Ce qu'il faut retenir du docu "Où finissent nos vêtements"

Dimanche 19 décembre était diffusé sur France 5 le nouveau documentaire d'Hugo Clément, " Sur le front : où finissent nos vêtements ". Un sujet choc sur la seconde main et le recyclage du prêt-à-porter.

Ce qu'il faut retenir du docu "Où finissent nos vêtements"
© France 5

C'était le documentaire à ne pas rater le dimanche 19 décembre. Sur France 5, le journaliste Hugo Clément consacrait 52 minutes à un sujet particulièrement sensible : l'impact de la mode sur l'environnement, et plus particulièrement les conséquences du recyclage du prêt-à-porter. Le nom de cette enquête choc qui mène le journaliste en Belgique, au Ghana et au Bangladesh ? Sur le front : Où finissent nos vêtements ?.

Où finissent nos vieux vêtements ?

La première question que se pose Hugo Clément dans son nouveau documentaire, c'est de savoir où sont envoyés les vêtements que les enseignes de fast fashion se proposent de recycler en échange d'un bon de réduction dans leurs magasins. Le journaliste décide de placer une balise GPS dans une veste qu'il dépose dans une boutique où personne n'est en mesure de le renseigner sur son devenir. Dès le lendemain, celle-ci démarre un périple en France qui se termine quelques jours plus tard dans un entrepôt en Allemagne. Le journaliste n'en saura pas davantage.

Il choisit alors de s'interroger sur le trajet des vêtements donnés par les particuliers dans les bornes de collecte installées un peu partout en France. C'est l'itinéraire d'une borne de la Croix Rouge qu'il suit à la trace à travers le monde. Première étape pour les vêtements récupérés par l'association ? Certainement pas la penderie de familles en difficultés. L'ONG revend les ballots d'habits à la tonne et utilise l'argent récupéré pour ses différentes actions caritatives. Les dons, eux, prennent la direction de la Belgique où ils sont triés en fonction de leur état avant d'être envoyés dans différents pays d'Afrique dont le Ghana. Dans le pays qui borde le Golfe de Guinée, ils sont revendus à des commerçants 100 euros le ballot. Ces derniers se séparent ensuite à la pièce des vêtements sur les marchés du pays. Le problème, c'est que lorsqu'ils achètent les ballots de d'habits, les commerçants n'ont pas le droit de regarder ce qu'il y a dedans. Or au fil des ans, à cause de la fast fashion et de la logique de surproduction à bas prix, la qualité et l'état des pièces se dégradent, donc celles-ci se vendent moins bien. Et les nombreux invendus finissent sur le sol du marché à la fin de la journée, ce qui oblige le Ghana à gérer les déchets vestimentaires de nombreux pays européens. En plus de décharges engorgées d'habits bourrés de polyester (donc de micro particules de plastique), les plages du pays sont également jonchées de vêtements. "Nous savons tous que la mode est une industrie extrêmement polluante; elle rejette deux fois plus de CO2 que tout le transport mondial aérien. Mais j'étais loin de me douter que même dans leur deuxième vie, nos habits continuent d'endommager les écosystèmes en polluant les cours d'eau et les plages africaines", constate ainsi Hugo Clément.

Une mode plus responsable, c'est possible ?

Pour enrichir ses propos et illustrer les chiffres qu'il avance, le journaliste est parti aux quatre coins du monde. En Belgique, d'abord, où sont réceptionnés nos vieux vêtements avant d'être exportés. Au Bangladesh ensuite, avec Julia Faure, fondatrice d'En mode climat (un collectif d'acteurs du monde de la mode qui milite pour plus de régulation dans l'industrie textile) et de la griffe Loom, où les cours d'eau sont plus que jamais pollués par les teintures utilisées pour la fabrication des vêtements ensuite portés par les fashionistas des pays du Nord.

Hugo Clément est également allé à la rencontre de celles et ceux qui tentent de faire bouger les lignes, à leur niveau. Dans le Tarn, il a croisé la route d'un Français qui a mis au point une machine permettant de récupérer les fibres de n'importe quel vêtement pour en faire du fil. En Normandie, il a interrogé Pierre Schmitt, un entrepreneur qui tente de relocaliser l'industrie du tissage de lin — cette matière est souvent produite en France, puis envoyée en Asie pour être tissée, avant de revenir dans l'Hexagone, une aberration écologique. "Le textile a été le moteur de la révolution industrielle. Les nouveaux matériaux naturels seront le moteur de la transition écologique. La grande révolution c'est de créer une industrie textile qui n'est plus dépendante du coton, c'est-à-dire de l'étranger, et d'utiliser de nouvelles fibres locales et écologiques", explique-t-il.

Comment réduire son impact ?

La conclusion du documentaire : moins on achète, mieux c'est. Qu'il s'agisse de vêtements neufs, ou de vêtements d'occasion. Comme le relève très bien Liz Ricketts, une militante écologiste de 34 ans interrogée par Hugo Clément : "La seconde main sert d'excuse aux habitants des pays riches pour consommer toujours plus, sans se poser de questions sur les conséquences de leurs achats". C'est donc le moment où jamais de repenser sa consommation de manière plus consciente.