Ces peluches valent parfois plus de 1000 euros : faut-il investir comme les cartes Pokémon ?

Les peluches Labubu, petites créatures vaguement monstrueuses devenues accessoires mode, s'arrachent parfois à plus de 1000 euros. Faut‑il les considérer comme un investissement comparable aux cartes Pokémon ? L'avis de notre expert.

Ces peluches valent parfois plus de 1000 euros : faut-il investir comme les cartes Pokémon ?
© Lars Penning/DPA/SIPA

Labubu est un jouet de collection emblématique en 2025, distribué en boîte aveugle par Pop Mart. Ces peluches se vendent officiellement entre 17 et 28 euros, mais sur le marché secondaire, les prix flambent. Plusieurs modèles rares ont dépassé les 100 000 euros aux enchères. Rihanna, Dua Lipa ou David Beckham ont d'ailleurs contribué à leur visibilité, les transformant en objets de conso pop. Les chiffres parlent d'eux‑mêmes. Une figurine géante de 131 cm a été vendue à Pékin pour 132 000 euros, selon Le Figaro. Un modèle de 4 ft mint‑green a, quant à lui, atteint 170 000 euros lors d'une vente à Hong Kong. Sans oublier que sur StockX, des peluches standard se négocient en moyenne entre 108 et 310 euros. Bref, le contraste est net : pour un achat d'environ 20 euros, vous pouvez parfois espérer une revente 5 à 5000 fois plus chère pour les éditions géantes ou ultra‑rares.

Le parallèle avec les cartes Pokémon est alors frappant : rareté artificielle, revente spéculative, emballement viral. Les deux univers fonctionnent sur une logique similaire. Un booster Pokémon coûte environ 6 euros et certains tombent sur des cartes ultra‑rares comme le Dracaufeu 1ʳᵉ édition PSA 10, vendues jusqu'à 400 000 euros aux enchères. Sauf que Pokémon bénéficie de 25 ans d'historique, de tournois officiels et d'une communauté pérenne. Labubu repose surtout sur TikTok, Instagram, les achats compulsifs et des stars passagères. Si Dua Lipa arrête d'en accrocher un à son sac, la demande peut retomber comme un soufflé. 

C'est justement ce qui interpelle Romain, connu sous le pseudo Arkeo Toys sur les réseaux sociaux : " Labubu s'inscrit dans une tendance forte qui dure depuis une vingtaine d'années : celle des "designer toys", où le jouet n'est plus seulement un objet destiné aux enfants, mais devient une pièce de collection pour jeunes adultes, artistes ou influenceurs." Il poursuit : "des phénomènes semblables ont déjà eu lieu par le passé, comme les Beanie Babies dans les années 90, les Mighty Beanz ou les Funko Pop. Tous ont connu un pic de popularité boosté par un sentiment de rareté, avant de voir leur valeur s'effondrer. " Labubu reproduit ce schéma. Et comme il le résume : " contrairement à des licences comme Pokémon ou LEGO, qui reposent sur des univers narratifs solides et transgénérationnels, Labubu reste avant tout une réussite esthétique et marketing – ce qui le rend plus vulnérable à l'essoufflement. " 

Alors, faut-il investir ? Sa réponse est mesurée : " Si c'est un coup de cœur personnel, pourquoi pas. Mais je serais prudent si l'objectif est purement spéculatif. Aujourd'hui, Labubu est au sommet de sa hype, mais l'histoire du jouet nous a souvent montré que ce type de phénomène peut redescendre aussi vite qu'il est monté. " Le modèle Pop Mart, en revanche, semble plus solide. Comme le souligne Romain, " à l'image de ce qu'ont fait Sanrio avec Hello Kitty ou Medicom avec les Bearbricks, Pop Mart construit un véritable empire du design. Labubu disparaîtra peut-être, mais le fabricant continuera probablement à évoluer. "

À noter que reconnaître une édition rare demande une certaine attention. Les éditions limitées ou couleurs spéciales, comme la série "charcoal onesie" ou "dents arc‑en‑ciel", sont très recherchées. Néanmoins, vous n'aurez qu'une chance sur 144 de tomber sur l'une de ces séries "secret". Par ailleurs, vérifier l'authenticité du produit est essentiel : des contrefaçons appelées " Lafufus " circulent, et seules les peluches avec tag blanc et code unique sont fiables. Il s'agit d'une étiquette papier blanche attachée à la peluche sur laquelle figure un petit QR code, redirigeant directement vers le site d'authentification officiel de Pop Mart.