Port du masque à l'accouchement : "il ne peut être obligatoire"

"Le port du masque chez la femme qui accouche est souhaitable en présence des soignants, mais il ne peut en aucun cas être rendu obligatoire" précise le gouvernement. Pour la Fondation des Femmes, cette déclaration n'est "pas suffisante pour inverser la tendance".

Port du masque à l'accouchement : "il ne peut être obligatoire"
© 123RF / ngamsitara

Masque souhaitable, mais pas obligatoire à l'accouchement

[Mise à jour du 10 novembre à 11h54]. Le 30 septembre dernier, le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) a publié un protocole de prise en charge en maternité en période de Covid. Mais face à l'inquiétude des mères contraintes d'accoucher masquées, le Gouvernement a également consulté l'avis du Haut Conseil de la Santé Publique, plus particulièrement sur la question du port du masque chez les femmes qui accouchent. "La réalisation d'une recherche du SARS-CoV-2 (RT-PCR si elle peut être obtenue rapidement ou test de dépistage rapide antigénique en cas d'urgence) peut faciliter la connaissance du statut infectieux de
la femme qui accouche et permettre d'adapter les mesures", précise le gouvernement dans un communiqué du 9 novembre. Par conséquent, Olivier Véran, Élisabeth Moreno et Adrien Taquet souhaitent rappeler, aux côtés du CNGOF et du HCSP, que le port du masque chez la femme qui accouche est souhaitable en présence des soignants, mais qu'il ne peut en aucun cas être rendu obligatoire. De quoi rassurer les futures mamans qui approchent de leur terme de grossesse !

La Fondation des Femmes saisit le Défenseur des droits

La Fondation des Femmes rappelle que de nombreuses maternités imposent toujours le port du masque et l'absence de l'accompagnant lors de l'accouchement. "Le communiqué gouvernemental ne fait que reprendre les recommandations du CNGOF et ne sera donc pas suffisant pour inverser la tendance", estime la Fondation. Emmanuelle Yvon, avocate à la Force Juridique de la Fondation des Femmes a saisi, le 29 octobre dernier, le Défenseur des Droits pour "Violation des droits fondamentaux des femmes enceintes et Atteinte à l'intérêt supérieur et aux droits de l'enfant". "Nous souhaitons qu'il soit bien clair pour toutes les femmes qui accouchent qu'il est de leur droit d'accoucher sans masque, en faisant rentrer officiellement l'accouchement dans les exceptions réglementaires au port du masque obligatoire. Nous exigeons parallèlement des autorités qu'elles équipent de manière adéquate le personnel médical en maternité et que les accompagnant.e.s soient partout autorisé.e.s", précise la Fondation dans un communiqué du 10 novembre.

Accoucher masquée : les mamans témoignent

Le masque était devenu obligatoire pour accoucher à la maternité ! Or, porter un masque rend (encore plus) difficile la poussée, et empêche les patientes de bien respirer. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses mamans se sont insurgées de devoir donner naissance à leur bébé en étant masquées, jugeant cette contrainte nuisible au bon déroulement de l'accouchement. Voire à leur santé tout court. Elles n'hésitent d'ailleurs pas associer le port du masque à une forme de violence obstétricale. Et pour cause, pour beaucoup, accoucher masquée a rendu la respiration très difficile pendant la poussée, occasionnant parfois même une violente envie de vomir. "Je me souviens avoir eu vraiment envie de vomir après chaque poussée, tellement j'avais du mal à respirer" témoigne l'une d'entre elle sur Twitter. D'autres, peinant à respirer correctement à cause de leur masque, ont dû être placées sous oxygène... mais toujours en gardant leur masque, pourtant responsable de leur difficulté respiratoire. Des témoignages comme celui-ci, le collectif "Stop aux violences obstétricales et gynécologiques" dit en avoir reçu plus de 1 000. Celui-ci a en effet lancé, le 8 septembre dernier, un appel à témoins sur le port du masque pendant l'accouchement associé au hashtag #StopAccouchementMasqué.

Accouchement et covid : les recommandations du CNGOF

Face à ces réactions de futures et jeunes mères indignées, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) avait publié de nouvelles recommandations le 30 septembre 2020 :

  • Le dépistage systématique de la Covid en salle de naissance n'est à ce jour pas recommandé mais à adapter en fonction des cas et de l'évolution locale de l'épidémie.
  • Le port du masque est recommandé en présence des soignants. Pendant les efforts expulsifs, le port du masque est souhaitable car il protège les soignants et la femme elle-même, mais il ne peut être imposé (ce que confirme à ce jour le gouvernement). Alors que faire si on refuse de le porter pour accoucher ? Dans ce cas, "on peut proposer le recours à une visière adaptée au visage de façon à faciliter les efforts et la communication avec l'équipe soignante. Si la patiente n'a ni masque ni visière, le masque porté par le personnel doit être un masque FFP2 de manière à apporter une protection maximale au personnel de santé ( avec des lunettes de protection)" précise le CNGOF.
  • Pendant l'accouchement, la présence du père est souhaitable au maximum, y compris pendant une éventuelle césarienne (sous couvert d'une charte des visiteurs, la recherche de symptômes compatibles avec un COVID, le respect des mesures barrières, et la limitation des déplacements).
  • En ce qui concerne les visites post natales, elles sont désormais autorisées, mais doivent être limitées pour restreindre le nombre de personnes dans l'hôpital et la maternité. Le co-parent ou un accompagnant peut ainsi rendre visite à la maman et au bébé, mais la visite des frères et sœurs n'est toujours pas recommandée. "Cela est à adapter à chaque maternité en fonction de sa situation (locaux, volume d'activité, nombre de personnels). Il faut encourager le retour à domicile rapide" recommande le CNGOF.

Dans quel cas doit-on porter un masque à l'accouchement ?

Sur le principe, il ne faut pas recommander le port du masque pour les patientes qui ne sont pas Covid positives ou qui ne présentent pas de symptômes évocateurs. En cas de test positif, en revanche, l'accouchement se fera masqué. Pour les professionnels, le masque chirurgical suffit à protéger à 85%, nous rappelle le Syndicat National de Gynécologues et Obstétriciens français (Syngof). Aussi, pour éviter le port du masque durant le travail, Bertrand de Rochambeau, Président du SYNGOF, propose quant à lui de tester systématiquement chaque femme et son accompagnant dans les jours qui précèdent l'accouchement en mettant en place des accès prioritaires aux laboratoires d'analyses médicales.