Tenues correctes au lycée : le sondage de l'IFOP fait polémique

Alors que la question des règlements vestimentaires au collège et au lycée continue de faire débat, un sondage IFOP réalisé pour la magazine Marianne a provoqué une nouvelle polémique.

Tenues correctes au lycée : le sondage de l'IFOP fait polémique
©  Milkos-123RF

Mise à jour du 1er octobre à 15h20]. C'est un sondage réalisé par L'IFOP pour le magazine Marianne auprès de 2000 Français qui a mis le feu aux poudres. Publié ce 24 septembre, il révèle que 55 % des Français souhaitent interdirent le crop top pour les jeunes lycéennes et 66 % le no bra (haut sans soutien-gorge qui révèle les tétons). Les résultats de ce sondage partagés sur Twitter et accompagnés de pictogrammes de poitrines plus ou moins dénudées ont choqué aussi bien les internautes que des responsables politiques ou des journalistes. Face à la polémique, l'IFOP s'est justifié en invoquant, dans un communiqué, un sondage "à la fois pertinent " et "conforme aux termes du débat public en cours". De son côté, le magazine Marianne dénonce par la voix de son journaliste Hadrien Mathoux, qui s'est exprimé dans une vidéo, des "attaques injustes" et un "procès en puritanisme".

Le débat autour des tenues des jeunes filles a commencé mi septembre quand le mouvement #lundi14septembre lancé sur les réseaux sociaux incitait les collégiennes et lycéennes à venir habillées de manière provocante pour dénoncer les règlements vestimentaires jugés sexistes. "Il est important d'arriver à l'école dans une tenue correcte", avait alors déclaré Jean-Michel Blanquer sur RTL. Le ministre de l’Éducation nationale estime que "l'école n'est pas un lieu comme les autres, ce n'est pas comme si vous allez à la plage ou en boîte de nuit [...] Chacun peut comprendre qu'on vient à l'école habillé d'une façon républicaine". Pour lui, cela signifie notamment ne pas porter de short : "On ne vient pas au collège en short sauf pour faire de l'éducation physique et sportive". Le ministre a tenu à préciser que ce n'était pas "un sujet spécifiquement pour les filles. [...] C'est protecteur. On doit faire attention à l'hypersexualisation qui est une pression sur nos enfants et adolescents". "Le vêtement ne doit pas être un facteur de discrimination, ni de stigmatisation", souligne-t-il. Le 15 septembre, Jean-Michel Blanquer s'était déjà exprimé à ce sujet sur BFMTV : "Il suffit de s'habiller normalement et tout ira bien", avait-il déclaré. Un "bon sens", qu'il estime retrouver dans le règlement intérieur de la plupart des établissements scolaires. Aussi, rappelle-t-il, les chefs d'établissements ne font que tenir leur rôle en faisant respecter des tenues qu'il qualifie de "tenues normales". Peut-être a-t-il oublié que, quand il faut chaud, un short est une "tenue normale"...

Emmanuel Macron prône lui aussi "le bon sens"

Interrogé à ce sujet vendredi 18 septembre par un jeune à Condom, dans le Gers, lors d'une visite organisée pour les Journées du Patrimoine, Emmanuel Macron a prôné "le bon sens" qui selon lui "vaut mieux qu'un long règlement en la matière""Je ne suis pas sûr que j'ai à me mêler de tout, mais je comprends le sentiment" créé par cette polémique des "tenues correctes". Le Président estime qu'il est important que les enseignants et les parents "expliquent les règles" quant aux tenues à porter à l'école. "On est tous passés par là et je n'ai pas le sentiment que cela nous ait enlevé quelque liberté". "Je trouve que, tous, on devrait garder un peu de bon sens et ne pas créer chaque semaine des polémiques" a-t-il ajouté.

"Chacun est libre de s'habiller comme il le veut"

Elisabeth Moreno, ministre déléguée à l'Égalité Femmes-Hommes, s'est à son tour exprimée sur cette polémique. Elle estime qu'en France, "chacun est libre de s'habiller comme il le veut" a-t-elle déclaré au journal Le Parisien. "Les femmes ont mis des siècles à pouvoir s'affranchir de codes vestimentaires. Cette liberté conquise de haute lutte n'a pas de prix (...). C'est aussi un enjeu d'éducation des jeunes garçons, du rapport qu'ils entretiennent aux jeunes filles et lié aux valeurs de respect" a-t-elle ajouté.

Marlène Schiappa, à la rescousse des étudiantes

De son côté, Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté et ancienne ministre de l'Égalité femmes-hommes, a tenu à apporter son soutien aux étudiantes dans un tweet : "Aujourd'hui #lundi14septembre, des jeunes filles ont décidé spontanément partout en France de porter jupes décolletées, crop top ou maquillage pour affirmer leur liberté face aux jugements et actes sexistes. En tant que mère, je les soutiens avec sororité et admiration."

#lundi14septembre, un mouvement anti-sexisme

Pour rappel, le hashtag #lundi14septembre lancé sur les réseaux sociaux ce week-end avait pour objectif d'inciter collégiennes et lycéennes de toute la France à se rendre à l'école, ce lundi, vêtues en jupes, crop-top et autres décolletés. L'idée : dénoncer le règlement intérieur de plusieurs établissements qui les juges provocantes, voire indécentes, ce qu'elles apparentent à du sexisme. Elles revendiquent de pouvoir s'habiller comme elles veulent sans risquer de remarques car, comme le soulève le collectif féministe NousToutes : "Nos tenues ne sont pas le problème. Le problème, c'est le harcèlement, les agressions et les viols" :

Le hashtag #lundi14septembre s'est rapidement retrouvé en tête des tendances France de Twitter. Notamment grâce aux nombreux témoignages de jeunes femmes expliquant s'être vues interdire de pénétrer dans leur école à cause de leur looks vestimentaires.