Face à la crise, le salon de l'Agriculture aura-t-il lieu cette année ?

Le salon de l'Agriculture doit se tenir du 24 février au 3 mars pour sa 60ème édition. Ce rendez-vous annuel est un événement attendu par de nombreux Français. Comment va-t-il se passer cette année dans un contexte de crise où les agriculteurs font entendre leur colère auprès du gouvernement ?

Face à la crise, le salon de l'Agriculture aura-t-il lieu cette année ?
© Alain ROBERT/SIPA

Le Salon International de l'Agriculture revient du 24 février au 3 mars 2024. Un rendez-vous très attendu par les Français, petits et grands, qui viennent à la rencontre des agriculteurs et des animaux. Ce salon d'envergure, qui déplace la campagne à la capitale depuis de nombreuses décennies et accueille près de 600.000 visiteurs chaque année, permet de mettre en valeur la richesse des produits du terroir, des régions et du savoir-faire français. Et chaque année, les hommes politiques s'y rendent pour soutenir les professionnels du secteur. Mais dans un contexte de crise, où les agriculteurs, les paysans, les cultivateurs, les viticulteurs, les maraîchers, les arboriculteurs, les éleveurs, les céréaliers (et bien d'autres) tentent de faire entendre leurs voix auprès du gouvernement, cette 60e édition devrait avoir une tout autre résonance qu'un simple anniversaire. 

Les professionnels du secteur dénoncent en effet leurs conditions de vie et de travail, les difficultés financières, la hausse des tarifs de l'énergie et les taxes sur le gasoil, les normes environnementales trop strictes en France par rapport aux autres pays qui importent leurs produits en leur faisant concurrence... La colère ne cesse de gronder auprès des agriculteurs qui multiplient les actions à Paris ces derniers jours, notamment avec le blocage de l'autoroute A64.

Après 10 jours de protestation, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé, ce 1er février lors d'une conférence de presse à Matignon, des mesures pour répondre à la crise du secteur agricole. Une enveloppe de 150 millions d'euros sera ainsi consacrée "en soutien fiscal et social" pour les éleveurs, "dès cette année et de façon pérenne". Le gouvernement promet également le renforcement de la loi Egalim pour protéger les revenus des agriculteurs (avec davantage de contrôles) et l'inscription dans la loi du principe de souveraineté alimentaire. En outre, le plan Ecophyto, visant à réduire l'usage des pesticides est "mis en pause" et les fruits et légumes qui en contiennent ne pourront plus être importés en France. 

Alors que les agriculteurs envisageaient de poursuivre leur mobilisation en bloquant la capitale, y compris lors du salon de l'Agriculture s'ils n'obtenaient pas gain de cause, ces derniers ont finalement mis fin aux blocages, à la demande des présidents de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs. Mais ces derniers attendent du gouvernement qu'il tienne ses promesses. En cas de besoin, "on remettra le couvert", a déclaré ce 2 février à BFMTV Arnaud Rousseau, qui souhaite voir d'ici juin  "des choses sur les installations, sur la compétitivité, (...) sur la souveraineté alimentaire".

S'ils n'ont pas encore l'esprit tourné vers le Salon de l'agriculture, celui-ci aura bien lieu comme prévu à la Porte de Versailles de Paris, du 24 février au 3 mars. L'occasion pour eux de se faire entendre une fois de plus, en restant solidaires les uns des autres. "Entre espoirs et problèmes, projets et impasses, ras-le-bol et réconfort, le salon oscille chaque année dans un équilibre de toujours. Cette année prouvera cet équilibre avec un devoir de pédagogie renforcé. Il y a bien nécessité plus que jamais de construire des ponts plutôt que des murs" a déclaré Jean-Luc Poulain, Président du Ceneca et Président, du Salon International de l'Agriculture.