Mon enfant ne mange rien à la cantine

Pourquoi mon enfant ne mange rien à la cantine ?

Pour le pédiatre Alexandre Gardea, également auteur de "L'enfant dans notre temps : Journal d'un pédiatre", la première question à poser est "qui dit qu'il ne mange rien ?". Est-ce l'enfant ou un tiers ? En effet, souligne-t-il, "même si rares sont les enfants à se régaler à la cantine, ils mangent le plus souvent quand même un minimum". Il s'agit donc de savoir s'il n'avale vraiment rien ou juste pas grand-chose. Pour le découvrir, on le questionne bien sûr, mais on peut aussi demander à la maîtresse. "Peut-être qu'il fait un peu le difficile parce que ce ne sont pas les mêmes repas qu'à la maison. Mais, s'il mange ne serait-ce que le pain, le fromage ou le dessert, ce n'est pas rien", estime Alexandre Gardea. Faire cette nuance permet de réaliser que notre enfant n'a pas le ventre complètement vide. D'ailleurs, "probablement que s'il mange peu, il compense le matin ou/et au goûter et le soir", suppose le pédiatre. La raison ? "Lors des moments où il est livré à lui-même, l'enfant n'a pas l'autonomie nécessaire, ni la maturité pour se dire que ce n'est pas terrible, mais qu'il faut quand même manger un peu". Enfin, peut-être que le fait qu'il mange peu à la cantine est tout simplement lié à son appétit. Dans ce cas, il mangera peu de manière générale. "Certains enfants ont peu d'appétit. Pour eux, manger n'est pas quelque chose d'agréable", note le Dr. Gardea. Dans ce cas, "souvent, il y a dans la famille un rapport à la nourriture qui n'est pas toujours serein. L'enfant a probablement entendu parler de régime, de poids, de trop manger", suppose-t-il. Mais si c'est lié à un appétit modéré, notamment le midi, ce devrait être le cas également week-end à la maison. "Il ne faut d'ailleurs pas qu'il y ait une trop grande rupture avec la nourriture de la semaine. On évite donc les dimanches midi pantagruéliques", rappelle le pédiatre.

Comment lui faire accepter la cantine ?

"Inutile de commencer à lui expliquer que c'est important de manger pour sa santé,  car les enfants qui mangent peu sont généralement peu sensibles à ce raisonnement", révèle le pédiatre. En revanche, on peut lui dire que de toute façon, il n'aura pas à l'école les plats qui lui sont servis à la maison. Mais, que cette nourriture est correcte et qu'il peut faire l'effort. On peut aussi lui demander ce qu'on pourrait faire pour que son moment de cantine soit plus agréable. On lui donne le micro pour l'inclure, qu'il donne son ressenti, et souvent la solution va venir de lui. Le Dr. Gardea précise également que "plus l'alimentation est diversifiée tôt, de manière paisible, et qu'on lui fait des propositions de repas agréables par la couleur ou la consistance, sans lui demander de manger tout ce qu'il y a dans son assiette, moins il y aura de problèmes plus tard". L'écueil selon le pédiatre ? Dramatiser, car ça risque d'encrer encore davantage le problème. "C'est d'ailleurs peut-être qu'une phase, ce ne sera sans doute pas le cas durant toute sa scolarité", rassure-t-il. Il viendra sûrement même un moment où il sera ravi de rejoindre ses copains à la cantine.  

Comment savoir si mon enfant mange bien à la cantine ?

S'il réclame un goûter et ne semble pas rassasié, voire réclame à nouveau, il est probable qu'il n'ait pas suffisamment mangé à la cantine. Lorsque cela se reproduit chaque jour de semaine, on peut supposer qu'il ne mange pas grand-chose le midi. Pour s'en assurer, on questionne la maîtresse ou la personne en charge de l'enfant durant le moment du repas. Mais en général, quand l'enfant mange peu, la maîtresse prend les devants en prévenant les parents. On n'hésite pas non plus à demander régulièrement à son enfant ce qu'il a mangé le midi, si c'était bon, etc. Et pour éviter qu'il ne nous réponde son fameux "je ne sais plus", on consulte le menu affiché dans l'école et on aiguille les questions en lui demandant s'il a mangé ses carottes râpées ou s'il a aimé le flan. 

Que faire si mon enfant ne mange pas ?

Si l'enfant ne mange pas à la cantine, le pédiatre suggère d'anticiper à la maison. Par exemple, s'il n'aime pas trop les haricots, on le rassure : il en aura très peu. Souvent, finalement l'enfant a l'air d'aimer ça et on lui en propose une autre petite quantité. "Avec cette stratégie, l'enfant a l'impression qu'il a le choix, que c'est lui qui décide de manger ou pas. Or, s'il en voit plein son assiette d'emblée, il va être découragé et ne pas vouloir manger". En outre, "le fait de lui servir une micro-quantité va lui donner l'illusion d'avoir mangé tout ce qu'on lui a proposé et lui remonter le moral", ajoute Alexandre Gardea. Dans la même lignée, s'il dit qu'il n'aime pas les yaourts, on l'emmène avec nous faire les courses pour qu'il choisisse le parfum qu'il préfère.

En parallèle, lorsque l'on constate qu'il compense trop au goûter, le pédiatre conseille de réduire sa collation pour lui induire une sensation de faim. "Un fruit suffit. Si on lui donne un goûter trop riche en sucre, il aura de quoi tenir jusqu'au lendemain". En revanche, on ne le rationne pas sur le petit-déjeuner. "Le petit déjeuner est un repas important, car il va lui servir à mettre en route tous les métabolismes et lui donner de l'énergie. Partir le ventre vide n'est jamais très bon. Mais s'il prend un très bon petit déjeuner, mais mange peu le midi ce n'est pas grave", estime-t-il. Enfin, on se fait communiquer les menus de la cantine pour rééquilibrer le soir. Ne pas redonner de la viande par exemple, s'il en a déjà mangé le midi.