Parents-enfants : savoir se séparer Savoir se séparer en bons termes

michel fize
Michel Fize © Le Journal des Femmes

  La séparation, notamment d'avec ses enfants, est toujours une déchirure. Vos courriers en témoignent avec beaucoup de lucidité. C'est l'occasion de rappeler qu'éduquer un enfant c'est, étymologiquement (ex-ducare), le "mener hors" du nid (familial). Comme le rappelle Jocelyne, "on élève nos enfants pour eux et non pour nous. C'est normal qu'ils nous quittent un jour ". L'éducateur doit donc "s'effacer", le moment venu. C'est un "impératif catégorique", pour parler comme le philosophe Kant.

  L'enfant, à un certain moment de sa vie, qui varie selon les individus, mais que l'on peut situer généralement à partir de la majorité (parfois plus tard, à l'image de Tanguy), a besoin de voler de ses propres ailes : c'est un désir légitime. L'enfant part pour toutes sortes de raisons, qui lui sont quelquefois imposées, comme d'aller faire ses études dans une université lointaine. Il part encore pour vivre en couple ou, de plus en plus, pour tenter l'expérience de la colocation avec des amis.

  Pour les parents (mais, croyez-le, pour les enfants aussi), la séparation est une épreuve, qui bouleverse les habitudes, c'est-à-dire une certaine sécurité de vie. L'on ressent soudain un "manque", un "grand vide" (même si d'autres enfants demeurent sous le toit familial) et, plus encore, un sentiment d'inutilité (élever un enfant est une mission prenante et exaltante, valorisante aussi).

Le départ des enfants est inéluctable et nécessaire :


C'est l'une des conditions, pour eux, de devenir pleinement adulte. L'important est que la séparation se déroule du mieux possible, d'où, comme le dit Martine, la nécessité de s'y préparer à l'avance, longtemps à l'avance – j'oserai ajouter dès le début de l'éducation. Occasion pour moi de vous rappeler, selon l'enseignement de Rousseau, que nous ne sommes pas "propriétaires" de nos enfants : nous n'en sommes que les "délégataires" : l'acte d'éducation est un contrat à durée déterminée ! J'ajoute qu'il appartient aussi aux enfants de préparer leurs parents à l'échéance du départ, de ne pas partir brutalement de la maison ou, comme l'a fait la fille d'Annie, au moment d'une grande fête, comme celle de Noël en l'occurrence: ce n'est pas convenable de la part de cette jeune fille !

Mais, comme en toute chose il faut aussi savoir voir le "bon côté", disons que la séparation d'avec les enfants peut être l'occasion pour les parents de prendre "un nouveau départ" dans la vie (Annie a déménagé), de penser – enfin – à soi, de s'adonner à des activités que l'on avait toujours négligées, faute de temps. C'est d'ailleurs le meilleur conseil que je puisse vous adresser, chers parents : réaliser vos passions ; vous avez désormais le temps pour cela.

Une séparation n'est pas une disparition

 

Il est souhaitable qu'enfants et parents gardent le contact. Ils doivent s'entendre à ce sujet, organiser "l'après". Je dirai ici que je ne pense pas qu'il soit sage, comme l'a fait Corinne, d'imposer à sa fille de l'appeler tous les soirs : le cordon ombilical ne se coupe pas à moitié, mais totalement. Un appel une fois par semaine paraît suffisant

En conclusion

Il faut se dire que la séparation n'est pas une fin, mais un commencement ou un recommencement, que les relations entre enfants et parents s'établiront désormais sur des bases plus "adultes", que les relations seront plus "égalitaires".

          Bon courage à tous !

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