Inégalités d'éducation : les élèves défavorisés toujours pénalisés
Dans son rapport 2019, l'Observatoire des inégalités pointe les difficultés majeures auxquelles sont encore confrontées les élèves de milieux défavorisés. Outre les notes plus faibles, ces inégalités se traduisent par des orientations différentes et un écart dans l'enseignement supérieur.
Depuis plus de 30 ans, les gouvernements successifs ont mis en place un certain nombre de mesures destinées à soutenir et accompagner les élèves en difficultés ou issus de milieux défavorisés. Selon l'Education nationale, cette politique d'éducation prioritaire a pour objectif de "corriger l'impact des inégalités sociales et économiques sur la réussite scolaire par un renforcement de l'action pédagogique et éducative dans les écoles qui rencontrent les plus grandes difficultés sociales". Réduction des effectifs, moyens supplémentaires, mise en place de pratiques pédagogiques innovantes pour répondre aux besoins spécifiques de ces élèves, dialogue avec les parents... L'école de la République s'engage au quotidien auprès de tous les enfants pour leur offrir les meilleures chances de réussite. Mais dans les faits, ce modèle semble confronté à des obstacles qui l'empêchent d'être pleinement efficace. Des difficultés dont se fait justement écho l'Observatoire des inégalités dans son dernier rapport publié le 4 juin 2019.
Les élèves défavorisés ne sont pas scolarisés dans les établissements adaptés
Le rapport pointe une première incohérence. 73% des élèves défavorisés étudient dans des établissements "classiques" et ne peuvent donc pas profiter des dispositifs spécifiques mis en place dans les écoles et collèges labellisés REP ou REP+. S'il est évidemment positif que ces enfants puissent être scolarisés dans des établissements plus favorisés, il n'empêche qu'ils sont pénalisés. Constat inverse, que l'on observe particulièrement à Paris. Des enfants issus de milieux très favorisés, mais vivant dans des quartiers populaires bénéficient en revanche des avantages de l'éducation prioritaire !
Les inégalités se répercutent sur les résultats scolaire et l'orientation
Le rapport observe également que l'origine sociale des enfants influence leurs résultats scolaires dès l'école primaire. Selon des chiffres publiés par l'Éducation nationale en 2017, les élèves de CE2 les moins favorisés obtiennent une note moyenne de 57 sur 100 en français et 58 en mathématiques, alors que le quart le plus favorisé atteint 87 et 85. Mais c'est à la fin du collège que l'écart se creuse davantage. Selon la catégorie sociale des parents, les élèves font des choix d'orientation différents. Le rapport cite ici des chiffres fournis par l'Education nationale en 2012 montrant que "le taux d'accès en seconde générale ou technologique est deux fois plus élevé pour les élèves d'origine favorisée (84,8 % contre 42,4 %) que pour les élèves d'origine sociale défavorisée". Et cela continue dans l'enseignement supérieur où les enfants de cadres sont 2,9 fois plus nombreux que les enfants d'ouvriers. Ces derniers ne représentant que 12% des étudiants, 7% des élèves de classe prépa et 4% des élèves d'écoles de commerce.
Les filles plus nombreuses, mais dans des filières moins rémunératrices
Concernant les inégalités liées au genre, le rapport est en demi-teinte. Si les filles dépassent les garçons (on compte 55% des étudiants), elles demeurent cantonnées aux filières qui conduisent aux emplois les moins rémunérés. Seuls 40,3 % des étudiants des filières scientifiques sont des femmes (ministère de l'Éducation nationale, 2015-2016) et leur part dans les écoles d'ingénieurs a cessé de progresser. Selon les chiffres de l'Éducation nationale, à ce rythme, il faudra 170 ans pour atteindre la parité !Les filles plus nombreuses, mais dans des filières moins rémunératrices
Enfin, la seule tendance en baisse est celle du décrochage scolaire. De 11,3% en 2007, la part d'élèves quittant le système scolaire avec un faible niveau d'éducation, est passée à 8,9% en 2017.