Comment dépister l'autisme chez l'enfant plus rapidement ?

Le diagnostic des enfants autistes se fait encore trop tard en France et les parents ignorent souvent vers qui se tourner, déplore la Haute Autorité de Santé. Afin de mieux diagnostiquer ce trouble et proposer une prise en charge plus adaptée, elle publie de nouvelles recommandations.

Comment dépister l'autisme chez l'enfant plus rapidement ?
© Sergey Novikov - 123RF

En 2018, un rapport de la Cour des comptes pointait du doigt une connaissance de l'autisme encore trop lacunaire, un diagnostic, ainsi qu'une offre de soins et d'accompagnement insuffisantes en France. Et en effet, à ce jour, les enfants souffrant d'autisme sont souvent évalués très tard, entre 3 et 5 ans en moyenne, alors que le diagnostic pourrait être posé dès l'âge de 18 mois. Pourtant, ce trouble neurodéveloppemental qui affecte le langage, la sociabilité, ou encore les développements moteur et sensoriel de l'enfant se doit d'être diagnostiqué le plus tôt possible pour pouvoir être correctement pris en charge. Alors, pour faire face à cette urgence, la Haute Autorité de Santé (HAS) reconsidère ses recommandations de 2005 et préconise de "mobiliser toutes les personnes en contact avec l'enfant pour mieux repérer les signaux d'alerte", mais également de "s'appuyer sur le médecin traitant de la famille pour proposer au plus vite des premières actions et d'initier un projet d'intervention personnalisé". L'objectif est notamment de mettre fin aux inégalités d'accès au diagnostic de l'autisme, et d'aider les familles, souvent démunies, à être mis en relation avec des professionnels qualifiés.

Repérer les premiers signaux d'alerte. L'autisme est un trouble complexe à diagnostiquer et peut-être souvent confondu avec d'autres troubles pouvant influer sur la communication, les interactions sociales, la vision, le langage ou le développement moteur. Parfois, il est assimilé à d'autres troubles neurodéveloppementaux comme les "troubles dys" ou à l'hyperactivité. De plus, si l'enfant présente des traits autistiques peu marqués, le diagnostic sera d'autant plus difficile à déterminer, voire pourra passer complètement inaperçu. C'est pourquoi la HAS recommande de ne pas "minimiser l'inquiétude des parents" lorsque certains signes intriguent la famille, les professionnels de la petite enfance et de l'enfance : absence de babillage, de pointage à distance avec le doigt, de "gestes sociaux" (l'enfant ne fait pas coucou, ne dit pas au revoir, ne réagit pas à son prénom, ne partage pas de sourire…) avant 12 mois, puis plus tard, absence de mots ou d'association de mots à 18 mois. Bien sûr, "aucun de ces signes pris de façon isolée n'a de valeur prédictive, mais l'association d'au moins deux signes nécessite un examen clinique approfondi du développement de l'enfant", informe la Haute Autorité qui se veut formelle : "l'autisme ne peut pas être diagnostiqué par un seul professionnel lors d'une consultation unique ou chez soi grâce à un questionnaire sur internet. Il requiert l'observation croisée de plusieurs professionnels spécialisés".

En parallèle, la HAS demande aux personnels des crèches et des écoles de davantage "porter une attention particulière et continue au développement de la communication sociale de chaque enfant" et ce, dès l'âge d'un an et demi, voire avant lorsque c'est possible. Enfin, le généraliste, le pédiatre ou le médecin de PMI doivent "systématiquement s'intéresser à la communication et à la motricité de l'enfant", lors de chaque rencontre avec lui, lors des visites médicales scolaires, à l'entrée en maternelle et avant le CP. Si plusieurs signes inquiétants sont constatés par l'entourage de l'enfant ou l'un des médecins, ce dernier doit organiser une consultation consacrée à la recherche de signes de l'autisme et s'appuyer sur différents questionnaires listés par la HAS dans ses recommandations. Si la suspicion d'autisme est confirmée, le médecin proposera, sans attendre, des examens ORL et ophtalmologique, des bilans orthophoniques et du développement moteur de l'enfant.

Mieux accompagner les familles. Une fois le diagnostic posé, les parents devront être précisément informés sur les potentielles difficultés de leur enfant dans les différents champs de son développement, et plus globalement sur les troubles de l'autisme. Ils devront également être accompagnés dans les démarches que nécessitent une prise en charge personnalisée, adaptée à leur enfant et co-élaborée avec la famille. "Il est également nécessaire d'être attentif aux besoins de la famille et de s'intéresser à son niveau de stress et de qualité de vie, afin de l'orienter vers des mesures d'aide et de soutien, adaptées à ses besoins et ses priorités", tient à préciser la HAS.