincent Joly, psychologue et psychothérapeute pour enfants et adolescents d'avoir répondu à nos questions.
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