Pourquoi Comptoir des Cotonniers et Princesse tam.tam pourraient fermer plus d'un tiers de leurs boutiques ?

Le groupe japonais Fast Retailing envisage de fermer 40 % des boutiques Comptoir des Cotonniers et Princesse tam.tam, deux marques françaises très populaires qu'il possède depuis 2005.

Pourquoi Comptoir des Cotonniers et Princesse tam.tam pourraient fermer plus d'un tiers de leurs boutiques ?
© Comptoir des Cotonniers pourrait fermer 28 de ses magasins par Blondet Eliot/ABACA

2023, année noire pour la mode en France. Après les liquidations judiciaires de Cop.Copine et San Marina, puis les mises en redressement judiciaire de Go Sport, Kookaï et Kaporal, c'est au tour de Comptoir des Cotonniers et Princesse tam.tam de faire face à des difficultés. Les deux marques, rachetées en 2005 par le groupe japonais Fast Retailing (Uniqlo, J Brand, Theory, Helmut Lang...) ont pour projet de fermer une partie de leurs boutiques d'ici au mois d'août 2024. En tout, ce seraient 28 magasins Comptoir des Cotonniers sur les 67 disséminés dans toute la France et 27 des 69 boutiques Princesse tam.tam concernés par cette mesure. Les adresses qui ne sont pas affectées par ce plan sont celles situées dans des villes moyennes ou grandes, "disposant d'une forte dynamique commerciale et capables de générer un bon trafic", a indiqué au Journal des Femmes l'agence en charge des relations presse de l'entreprise.

En parallèle, des corners Comptoir des Cotonniers et Princesse tam.tam seront ouverts dans les 25 boutiques Uniqlo françaises, comme c'est déjà le cas dans le vaisseau amiral parisien de la rue de Rivoli depuis 2021. Des magasins rassemblant l'univers des deux marques françaises devraient également être testés à l'avenir, à l'image de celui inauguré au Forum des Halles en avril 2023.

Autre mauvaise nouvelle annoncée par Fast Retailing, qui s'est entretenu avec les instances représentatives du personnel le 23 mai 2023 : les fermetures s'accompagneraient de la suppression de 101 postes sur 272 CDI au sein de Comptoir des Cotonniers et de 84 sur 235 chez Princesse tam.tam, tandis que 119 emplois au siège de Fast Retailing France disparaitraient. Le groupe tient néanmoins à préciser que "le plan concerne à ce jour des postes et non des personnes" et affirme son souhait d'"accompagner les salariés dont le départ ne pourrait être évité" via des congés de reclassement, des formations, des aides à la création d'entreprises, etc.

Pourquoi ces fermetures ?

Comme de nombreuses marques du secteur de l'habillement, Comptoir des Cotonniers et Princesse tam.tam ont souffert de l'après Covid. La raison ? En plus des maux qui faisaient déjà souffrir l'industrie de l'habillement, la digitalisation croissante de la consommation et l'augmentation des coûts de production mettent en péril le modèle économique de ces griffes bien installées. S'ajoute à cela, depuis le début de la guerre en Ukraine en mars 2022, une inflation conséquente (+ 5,1 % sur un an, selon les chiffres de l'Insee de mai 2023), qui fait réviser aux Français-e-s leurs priorités d'achats. C'est dans ce contexte que Fast Retailing a décidé de modifier sa stratégie de distribution et de réorganiser son réseau de points de vente pour "adapter [le groupe] aux évolutions du marché de l'habillement et endiguer les graves difficultés rencontrées par la société et ses filiales afin d'assurer leur pérennité". Pour Comptoir des Cotonniers et Princesse tam.tam, qui avaient déjà connu un premier plan social en 2021 entraînant la suppression de 217 postes et la fermeture de 74 points de vente, le prochain défi sera d'accroître leur présence sur le canal digital. L'objectif : optimiser les e-shops des deux marques pour rendre l'expérience client-e unique. Espérons pour ces griffes, auxquelles les Françaises sont très attachées (qui n'a pas eu un bandeau coloré Princesse tam.tam ou un élégant trench Comptoir des Cotonniers ?), qu'elles y parviennent rapidement !