L'Éducation nationale a gaspillé 400 millions d'euros pour un projet qui n'a jamais vu le jour

L'émission Zone Interdite diffuse ce 12 novembre sur M6, une enquête inédite au cœur de l'Éducation nationale. Parmi les nombreux dysfonctionnements dénoncés, un projet en particulier aurait coûté près d'un demi-milliard d'euros aux contribuables.

L'Éducation nationale a gaspillé 400 millions d'euros pour un projet qui n'a jamais vu le jour
© halfpoint-123RF

Le projet a démarré en 2007, mobilisé des centaines d'informaticiens et coûté 400 millions d'euros aux frais du contribuable pour finalement ne jamais aboutir. Il s'agit là d'un cas de gaspillage d'argent public opéré par le ministère de l'Éducation nationale, selon la nouvelle enquête de Zone Interdite, Professeurs malmenés, chaos administratif : l'Éducation nationale au bord du naufrage, diffusé ce dimanche 12 novembre à 21h10 sur M6. Au fil de leurs investigations, au sein de plusieurs établissements scolaires et d'un rectorat académique, les journalistes ont ainsi mis le doigt sur un projet particulièrement onéreux et méconnu du grand public : le logiciel SIRHEN.

C'est quoi le projet SIRHEN de l'Éducation nationale ?

Dans l'enquête de Zone Interdite, on apprend que derrière cette dénomination, qui peut s'apparenter à un nom de code pour certains, le ministère de l'Éducation nationale a, à l'époque, voulu créer un super programme informatique qui regrouperait tous les outils de paie, de gestion et de ressources humaines liés aux personnels de l'Éducation. Lorsque l'idée émerge, nous sommes en 2007 et le logiciel utilisé dans les rectorats, pour trouver des enseignants disponibles selon leur discipline, est obsolète depuis plusieurs années déjà. Certains fonctionnaires le comparent même au "minitel". L'ancien ministre de l'Éducation, Xavier Darcos, et son équipe lancent donc ce grand projet, financé par l'argent du contribuable et qui mobilise à lui seul 400 informaticiens à temps plein.

Un projet voué à ne jamais voir le jour

Mais rapidement, l'ambitieux programme vire à l'échec. Une des cheffes du projet informatique, qui apparaît dans le reportage, dénonce une organisation "made in Éducation nationale". Sous-entendu, il n'y a eu aucune coordination et surtout, les personnes appelées sur le projet n'étaient pas suffisamment formées. Un autre témoin, qui a travaillé pour l'un des prestataires chargé de développer le logiciel, avoue également dans l'enquête que ce projet n'aurait jamais pu voir le jour, car "il n'y a pas eu d'étude de faite" pour savoir si le plan initial était ou non réalisable. Mais en dépit des défaillances constatées, le ministère va persévérer dans cette voix. Le programme SIRHEN va ainsi continuer à être développé pendant onze ans jusqu'en 2018. Cette année-là, Jean-Michel Banquer, alors ministre de l'Éducation, va définitivement arrêter le projet. Le bilan est amer : 400 millions d'euros d'argent public gaspillés pour qu'au final, les fonctionnaires se servent toujours du même logiciel dépassé.

Un cas qui est malheureusement loin d'être le seul. Il y a quelques mois, un rapport de 204 pages sur le métier d'enseignant, commandé par le ministère de l'Éducation et réalisé par le cabinet de conseil McKinsey, a fait l'objet d'une commission d'enquête au Sénat, car ce dernier aurait été facturé 500 000 euros, soit 2 400 euros la page, souligne l'enquête de Zone Interdite... Toujours aux frais des Français. 

Zone Interdite, Professeurs malmenés, chaos administratif : l'Éducation nationale au bord du naufrage. Dimanche 12 novembre à 21h10 sur M6. Un documentaire de Julie Pellet, Kevin Denzler et Jean-Charles Doria (Tony Comiti).