Crop-top, claquettes-chaussettes, des tenues à bannir de l'école ?
Mini-jupes, crop-top, décolletés et désormais le combo claquettes-chaussettes... Les établissements scolaires interdisent le port de certains vêtements à l'école pour les élèves. Un sujet qui fait débat.
[Mise à jour du 7 septembre à 16h24] Depuis quelques années, de nombreuses lycéennes et désormais des lycéens se mobilisent sur les réseaux sociaux et dans la vraie vie pour dénoncer les règles vestimentaires imposées par leurs établissements scolaires, qui les empêchent de porter jupes courtes, crop-tops, décolletés et plus récemment le duo claquettes-chaussettes. Car jugés "indécents" par l'Éducation Nationale, ou dangereux dans le cas des claquettes interdites à la rentrée 2022 dans un collège à Saint-Denis. "Il est important d'arriver à l'école dans une tenue correcte. (...) Chacun peut comprendre qu'on vient à l'école habillé d'une façon républicaine", avait réagi Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l'Education au micro de RTL en 2020, au lendemain du mouvement #lundi14septembre.
Mais finalement, qu'est-ce qu'une "tenue républicaine" ? Un sondage de l'Ifop pour Marianne, réalisée entre le 18 et le 21 septembre 2020 auprès d'un échantillon de 2 000 personnes, s'est penché sur la question pour connaître l'opinion des Français... qui semble plutôt conservatrice.
Décolletés, crop-tops, mini-shorts : mauvais élèves
En effet, si la pratique du "No Bra" s'est banalisée depuis le confinement, deux tiers des sondés (66%) sont pour l'interdiction du "haut sans soutien-gorge au travers duquel la pointe des tétons est visible" dans le cadre scolaire. Un avis qui fluctue selon les générations (79% des seniors, contre 41% des jeunes de moins de 25 ans) et la morale religieuse (73% des musulmans, 69% des catholiques pratiquants).
Même sort pour les décolletés plongeants, qui sont à bannir des lycées publics pour 62% des Français.
Quant au crop-top, haut moulant qui s'arrête au-dessus du nombril, véritable symbole du mouvement #14septembre, plus d'un Français sur deux (55%) serait pour son interdiction. Seul rescapé du rayon des "petits hauts" et maillots : le débardeur, qui ne pose pas problème pour 78 % des sondés. Mais quid des shorts et mini-jupes ? D'après les résultats de l'enquête, les vêtements dévoilant les jambes des filles semblent moins perçus comme problématiques.
Si les Français se positionnent majoritairement pour l'interdiction des shorts courts dans les écoles (56%), le match est serré dans le camp mini-jupe : 49% souhaitant l'interdire, contre 51% favorables à son autorisation.
Tenue correcte exigée : les lycéennes, victimes d'un sexisme latent ?
Des résultats qui en disent longs sur le regard posé sur le corps féminin. Pour François Kraus, directeur du pôle "Genre, sexualités et santé sexuelle" de l'Ifop, ce sondage "met en lumière le conflit de générations qui oppose les jeunes à leurs aînés sur ces questions à la liberté corporelle et vestimentaire", analysait-il à l'époque.
Selon lui : "La masse de la population considère encore que c'est aux filles de gérer le désir masculin en faisant preuve de 'bonne mesure' sur le plan vestimentaire, alors que ces jeunes filles appartiennent à une génération qui, dans le droit fil du 'body positive' et du mouvement #Metoo, montrent leurs corps et rejettent fermement le caractère sexiste de toutes règles vestimentaires".