Petit-déjeuner gratuit à l'école : quand, comment, pour qui ?

Afin de limiter les inégalités scolaires et lutter contre la précarité, le gouvernement souhaite élargir le dispositif "petit-déjeuner gratuit à l'école", déjà initié il y a deux ans, notamment dans les lieux où la situation sociale est la plus dégradée et dans les zones rurales. Comment ça va se passer ? Qui va en bénéficier ?

Petit-déjeuner gratuit à l'école : quand, comment, pour qui ?
© 123RF / Olga Yastremska

Les bonnes habitudes alimentaires s'apprennent dès le plus jeune âge. Parmi elles, le petit-déjeuner, un repas indispensable qui apporte l'énergie dont le corps a besoin pour fonctionner tout au long de la journée. Dans un communiqué publié le 16 mars 2021, le ministère de l'Education nationale prône le déploiement du dispositif des petits-déjeuners à l'école. L'objectif ? Soutenir les familles fragiles, réduire les inégalités alimentaires et favoriser l'apprentissage d'un bon comportement alimentaire. "La distribution de petits déjeuners à l’école est une mesure emblématique de la politique sociale du Gouvernement. En déployant ce dispositif à plus large échelle, notre objectif est de lutter contre les inégalités alimentaires pour favoriser la concentration et l’apprentissage de tous les élèves", précise Nathalie Élimas, secrétaire d'Etat en charge de l’Éducation prioritaire. Comment ça va se passer ? Quelles classes vont pouvoir en bénéficier ? 

Petit-déjeuner à l'école : pourquoi ce dispositif ?

Comme l'indique le ministère, le petit-déjeuner représente 20 à 25% des apports énergétiques d'une journée. Or, de nombreuses études montrent que la prise du petit déjeuner est encore loin d'être systématique chez les enfants et les adolescents. "En moyenne à l'école, 3,4 élèves par classe, du CP au CM2, arrivent à l'école le ventre vide". En Rep et Rep+ (réseaux d'éducation prioritaire), 13 % des enfants scolarisés arrivent à l'école à jeun. Résultat : ils ne bénéficient pas de conditions adéquates aux apprentissages. L'accès de tous les élèves à un petit-déjeuner équilibré et de qualité serait donc un moyen de garantir l'égalité des chances entre les enfants quels que soient les revenus parentaux. Annoncé par le président de la République en septembre 2018 dans le cadre de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, le financement par l'État des petits déjeuners pour les écoles dans les territoires prioritaires a été lancé en mars 2019 pour permettre aux enfants de démarrer la journée le ventre plein pour pouvoir apprendre dans les meilleures conditions. Par ailleurs, la distribution de ces petits déjeuners est assortie d'un projet d'éducation à l'alimentation des élèves :

  • acquisition des notions de base de l'équilibre alimentaire,
  • éducation au plaisir gustatif
  • éducation au développement durable (lutte contre le gaspillage, utilisation de vaisselle compostable, tri des déchets, circuits courts). 

Quels objectifs ?

Débuté dans près de 400 écoles, le dispositif a été généralisé à la rentrée de septembre 2019 offrant ainsi des petits-déjeuners à 153 000 élèves durant l'année scolaire 2019/2020. Les distributions ont ensuite repris à la rentrée 2020 via des mesures sanitaires renforcées en raison de la crise sanitaire. Afin d'élargir son offre, depuis le 1er septembre 2020, l'aide de l'État a été revalorisée passant de 1 € à 1,3 € par petit déjeuner en métropole et 2 € en Outre-mer. Cette augmentation va permettre de mieux couvrir les frais des établissements et l'acquisition plus onéreuse en Outre-mer des produits nécessaires à la composition de petits déjeuners équilibrés. Néanmoins, l'objectif des 200 000 élèves n'a pas été atteint alors même que la crise sanitaire rend ce dispositif d'autant plus impératif en particulier pour les populations les plus vulnérables. "L'alimentation des élèves ne doit pas être une victime collatérale de la crise, car elle conditionne tant d'autres choses et d'abord l'attention et donc la réussite scolaire", rappelle ainsi dans son document le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse

A partir de quand ?

Prochaine étape pour le gouvernement ? Déployer le plus largement possible ces petits déjeuners dès le printemps 2021 et l'instaurer dans tous les établissements scolaires que les élus et les services académiques identifient comme prioritaires dès la rentrée prochaine. Pour y parvenir, l'enveloppe de 14 millions d'euros votée lors du projet de loi de finances pour 2021 pourrait être triplée afin d'accroître le nombre et la fréquence de ces petits déjeuners.

Classes concernées, organisation : comment ça va se passer ?

Dans les écoles les plus défavorisées, le gouvernement mise sur une distribution quotidienne des petits déjeuners pour garantir la prise régulière de ce premier repas de la journée. Cela concerne aussi bien les élèves de maternelle que de primaire. Ces repas matinaux pourront être délivrés dans le préau, la cour de récréation dans le respect des règles sanitaires. De même, les parents pourront, dans la mesure du possible, contribuer à la distribution de ces petits-déjeuners. Les municipalités auront également la possibilité de faire appel à des partenaires pour leur prêter main forte comme des associations d'étudiants, des épiceries sociales, etc. Enfin, des aides financières peuvent leur être proposées pour contribuer à l'achat de matériel comme, par exemple, des réfrigérateurs.