Mort d'Azzedine Alaïa : hommage au plus petit des grands couturiers

Couturier magistral et personnalité adorée, Azzedine Alaïa s'est éteint samedi 18 novembre. Retour sur le parcours de ce génie discret auquel les personnalités de la mode ont rendu un hommage ému.

Le couturier Azzedina Alaïa est décédé, a annoncé un communiqué de presse de la maison Alaïa le 18 novembre. Sculpteur du corps féminin, on lui doit le body, l'usage des fermetures à zips et les robes ajourées audacieuses. Couturier acharné mais humble et discret, sa personnalité douce lui a valut de nombreuses amitiés. La disparition de ce petit grand homme de la mode à l'âge de 77 ans émeut muses, comparses et autres personnalités.

De Tunis à Paris

Né à Tunis, Azzedine Alaïa entre à l'académie des Beaux-Arts à l'insu de son père dans les années 1950. Il y étudie la sculpture et, parallèlement, travaille chez une couturière Française qui réplique des modèles de haute couture pour une clientèle bourgeoise. Repéré et apprécié, son chemin se poursuit naturellement à Paris ou il travaille quelques semaines chez Christian Dior puis quelques saisons chez Guy Laroche. Fort de ses amitiés avec des figures de l'époque comme l'artiste des vitrines Hermès Leïla Mechari ou Louise de Vilmorin, il développe son réseaux et collabore avec de nombreuses marques et personnalités. Arletty, Greta Garbot ou la maison Thierry Mugler sollicitent ses talents des années 1960 à 1970. En 1981 il présente enfin sa première collection dans son atelier rue de Bellechasse. Zips dans le dos, pièces moulantes, cuir travaillé : son style sexy et sculptural s'impose déjà. 

Ses créations marquantes

Plus que n'importe couturier, Azzedine Alaïa avait le pouvoir de rendre les femmes sexy. "Je préfère que les gens remarquent la femme plutôt que mes vêtements" rapportait le musée Galliera lors de la rétrospective qu'il avait accordé à son œuvre en 2013. Pour se faire, il choisit ses matières méticuleusement : le cuir qu'il honore, les crêpes pour leur transparence et la maille stretch dont il façonne l’élasticité sont récurent dans son travail. Fort de ses études de sculpteur et de son travail de couturier sur-mesure, il imagine systématiquement ses robes au travers du prisme du corps. En témoignent ses créations marquantes : des tailleurs moulants et structurés, les fameuses robes en jersey strech à découpes, des justaucorps, des fourreux à bandelettes inspirés de l'Egypte, la veste guêpière... Couturier intimiste, il n'en est pas moins curieux et multiplie les collaborations événement : avec le Crazy Horse en 1979, Les 3 Suisses en 1982, Jean-Paul Goude pour le bicentenaire de la révolution en 1989, Tati en 1991. Son parcours sera de nombreuses fois primé. Après une vingtaine d'années de défilés, Azzedine Alaïa impose dans les années 90 son propre calendrier pour rester au plus près des besoins de ses clientes. Actif jusqu'à sa mort, il ne cessera jamais de dessiner chacun de ses modèles avec le soucis absolu de sublimer la femme.

Des amitiés célèbres

L'entourage d'Azzedina Alaïa est à l'image de son travail. Obsédée par le corps des femmes, celles-ci seront nombreuses dans son cercle amical. D'abord les fidèles Leïla Mechari et l'actrice Arletty indissociables de son parcours. Mais aussi de nombreux mannequins. Parmi eux, les tops Naomi Campbell, Linda Evangelista, Farida Khelfa ont acquis le statut de muse comme de fidèle amie. Il entretient également d'étroites relations avec les critiques et les rédacteurs qui ont toujours unanimement salué son travail. Suzy Menkes, Tim Blanks, Sophie Fontanel, Grace Coddington pleurent aujourd’hui la perte d'un "Magicien". Ami pour certains, inspiration pour d'autres, Azzedine Alaïa est honoré par toute la sphère mode.