Rencontre avec le top Cindy Bruna, modèle d'enthousiasme

C'est le top français qui fait les gros titres. En coulisses du défilé Calzedonia, nous n'avons pas résisté à la tentation de tenir la jambe à Cindy Bruna qui porte aussi bien les collants que les messages optimistes. Bienveillance entre mannequins, parole libérée et "bonnes vibes" garanties.

Rencontre avec le top Cindy Bruna, modèle d'enthousiasme
© Calzedonia

Dans les coulisses du show Calzedonia à Vérone, on la repère assez facilement. Parmi les divines jeunes femmes qui se préparent, c'est la seule entourée d'une nuée d'attachés de presse de toutes nationalités. Normal, Cindy Bruna et ses interminables jambes (au moins taille 3 sur le tableau, "sinon ce n'est pas assez long"), sont la tête d'affiche du défilé de collants de la marque italienne. La semaine passée, en marge de la fashion week de Paris, sa fête d'anniversaire a fait les gros titres. La soirée de ses 25 ans, un événement d'une rare envergure où figuraient Tina Kunakey, Gad Elmaleh, ou encore les footballeurs Neymard et Mbappé, l'a fait un peu plus connaître du grand public. Mais Cindy, la Française née à Saint-Raphaël, dont le métissage éblouissant, mi-italien mi-congolais, a séduit Esthée Lauder, Victoria's Secret ou encore Balmain, n'a pas eu besoin de cela pour être érigée au rang de top. 

Calzedonia, qui a fait le choix de la belle pour ses collants comme ses maillots, a visé juste pour son défilé placé sous le signe de la féminité joyeuse. Depuis 2013, la mode ne peut pas se passer de son allure altière, mais aussi, nous le découvrons pour notre plus grand bonheur, de sa bonne humeur irrésistible. Entrevue en backstage avec une jeune femme de son temps, moderne, engagée et fervente optimiste. 

Le Journal des Femmes : Quand vous avez débuté, personne ne parlait de diversité, aujourd'hui, ce mot est dans toutes les bouches. Qu'est-ce que ça vous inspire ? 

Cindy Bruna : La mode doit refléter le monde d'aujourd'hui. C'est dommage que ça ait pris tant de temps, mais oui, effectivement, que ce soit au niveau des formes, des couleurs de peau, des origines, elle doit "représenter". On perçoit de plus en plus une prise de conscience, et j'en suis très heureuse.

Les choses changent vraiment ?

Ça arrive. On en parle, déjà. Et on est fière d'en parler. Avant, on n'osait pas vraiment donner son point de vue. Grace aux réseaux sociaux, on peut beaucoup plus se lâcher et dire ce que l'on pense, parler avec une communauté, échanger avec des fans, des gens qui partagent notre point de vue, ou pas, d'ailleurs. Au moins, il y a de la communication. Même en tant que mannequin, je ressens ce changement. On n'est plus considérées comme une simple image, comme ça, une photo sur un magazine. On a une voix, on est des humains, des femmes, avant d'être des mannequins.

calzedonia-defile-backstage-cindy-bruna
© Calzedonia

Avant les réseaux sociaux, on n'entendait pas les mannequins.

C’est dommage, c'était un temps où elles ne pouvaient pas s'exprimer autant. Aujourd'hui, notre liberté est beaucoup plus acceptée. La parole se libère de plus en plus. Et pas que sur la diversité, mais aussi sur la cause des femmes, les agressions qu'elles peuvent subir, tout ce qu'on a pu entendre ces dernières années... Il y a une réelle solidarité qui se crée autour des femmes sur les réseaux.

C'est un phénomène que vous percevez dans votre métier ? 

Quand j'ai commencé, il y avait de la concurrence entre les mannequins. On entendait des remarques du style : "Cette fille te ressemble" , "Méfie-toi, vous visez les mêmes jobs". Aujourd'hui on se rend compte qu'on est pas là pour se descendre. On est choisie, ou pas, et ça, on ne peut rien y faire. En plus de ça, le rôle de chacune est aussi d'aider l'autre à se sentir bien. À mes débuts, certains mannequins, des top models, ont été hyper agréables et gentilles avec moi, et m'ont fait me sentir bien. C’est ce que j'essaye aujourd'hui de faire avec les autres. On est toutes là sur le show, on passe un bon moment, on a toutes été prises, pourquoi se sentir inférieure aux autres ?

Qui vous a tendu la main ?

Par exemple, Adriana Lima a été adorable. Dans les backstages, elle a toujours été une maman. De part sa façon d'être, elle faisait en sorte d'inclure tout le monde dans le groupe, que chacune ait un sentiment d'appartenance.

On a plus peur, quand on est mannequin, de donner son opinion aujourd'hui ?

Non, du tout. Tout le monde le fait, c'est d'ailleurs même une tendance. Après, il y a des limites à donner son opinion. On ne peut pas dire tout et n'importe quoi, même si en fait, finalement, on pourrait. Mais quand on dit quelque chose de censé, qui se base sur une réalité, oui, on peut le dire.

"Les mannequins ne sont plus considérés comme une simple image, une photo sur un magazine." 

Vous avez près d'un million de followers sur Instagram. Quel est votre rapport à ce réseau social ?

Il y a des mauvais points dans Instagram, c'est sur. Les "likes", par exemple, c’est tout ce que je déteste sur les réseaux. Mais il y a un côté génial : pouvoir interagir avec ses fans, ses followers. Il y a des  gens derrière ces écrans, en fait ! On se rend compte déjà qu'ils sont adorables, ils nous envoient des bonnes vibes. Ça peut changer une journée de recevoir un beau message, pour nous comme pour quelqu'un d'autre ! Le contact est presque plus direct que si on se rencontrait dans la rue. Et puis, franchement, parfois on se sent moins seule.
On partage, des opinions, il y a un vrai échange. Même dans les stories, on poste de plus en plus de choses qu'on aime, des blagues, des trucs politiques... Ça devient un peu plus intéressant que de voir des filles en bikini sur une plage, comme moi je peux poster parfois. On peut pas toujours êtres intéressante ! (rires) Mais j'aime qu'on y trouve d'autres choses.

Y avez-vous fait des découvertes ?

A l'époque je n'étais pas très sensible à l'utilisation abusive du plastique. À force de voir des posts, de voir passer des sujets sur les réseaux, j'ai ouvert les yeux. Ce que je vois m'inspire, j'essaye d'inspirer d'autres personnes, qui, a leur tour, en inspirerons d'autres et c'est ce cercle vertueux qui me plait.

Comment aimeriez-vous voir la mode changer dans les années à venir ? 

Je voudrai que la mode représente le monde, mais que les gens se prennent moins au sérieux aussi. Dans la mode, il y a un truc qui fait qu'on ne peut pas rigoler. Et c’est chiant. On veut pouvoir rigoler de tout. La fille qui s'infiltre dans les shows (Marie S'infiltre a perturbé les défilés Etam et Chanel printemps-été 2020, ndlr), elle m'a fait rire ! Je sais que c’est un sujet sensible et que ça n'a pas fait rire Gigi Hadid (qui l'a escortée vers la sortie, ndlr), mais moi, ça m'a fait marrer.