Maltraitance et confinement : les signalements au 119 ont explosé

Les appels au 119 ont presque doublé entre le 13 et le 19 avril, passant de 7 674 appels à 14 531 signalements. Comment les signalements sont-ils pris en charge depuis le début du confinement ?

Maltraitance et confinement : les signalements au 119 ont explosé
© 123RF / Daniel J?dzura

[Mise à jour du 23 avril à 11h10]. Sur la semaine du 13 au 19 avril 2020, le nombre d'appels au 119, le Service National d'Accueil Téléphonique pour l'Enfance en Danger, a presque doublé, atteignant 14 531 signalements contre 7 674 sur la même période en avril 2019, précise le gouvernement dans un communiqué du 22 avril. Parmi ceux qui appellent le plus le 119 figurent les jeunes, eux-mêmes en danger (+80% sur les deux dernières semaines par rapport à 2019) ou leurs camarades qui connaissent leur situation et s'inquiètent pour eux (+58%) Le pourcentage d'appels de voisins a, lui aussi, augmenté de 80% ces dernières semaines et les appels urgents ont fait un bond de 60% depuis le confinement. Quant aux appels transmis par le 119 à la police et à la gendarmerie, ils sont également en forte augmentation sur les deux dernières semaines (+230%, de 8 à 27 appels). Cette hausse de signalements des cas de maltraitance est notamment liée aux campagnes de sensibilisation que le gouvernement a lancé depuis le début du confinement. Rappelons qu'un dispositif d'alerte a été mis en place avec les pharmaciens afin que les témoins ou les jeunes victimes puissent signaler les violences qu'ils subissent.

Appels au 119 : comment les signalements sont-ils pris en compte ?

Ces appels urgents sont communiqués en priorité aux Cellules de Recueil d'Informations Préoccupantes afin de permettre aux services sociaux d'intervenir le plus rapidement possible. Ils peuvent également être transmis aux services de police et de gendarmerie. "Une attention toute particulière est accordée aux situations sensibles, identifiées par la police et la gendarmerie, dans le cadre de procédures diligentées avant les mesures de confinement. Les forces
de l'ordre, lorsque c'est possible, contactent les victimes ou les témoins afin de déterminer le danger auquel les enfants peuvent être confrontés
", précise Adrien Taquet, en charge de la protection de l'enfance. En cas d'urgence, des interventions immédiates sont effectuées au domicile des familles.

Aussi, pour répondre aux mieux à ces appels, le 119 a augmenté de 26% ses capacités d'écoute grâce au recrutement d'écoutants, au renforcement du pré-accueil et à l'aide d'associations. Cette mobilisation des services du 119 donne des résultats tangibles : les interventions de police et de gendarmerie ont augmenté de 48% entre le 16 mars et le 12 avril 2020 et 92 enfants ont été placés en urgence depuis le début du confinement, grâce notamment à la campagne de prévention lancée fin mars 2020.

Des permanences dans les tribunaux pour enfants

Alors que les tribunaux sont fermés au public pour éviter la propagation du virus, Nicole Belloubet, ministre de la Justice, a décidé de maintenir des permanences dans chaque tribunal pour traiter les procédures d'urgence et prendre des mesures pour protéger les enfants exposés à une situation de danger. Des ordonnances de placement provisoire dans des services de la protection de l'enfance pourront ainsi être décidées. "Le traitement des signalements d'enfants en danger ou victimes de maltraitance est assurée par les parquets des mineurs et des juges des enfants, en lien avec les cellules de recueil d'information préoccupantes des départements et les services de police et de gendarmerie. Les réponses judiciaires apportées prennent en compte, en les articulant, le besoin de protection de l'enfant, et la nécessité, en cas d'actes de maltraitance, de diligenter une enquête pénale pour déterminer les responsabilités pénales", précise le gouvernement. 

Contacts des associations qui luttent contre la maltraitance infantile

Le 119 mais aussi les associations de protection de l'enfance restent plus que jamais à l'écoute :

  • La Voix De l'Enfant (01 56 96 03 00),
  • L'enfant Bleu -Enfants maltraités (01 56 56 62 62),
  • Colosse aux pieds d'argile (07 50 85 47 10)
  • Stop maltraitance / Enfance et Partage (0 800 05 1234)
  • En cas de danger immédiat, les témoins peuvent joindre Police secours au 17. 
  • En période de confinement, les victimes peuvent contacter la police par SMS au 114

Les campagnes de sensibilisation contre les violences faites aux enfants

Le 30 mars 2020, Adrien Taquet, ministre des Solidarités et de la Santé, a lancé une campagne de prévention contre les violences faites aux enfants. Dans une courte vidéo, le gouvernement rappelle que "chaque jour, des milliers d'enfants sont maltraités par leurs proches", que ce soit des violences physiques, psychologiques ou sexuelles. Le spot rappelle que les victimes et les personnes qui ont un doute, même faible, peuvent contacter le 119 pour obtenir de l'aide. Comme pour les violences conjugales, le confinement est, en effet, susceptible de multiplier les actes de maltraitance infantile. Et pour cause : les enfants sont nettement plus en danger que d'habitude, en restant constamment à la maison avec un parent violent. De plus, pour certains, l'école fait parfois office de "refuge". 

Des personnalités aux côtés de l'Association l'Enfant Bleu

L'animatrice Julie Andrieu et les comédiens Frédéric Bouraly, Valérie Karsenti et Alix Poisson, marraines et parrain de l'association L'Enfant Bleu, appellent à la vigilance collective et à agir par un signalement systématique. Les voisins, la famille, les amis de l'enfant victime de maltraitance sont encouragés à alerter pour le sauver, même en cas de simple doute. L'association L'Enfant Bleu lance également un fonds de soutien pour permettre de prendre en charge les enfants victimes de maltraitance durant le confinement, mais aussi pour préparer un accompagnement psychologique et juridique adapté après le cette période sensible.

Des personnalités se mobilisent contre les violences faites aux enfants © L'Enfant Bleu

Entendons leurs cris

Unicef France et le collectif #NousToutes lancent une campagne #Entendonsleurscris, à destination des enfants victimes ou des témoins de maltraitance infantile. L'objectif : les encourager à composer le numéro d'appel 199 si un adulte leur fait du mal, leur fait peur, les tape, les insulte ou les touche et que ces attitudes les mettent mal à l'aise ou en danger. "Si tu penses qu'on a fait du mal à un autre enfant", appelle le 119.

Confinement et parentalité 

Le collectif #NousToutes lance également une campagne intitulée"Confinement & Parentalité" en guise de prévention des "pétages de plombs" parentaux. Car, si le confinement est l'occasion pour les parents de passer (beaucoup) de temps avec leurs enfants, la patience de certains risque parfois d'être mise à rude épreuve. "Et parfois, nos mots ou nos gestes peuvent heurter, blesser. On peut avoir des comportements durs qu'on regrette juste après" souligne le collectif qui propose un système de soutien aux parents pour les aider à tenir le coup et à ne jamais être violents avec leurs enfants. Le principe : un groupe WhatsApp, déjà rejoint par plus de 4 000 parents, distillant quotidiennement une idée d'activité facile à faire à la maison (sans écrans), une idée de dessin animé, activité en ligne, ou un conseil pour décompresser.