Mila, ado menacée de mort : "J'ai voulu blasphémer"

Invitée à visage découvert sur le plateau de Quotidien, la jeune lycéenne iséroise Mila, menacée de mort après avoir critiqué l'islam dans une vidéo, assume la violence de ses propos... et l'ampleur de la polémique.

Mila, ado menacée de mort : "J'ai voulu blasphémer"
© Quotidien

De nombreuses personnalités politiques se sont cassées les dents sur l'affaire Mila. A l'origine de la polémique, une lycéenne de 16 ans qui décidé de donner son avis sur l'islam, dans une vidéo postée le 18 janvier sur les réseaux sociaux. Ses propos, considérés comme insultants envers la religion, ont provoqué de nombreuses réactions, dont des menaces de mort et des insultes.
Depuis, les internautes et les politiques se divisent sur l'affaire, certains défendant le droit au blasphème, d'autres lui reprochent une atteinte à la liberté de conscience (/de culte). Invitée de l'émission Quotidien le 3 février, Mila est apparue pour la première fois depuis sa mésaventure, et a tenu à s'expliquer sur sa démarche, sur le plateau de Yann Barthès.

Mila : sa première et unique interview à Quotidien

Pour sa première apparition publique, Mila a d'abord tenu à exprimer ses regrets sur la forme de son message qu'elle qualifie de "vulgaire", mais ne recule pas sur la teneur de ses propos : "Je ne regrette absolument pas mes propos, c'était vraiment ma pensée (...)Je m'excuse un petit peu pour les personnes que j'ai pu blesser, qui pratiquent leur religion en paix, et je n'ai jamais voulu viser des êtres humains, j'ai voulu blasphémer, j'ai voulu parler d'une religion, dire ce que j'en pensais", a-t-elle précisé devant le public de l'émission.

La vidéo de Mila à l'origine d'un déferlement de haine sur Internet et d'une dé-scolarisation

La jeune fille avait prononcé les mots "Je déteste la religion, le Coran, il n'y a que de la haine là-dedans !", face à sa caméra, alors qu'elle avait été traitée de "raciste" pour avoir repoussé les avances d'un internaute.
Les heures suivantes, des milliers de menaces de mort et de viol se sont déversées à son encontre. En plus du harcèlement sur les réseaux sociaux, le nom de son établissement et son adresse personnelle ont été dévoilés. 

Devant l'indignation d"une partie des élèves de son lycée, Mia avait renoncé à retourner en cours. Elle est encore déscolarisée, près de deux semaines après l'incident. L'adolescente et sa famille attendent une solution de la part du rectorat de l'académie de Grenoble, qui a précisé que "plusieurs options sont sur la table".

Une enquête menée par le parquet de Vienne pour "provocation à la haine à l'égard d'un groupe de personnes, en raison de leur appartenance à une race ou à une religion déterminée" a finalement été classée sans suite. Le procureur Jérôme Bourdier avait conclu que les propos de la jeune fille "quelle que soit leur tonalité outrageante", avaient pour "seul objet d'exprimer une opinion personnelle à l'égard d'une religion, sans volonté d'exhorter à la haine ou à la violence contre des individus", des propos recueillis par RTL. D'autres enquêtes sont encore en cours pour retrouver les auteurs des menaces de mort à l'encontre de Mila.

Mila ou le débat sur le blasphème relancé dans la sphère politique

La polémique n'a pas manqué de réveiller les houleux débats politico-religieux de France. Parmi les personnalités qui se sont exprimés sur l'affaire, la ministre de la Justice Nicole Belloubet, avait assimilé la critique des religions formulée par l'adolescente à "une atteinte à la liberté de conscience", avant de reprendre ses propos qu'elle a qualifiés de "maladroits".

Ségolène Royal a également provoqué la colère des téléspectateurs, notamment celle du chroniqueur Raphaël Enthoven, en déclarant sur France 3 que "cette adolescente qui manque de respect (...)  ne devait pas être érigée en parangon de la liberté d'expression".

D'autres se sont exprimés sur les menaces de mort à l'encontre de Mila. Le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer a condamné les "appels à la haine" et a rappelé que "quand une élève est menacée, notre travail est de la protéger".

Marlène Schiappa s'était également exprimée sur l'affaire quand le délégué général du Conseil français du culte musulman avait scandé à propos de la jeune lycéenne "qui sème le vent récolte la tempête". La secrétaire d'État à l’Égalité femmes-hommes avait répondu avec indignation à Abdallah Zekri : "Je trouve que ce sont des propos criminels, ce sont des propos coupables".

En dehors du champ politique, la jeune adolescente a trouvé un soutien en la personne de Zineb El Rhazoui. Sur le plateau de C à Vous, l'ancienne journaliste de Charlie Hebdo a déclaré : "Mila est un modèle pour la jeunesse française, c'est une fille qui a tout compris à ce qu'est l'esprit de l'universalisme, l'esprit des Lumières". La citation n'a cependant pas plu au trompettiste Ibrahim Maalouf, qui a dénoncé l'intervention de Zineb El Rhazoui sur Twitter : "Je suis scandalisé, C'est de l'incitation à la haine".

Le musicien ajoute également dans un autre tweet : "Encourager l'immoral au prétexte que c'est légal, c'est de la démagogie dangereuse. C'est ce qu'ont fait certains à l'époque de Matzneff ou ce que défendent les exilés fiscaux, pour prendre 2 exemples différents". Une comparaison entre la vidéo de l'adolescente et les agissements de l'écrivain Gabriel Matzneff, qui a semblé bien "hasardeuse" au journaliste du Figaro

Le 4 février, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a annoncé que Mila et sa famille feraient désormais "l'objet d'une vigilance particulière, pour les protéger, de la part de la police nationale", précise France Info.