Éducation bienveillante : quelles sont les limites de l'éducation positive ?

Ces dernières années, l'éducation bienveillante, aussi appelée éducation positive, fait beaucoup parler d'elle, en bien ou en mal, auprès des parents ou des professionnels de l'enfance. Pour ou contre ces principes axés sur l'écoute des besoins de l'enfant ? Quelles sont les limites et les critiques soulevées ? On fait le point avec Stephan Valentin, docteur en psychologie et spécialiste de la petite enfance. 

Qu'est-ce que l'éducation bienveillante ?

L'éducation bienveillante est un mode d'éducation basé sur l'empathie et le respect de l'enfant, axée sur l'attitude du parent vis-à-vis de l'enfant. Cette manière d'éduquer s'oppose à toute forme de violence et s'appuie sur des principes simples tels que "préserver l'intégrité de l'enfant et le considérer comme un être humain à part entière, afin qu'il existe tel qu'il est, lui donner le droit de ressentir des émotions et de les exprimer comme bon lui semble", nous explique Stephan Valentin. Il ajoute que le parent doit "prendre en compte les besoins de l'enfant comme on prend en compte ceux de tous les membres de la famille".

Quels sont les grands principes de l'éducation bienveillante à la maison ?

Appliquer les principes de l'éducation bienveillante à la maison se fait en fixant des règles en présence de l'enfant ou avec son aide, pour instaurer une relation de confiance. Celui-ci se sentira ainsi impliqué dans la vie familiale ou lui demander s'il a lui-même des règles à proposer. "Par exemple, on peut organiser un conseil de famille durant lequel on expose les limites qui sont importantes pour une vie de famille harmonieuse", conseille le spécialiste.

Un autre grand principe de l'éducation bienveillante est de distinguer l'enfant de ses actes. Concrètement, ce n'est pas l'enfant qui est mauvais, mais ce qu'il a fait. Ainsi, l'enfant estime avoir mal agi et il essayera de se rattraper pour convenir aux attentes de ses parents. Le parent, quant à lui, incite son enfant à réfléchir sur son comportement.

Par ailleurs, l'éducation bienveillante n'évite pas les conflits entre parents et enfants. Cependant, au lieu de sanctionner immédiatement l'enfant sans lui expliquer pourquoi on le punit, l'éducation bienveillante encourage à chercher une solution qui satisfait l'enfant et le parent. "En tant que parent, on est à l'écoute de son enfant et on construit avec lui une relation de confiance pour l'aider à dépasser ses propres limites au lieu de lui en imposer de manière systématique", affirme Stephan Valentin.

"Le parent est à l'écoute de son enfant et il construit avec lui une relation de confiance pour l'aider à dépasser ses propres limites."

Comment punir son enfant s'il fait une bêtise ?

Dans ce mode d'éducation, on ne parle pas de récompenses ou de punitions. "Si l'enfant ne se comporte pas correctement, le parent lui explique pourquoi son attitude n'était pas bonne et ce que ce comportement engendre comme dérangement. Par la suite, l'enfant peut choisir d'arrêter son comportement ou alors, il cherche à trouver un compromis avec le parent.".

De la même manière, un comportement positif ne doit pas aboutir à une récompense. Le parent explique de façon naturelle en quoi il apprécie le comportement et ce qu'il ressent. Le parent peut remercier l'enfant pour son comportement et le plaisir sera partagé des deux côtés.

Quelles sont les limites de l'éducation bienveillante ?

Certains spécialistes de l'enfance pointent du doigt les limites à l'éducation bienveillante, dont les principes suscitent bien des débats. Du côté des parents, les avis sont aussi variés et différent d'une famille à l'autre. Certains parents la trouvent trop permissive, tandis que d'autres l'ont adoptée au quotidien.

L'avis du docteur Caroline Goldman sur l'éducation bienveillante

Dans son podcast "Critique de l'éducation positive", Caroline Goldman, docteur en psychologie de l'enfant, a établi 5 limites de l'éducation bienveillante (publiés aussi dans la revue Le Carnet Psy n°256) : 

• "Mélanger le besoin d'amour et le besoin de limites éducatives (c'est-à-dire d'apprentissage de la frustration)"
• "Le déni de l'agressivité. L'éducation positive considère que les limites s'intègreront toutes seules, à force d'amour."
• " La négation de la différence des générations. Pour Daniel Coum, chef de service, 'le fait de faire de l'enfant un partenaire de sa propre éducation' est une violence invisible causée par l'éducation positive."
• "Les limites de l'application concrète de cette idéologie. Elle condamne toute forme de répression parentale en énonçant tout ce qu'il ne faut pas faire."
• "L'éducation bienveillante est un marché basé sur l'instrumentalisation culpabilisante et grossière de données neuroscientifiques. La culpabilisation est le moteur de ce business."

Quels sont les livres sur l'éducation positive ?

De nombreux livres sur l'éducation positive se retrouvent aujourd'hui dans les rayons des libraires. Voici une sélection d'ouvrages écrits par des professionnels sur ce mode d'éducation.

• La discipline positive, de Jane Nelson et Béatrice Sabaté (éditions Marabout).
• Élever son enfant autrement, de Catherine Dumonteil-Kremer (La Plage Éditeur).
• Les 50 règles d'or de l'éducation positive, de Bénédicte Péribère et Solenne Roland-Riché (éditions Larousse).
• Parents épanouis, enfants épanouis : un guide pour une famille plus heureuse, par Adèle Faber et Elaine Mazlish (éditions J'ai Lu).
• J'ai tout essayé !, d'Isabelle Filliozat (éditions JC Lattès).
• Parents bienveillants, enfants éveillés : les 10 clés de l'éducation efficace, de Laurence Dudek (éditions First).
• L'éducation positive, d'Eve Aboucaya (éditions Marabout).