Néophobie alimentaire : comment réagir si mon enfant ne veut que des pâtes ?

Nombreux sont les enfants qui refusent de goûter de nouveaux aliments. Ce rejet de la nouveauté s'appelle la néophobie alimentaire. Comment la gérer et inciter les enfants à découvrir de nouveaux goûts ? Les conseils d'Alexia Challan Belval, psychologue clinicienne, et d'Aurélie Grimaud Daunizeau, psychomotricienne spécialisée dans l'enfance, auteures de l'ouvrage Au secours, mon enfant ne mange rien ! (Ed. Albin Michel)

Néophobie alimentaire : comment réagir si mon enfant ne veut que des pâtes ?
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Selon la Société Française de Pédiatrie, 77% des enfants rejettent de nouveaux aliments entre 2 et 10 ans. Cette peur de la nouveauté est donc normale mais doit faire l'objet d'une surveillance quand elle persiste ou prend de l'ampleur. 

On appelle néophobie alimentaire la période à laquelle les enfants commencent à refuser de manger les aliments qui lui paraissent étranger

Qu'est-ce que la néophobie alimentaire ?

"On appelle néophobie alimentaire la période à laquelle les enfants commencent à refuser de manger les aliments qui lui paraissent étranger. Elle arrive généralement autour de l'âge de 18 mois", explique  Alexia Challan Belval, psychologue et mère de 3 enfants et auteure avec Aurélie Grimaud Daunizeau de l'ouvrage Au secours, mon enfant ne mange rien ! (Ed. Albin Michel) "Elle atteint souvent son maximum entre l'âge de 2 et 3 ans et est normale dans le développement de l'enfant", ajoute Aurélie Grimaud Daunizeau, psychomotricienne et mère de 2 enfants dont un qu'il a fallu soutenir pour lui faire dépasser sa sélectivité alimentaire.

Quelles sont ses causes ?

"Une des raisons pour lesquelles l'enfant commence à refuser c'est qu'il commence à affirmer sa personnalité. C'est aussi la période du non et le début des comportements d'opposition.  Il prend conscience petit à petit qu'il a le pouvoir de faire changer le monde qui l'entoure. Il est très difficile de différencier une véritable appréhension de la nouveauté et un comportement d'opposition", explique Alexia Challan Belval

Comment lui donner envie de manger autre chose ?

"Il existe des tas d'astuces pour donner envie à l'enfant de découvrir de nouveaux aliments. Il est possible de cuisiner avec l'enfant, cela lui permet de sentir, de toucher et de voir l'aliment avant sa transformation. Il est possible aussi de lui proposer des tout petits morceaux pour commencer et d'augmenter progressivement la taille de l'aliment. Il est fortement conseillé aussi de se mettre à table avec l'enfant et de manger la même chose que lui afin que, par mimétisme, il ose faire de nouvelles expériences sensorielles", conseille Alexia Challan Belval.

A l'inverse, que faut-il éviter de faire ?

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Fatigués par leurs essais vains, certains parents finissent pas renoncer à dialoguer et obligent leur enfant à manger certains aliments. Mais ce n'est pas la bonne attitude même si elle peut se comprendre. "Il y a des pièges à éviter. Il faut éviter de forcer à manger, cela provoque en général un conflit qui est inconfortable pour tous, mais cela n'empêche pas de lui mettre dans son assiette. Le plus important c'est de ne pas proposer autre chose si l'enfant refuse et de ne pas compenser avec un gros dessert s'il a refusé son plat. Les enfants peuvent se coucher même si le dîner n'a pas été satisfaisant", explique Alexia Challan Belval.

"On pourrait dire, pour résumer, qu'il faut simplement encourager l'enfant, et le laisser assumer ses choix, sans s'énerver. En bref : suivre son chemin sans chantage ni pics affectifs (...) Il faut pour cela accepter qu'il faille parfois un temps pour l'enfant pour comprendre que dorénavant, les règles ont changé", souligne Aurélie Grimaud Daunizeau.

A quelles carences sont exposés les enfants qui ont une monoalimentation  ?

"Un enfant en bonne santé ne se laisse pas mourir de faim. Il finira par accepter de manger ce que vous lui proposez à condition que vous lui proposiez régulièrement des aliments variés pour ne pas réduire son panel alimentaire à quelques aliments. Il faut essayer plusieurs jours de suite et rester ferme. En général au bout de trois jours on voit des changements", remarque Alexia Challan Belval.

"On peut aussi se rappeler que l'on fait cet effort d'accompagner son enfant vers plus de variété pour justement lui offrir, à terme, une alimentation plus variée, donc plus équilibrée... et meilleure pour sa santé ! Dans tous les cas, un avis médical peut être pris par la famille qui n'arrive pas à se rassurer", conseille Aurélie Grimaud Daunizeau.

Quand et qui consulter si ça persiste ?

"Plus on consulte tôt, moins on risque de voir s'installer les difficultés.  En général les parents consultent quand les difficultés alimentaires de leur enfant vient envahir leur quotidien et avoir un impact social. Surtout il ne faut pas avoir honte. Beaucoup de parents vivent cela, alors il faut oser en parler", note Alexia Challan Belval. "Cela permet aussi de mettre un peu de distance dans une situation souvent très forte en émotions : il est alors plus facile de mettre en place des choses si c'est le professionnel qui porte une partie des choix pris à la maison. Cela permet de trouver un consensus dans un contexte familial où souvent, chacun a son avis", souligne Aurélie Grimaud Daunizeau.

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