Restrictions puis 3e Confinement : ce à quoi nous sommes prêts

Malgré l'annonce d'un couvre-feu renforcé par Castex, difficile d'imaginer qu'il n'y aura pas de reconfinement en février. Cette perspective plombe le moral d'une grande partie des Français. Lassitude, colère, santé mentale... Certains envisagent déjà transgresser les nouveaux interdits... d'autres ont des pensées plus noires voire suicidaires...

Restrictions puis 3e Confinement : ce à quoi nous sommes prêts
© fizkes / 123RF

Couvre-feu à 20h puis à 18h, frontières et centre commerciaux fermés, télétravail privilégié, contrôles durcis... et troisième confinement, hybride, serré ou strict... ? Les Français sont à bout face à cette salve de mesures restrictives dont ils n'ont pas eu de répit depuis octobre. Et la sensation collective de naviguer à vue est d'autant plus anxiogène.
Alors qu'une grande partie des Français était plutôt favorable à un troisième confinement lors de l'annonce du couvre-feu à 18h, la lassitude se fait sentir et les citoyens sont de moins en moins enclins à accepter une autre assignation à domicile.
"Une courte majorité de Français est favorable à l'interdiction de se déplacer d'une région à l'autre (62 %), et au couvre-feu national à 18 heures (57 %). Les Français se montrent en revanche beaucoup plus partagés concernant un troisième confinement national", explique l'institut Elabe

Les Français, pour ou contre un nouveau confinement ? 

52 % de Français sont favorables à un confinement sur le modèle de celui de novembre, 51 % soutiennent l'idée d'un couvre-feu à 18 heures la semaine et un confinement le week-end.

Mais seulement 48 % sont favorables à un confinement strict comme celui du printemps. Malgré tout, s'il était mis en place, un tel confinement serait respecté par 93 % de la population, selon le sondage Elabe.

Quant aux autres, certains appellent à la désobéissance civile, notamment par le biais du hashtag #JeNeMeConfineraiPas, qui a rassemblé des dizaines de milliers de Tweets d'internautes en colère. 

Restrictions de déplacement, fermeture des commerces : ce que les Français acceptent (ou pas)

Selon un sondage Odoxa-Backbone, qui a analysé l'opinion des Français en fonction de leur tendance politique, 79% des sympathisants LREM, 78% des proches du PS et 67% de sympathisants Les Républicains sont favorables à un reconfinement.

Chez la France Insoumise, ils sont 61 % à soutenir une telle mesure, tandis que pour les sympathisants de Rassemblement National, ils sont 51 %. 

Mais dans le détail, la plupart des Français rejettent les mesures restrictives qui vont de pair avec le confinement. 

Seule l'interdiction de se déplacer entre les régions remporte le soutien de la majorité des Français, à 64%. Mais 57% des sondés ne sont pas favorables à l'interdiction de recevoir des amis chez soi et 64% sont contre la fermeture des commerces jugés non-essentiels.

En outre, 60% des Français ne souhaitent pas la fermeture des écoles et 54% s'opposent à la fermeture des bars, restaurants et lieux culturels.

L'indiscipline face au ras-le-bol

Alors que le confinement de printemps avait été relativement respecté, les Français pensent déjà à braver un éventuel troisième confinement. Toujours selon le sondage Odoxa-Blackbone, 58% des citoyens indiquent qu'ils le respecteront totalement, mais pas moins de 42% "pensent s'autoriser quelques écarts ou transgresser le confinement si ce dernier était annoncé". Un pourcentage non négligeable... qui traduit un ras-le-bol.

Pour Christian, cadre de 43 ans, la coupe est pleine. "Nous avons été irréprochables lors du premier confinement, (…) le temps passe, le fatalisme gagne, on fait tout bien, on porte nos masques tout le temps, on ne voyage plus, on évite les magasins et parcs bondés (…) Mais rien n'y fait, le virus gagne du terrain (…) J'en ai assez de devoir renier mes libertés individuelles – me déplacer, faire du sport, me cultiver, me divertir, prier", a-t-il expliqué au Monde.

Même cette directrice d'Ehpad, pourtant constamment en contact avec des personnes à risque, s'autorise quelques écarts : "En tant que professionnel de la santé, nous nous sentons coupables dès que nous ne respectons pas les règles (…) Cependant je ne les respecte plus à la lettre. Je vois des amis proches – en petit nombre – et ma famille".

La santé mentale, l'enjeu de 2021 ?

Selon un sondage Ipsos pour la Fondation FondaMental paru fin janvier, 40 % des 18-24 ans font état d'un trouble anxieux généralisé, et environ trois jeunes sur 10 ont déjà eu des pensées suicidaires ou ont pensé à se mutiler. Des chiffres affolants. 

Cette lassitude ambiante, le président de la République tenterait de la prendre en compte. "Emmanuel Macron est plus inquiet que jamais des impacts psychologiques d'un troisième confinement", a expliqué un proche du président de la République, selon BFM TV. Mais face à la pression des infectiologues et autres scientifiques qui réclament un reconfinement strict le plus tôt possible, l'équilibre ne sera pas facile à trouver.