J'ai testé les jeans sur-mesure de Levi's et je ne pourrai plus jamais revenir en arrière

Nichée au premier étage de la boutique Levi's des Champs-Elysées se cache l'expérience denim la plus exclusive de Paris. Un atelier à l'abri des regards, une cabine privative et une équipe aux petits soins, bienvenue chez Lot 1, où le jean est une science haute couture.

J'ai testé les jeans sur-mesure de Levi's et je ne pourrai plus jamais revenir en arrière
© Levi's

San Francisco, Londres, Tokyo et Paris. Seules quatre villes dans le monde proposent l'expérience Lot 1 montée de toutes pièces par Levi's. Dans la capitale française, elle se vit dans la boutique des Champs-Élysées où est caché un atelier intimiste dirigé par Virginie, "master taylor" des lieux. Elle y reçoit sur rendez-vous une clientèle désireuse d'exclusivité. L'idée : leur confectionner le jean parfait. Un pantalon sur-mesure créé selon les envies de celleux qui la consultent. La première étape ? Un tête-à-tête avec Virginie. "Selon l'interlocuteur-rice, cet entretien peut durer entre 40 minutes et 2 heures. J'ai soit affaire à des personnes très décidées, soit à des personnes qui ignorent totalement ce qu'elles veulent", explique cette costumière de formation. Je me situe exactement entre les deux : je sais que je rêve d'un jean taille haute, intemporel et facile à porter. Surtout, j'ai hâte de posséder un pantalon qui a été façonné en fonction de mon corps et ne nécessite pas de passage à la retouche. Alors, mettons-nous au boulot.

Choisir, c'est renoncer

D'abord, sélectionner un tissu parmi les 12 proposés par Levi's. Une déclinaison de bleus, du blanc, du noir, du gris, du beige, du sable… Pour Lot 1, la marque a uniquement retenu des toiles non traitées. Disons plutôt vivantes, qui se patineront avec le temps, selon les usages et la morphologie de leurs propriétaires. Et pour éviter toute mauvaise surprise, dans le classeur en cuir qui referme les matières, chacune est présentée à l'état brut, puis après 5 et enfin 15 lavages. J'opte pour un coton indigo organique, qui prendra des nuances brunes au fil des ans. Et je le sens venir, le denim droit cropped ultra classique qui fera dire à Freddy, le jeune homme qui partage ma vie : "Tu as l'occasion de pouvoir concevoir le modèle de tes rêves et tu reviens à la maison avec un pantalon que tu aurais pu trouver dans n'importe quel magasin ?". Ce n'est pas tout à fait ça, Freddy. Virginie confirme : "Les toiles dont nous disposons pour Lot 1 ne sont pas celles que nous utilisons dans les collections classiques de Levi's. Elles sont exclusivement fabriquées au Japon et ne contiennent pas une once de stretch". D'ailleurs, la création de mon jean est loin d'être terminée. Il faut maintenant tout personnaliser. Et c'est parti. Fonds de poches, tab (la petite étiquette signature de Levi's), design et couleurs des coutures, boutons, patch au niveau de la ceinture, je peux faire tout ce que je veux. De la toile de Jouy par ici, du bleu marine sur la boutonnière, des broderies par là…  "J'essaye d'aiguiller au mieux ma clientèle dans ses choix", précise Virginie. "Je reçois 80 % d'hommes, qui ont l'habitude du sur-mesure et qui cherchent des jeans aussi bien coupés que leurs costumes. Généralement, les demandes que l'on me fait sont assez classiques, même si l'on m'a déjà commandé un jean cousu à l'envers", poursuit la master taylor. Mais avant que j'aie le temps de pouvoir élaborer le moindre projet extravagant, Virginie me fait essayer un pantalon taille haute dans une toile du même grammage que celle pour laquelle j'ai opté. Une fois ce modèle standard enfilé, elle travaille la taille, puis la longueur et enfin le tombé, qu'elle ajuste à l'aide d'épingles à nourrice. Dans mon cas, mes hanches arrondies créent un pli au milieu des cuisses, que Virginie corrige immédiatement. Dans la foulée, elle me dispense quelques ultimes recommandations sur la coupe du denim, la dimension de la patte de boutonnage et le placement des poches arrière. Dernière précision : "Un jean, ça ne se lave pas beaucoup. Idéalement, deux ou trois fois par an". Oupsie, chez moi, c'est plutôt deux ou trois fois par mois, mais je n'en moufte pas mot et je donne mon numéro de portable à Virginie afin qu'elle me rappelle pour l'essayage final.

Quatre semaines et un jean

Un petit mois plus tard, je suis de retour sur les Champs-Élysées. En 30 jours, l'atelier parisien de Lot 1, que Virginie a contribué à lancer en 2017, a eu le temps de produire une petite vingtaine de jeans. Ils se vendent tous à un prix unique : 595 euros. Alors oui, c'est une petite somme. Mais les modèles nécessitent en moyenne 8 heures de travail artisanal chacun. Surtout, ils sont garantis à vie. Réparation, ajustements, Levi's se charge de tout : "Si un- client-e revient au bout de 3 ans et qu'iel a pris ou perdu du poids, on réajuste son pantalon sans surcoût". En attendant, le mien, de pantalon, est quasi parfait, à l'exception d'un petit bec qui pointe à la naissance des fesses. Enfin, petit à mes yeux, parce qu'en réalité, pour le corriger, Virginie est obligée de reprendre toute la construction de la pièce. Dès le lendemain, néanmoins, je reçois mon jean dans une pochette indigo doublée de toile de Jouy. Je me glisse dedans, file voir Freddy, le critique de mode le plus sévère que je connaisse, et le verdict tombe : "C'est fou, on dirait qu'il a été dessiné pour toi". Eh oui, c'est exactement ça.