Terreurs nocturnes de parents : causes, remèdes

Fréquentes chez l'enfant, les terreurs nocturnes sont beaucoup plus rares voire quasi inexistantes chez l'adulte. Pourtant, la parentalité peut engendrer d'autres troubles du sommeil. Comment y remédier et éviter la dépression post-partum ? Décryptage avec l'aide de Marine Manard, neuropsychologue clinicienne.

Terreurs nocturnes de parents : causes, remèdes
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Pourquoi la parentalité crée-t-elle aussi des terreurs nocturnes aux parents ?

Les terreurs nocturnes sont des parasomnies, c'est-à-dire des comportements anormaux qui surviennent pendant le sommeil. La personne se met à hurler, transpire et semble terrorisée. Ces manifestations touchent essentiellement l'enfant entre 2 et 6 ans et ne présentent aucun caractère de gravité. Elles disparaissent spontanément avec le temps. Si les terreurs nocturnes peuvent exister chez l'adulte, elles restent extrêmement rares et n'ont pas de corrélation avec la parentalité. " Ce terme est très vite utilisé à mauvais escient, même chez l'enfant. Or, il n'existe à ce jour aucune donnée dans la littérature scientifique traitant de terreurs nocturnes spécifiquement liées au fait de devenir parents ", nuance Marine Manard, neuropsychologue clinicienne et créatrice du magazine en ligne parentalité sans tabou. En réalité, l'adulte est plutôt sujet au somnambulisme et à la somniloquie (parler en dormant). Autrement dit, l'entrée en parentalité peut perturber le sommeil pour une multitude de raisons. Par exemple, de nombreuses jeunes mamans souffrent d'hypervigilance : elles surveillent leur bébé en permanence, ce qui perturbe leur sommeil. 

"Des cauchemars et des insomnies sont également susceptibles de survenir, en lien avec un état d'anxiété du parent à l'entrée dans la parentalité, comme quand on commence un nouveau travail ou que l'on traverse des périodes un peu stressantes de la vie."

Est-ce le signe d'une altération de la santé mentale du parent ?

Les parasomnies, quelles qu'elles soient, ne résultent pas d'un problème psychologique et ne nécessitent pas de consulter un médecin, sauf si cela altère le quotidien. " Elles ne constituent pas un signe d'altération de la santé mentale du parent, mais en présence d'autres signes comme des symptômes dépressifs ou anxieux, il est important de se montrer vigilant ", argue Marine Manard.

Pleurs fantômes de bébé : est-ce le signe d'une dépression post-partum ?

Le fait d'avoir l'impression d'entendre son bébé pleurer peut faire partie des symptômes de la dépression du post-partum mais il n'en est pas caractéristique. En revanche, une maman qui pleure beaucoup et qui a l'impression d'être une mauvaise mère alors qu'elle fait tout ce qu'elle peut pour son bébé souffre peut-être de dépression post-partum. " Ce sont plutôt des signes d'hypervigilance et d'attention accrue portés sur le bébé pour des raisons psychologiques et hormonales puisque les mères sont biologiquement programmées pour maintenir leur bébé en vie et par conséquent, s'assurer qu'il va bien même quand il dort ", détaille la spécialiste.

Comment retrouver la sérénité le jour et un sommeil apaisé la nuit ?

Pour retrouver la sérénité le jour, il est primordial de prendre en compte les besoins fondamentaux et les envies de chaque parent. Certains vont éprouver le besoin de reprendre le travail rapidement, de retrouver des moments à soi, tandis que d'autres sont toujours en période de fusion, de lune de miel avec leur bébé et ne vont pas apprécier qu'on les " force" à sortir. " L'important, c'est que chaque maman soit bien informée pour faire des choix éclairés et diminuer la pression sociale qui tourne autour de la parentalité ", explique notre interlocutrice. Quant à la question de savoir comment retrouver un sommeil apaisé, la neuropsychologue est formelle : l'enfant n'a pas une architecture du sommeil semblable à celle de l'adulte avant l'âge de 6 ans, les réveils nocturnes sont donc parfaitement normaux.

"La solution pour retrouver un sommeil réparateur réside donc dans l'acceptation et le lâcher prise."

Selon notre experte, l'une des clés pour mieux dormir pourrait être la mise en place d'un lit cododo car, contrairement à ce que l'on voudrait nous faire croire, l'endormissement autonome n'est pas naturel et l'enfant n'est pas programmé pour cela, il a besoin de proximité et de sécurité. On peut aussi dormir quand il dort la journée pour récupérer.  

Quelles autres formes d'aliénation peuvent causer la fatigue et les hormones ?

Si le terme d'aliénation semble inapproprié dans ce cas de figure, la fatigue et les hormones peuvent être à l'origine d'autres problématiques. Par exemple, elles peuvent être responsables de phobies d'impulsion qui correspondent à des pensées compulsives sur le fait que le bébé se blesse ou que l'on blesse le bébé. " 80 à 100% des parents ont ce genre de pensées au moins une fois. La phobie d'impulsion peut créer énormément d'anxiété puisque ce sont des images mentales que l'on a et que l'on ne contrôle pas. La dépression post-partum représente une grande cause de suicide chez les mères, bien qu'elle existe aussi chez les pères. Elle est liée aux hormones et au soutien familial ", précise Marine Manard. Enfin, l'arrêt de l'allaitement peut provoquer un "milk blues", un profond sentiment de mélancolie.

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