Jean-Michel Blanquer : "le protocole de niveau 2 devrait durer plusieurs semaines"

Protocole sanitaire de niveau 2, et 3 ou 4 en Outre-Mer, vaccination des élèves, port du masque et fermetures de classes... Le ministre de l'Education nationale nous précise les contours de la rentrée scolaire qui a lieu ce 2 septembre pour les élèves de la maternelle au lycée. Interview.

Jean-Michel Blanquer : "le protocole de niveau 2 devrait durer plusieurs semaines"
© ERIC DESSONS/JDD/SIPA

La rentrée scolaire qui a lieu ce jeudi 2 septembre sera soumise à un protocole sanitaire de niveau 2. A l'école primaire, une classe fermera dès le premier cas de Covid-19. Dans le secondaire, les élèves vaccinés pourront suivre les cours en présentiel, tandis que les non vaccinés étant cas contact devront s'isoler pendant 7 jours et suivre les cours à distance. Vaccination à l'école, port du masque, augmentation des enseignants, activités extra-scolaires, cantines, protocole à l'école...  Le Journal des Femmes s'est entretenu avec le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer.

Avec le retour des vacances, faut-il s'attendre à de nombreuses fermetures de classes. Comment appréhendez-vous cette nouvelle rentrée scolaire ?

Jean-Michel Blanquer : "On s'est mis en situation de pouvoir piloter les choses en fonction de la situation sanitaire, comme nous l'avons fait l'année dernière. Pour la rentrée 2020, nous étions aux alentours de 0,2% de classes fermées et la politique de "l'école ouverte" a été notre plus grande priorité pour les enfants. Nous allons donc continuer à déployer des tests pour limiter les cas de contaminations au sein des écoles. On peut penser que même s'il y a un certain nombre de classes fermées, la majorité des classes continuera à fonctionner normalement".

En Outre-Mer, la rentrée scolaire a été reportée au 13 septembre. Quel sera le niveau du protocole sanitaire à la reprise des cours ?

Jean-Michel Blanquer : il est probable que le protocole sanitaire corresponde au niveau 3 ou 4, mais nous décidons de la réouverture en fonction de ce qui est constaté. On a parfois vu des chutes brutales de la circulation du virus qui permettraient de revenir à un protocole plus allégé, mais effectivement, le plus probable serait d'avoir un protocole très strict au moment du retour des élèves.

En fonction de quels critères le niveau du protocole sanitaire à l'école est-il défini ?

Jean-Michel Blanquer : Différents critères sont croisés : les critères de santé en population générale, comme le taux d'incidence, qui est devenu un critère moins important depuis que la majorité de la population est vaccinée. Les autorités de santé sont plus attentives aux taux d'hospitalisation et d'entrées en réanimation. Nous avons par exemple un taux d'incidence assez fort actuellement (le même qu'il y a quelques mois), mais qui mène à moins d'hospitalisations. Une deuxième catégorie de critères, propres à l'Education nationale, est également prise en compte. Il s'agit du taux de vaccination des élèves et des adultes. Nous sommes à 57% des 12-17 ans qui ont reçu un premier vaccin, et plus de 90% des enseignants sont vaccinés.

Le niveau du protocole sanitaire peut-il évoluer dans les prochaines semaines, notamment au niveau local ?

Jean-Michel Blanquer : On a toujours la possibilité de faire évoluer le protocole en fonction de la situation sanitaire. Il est donc possible que le protocole change, ou qu'il soit différent d'un territoire à l'autre. Mais pour l'instant, on conserve le protocole 2 sur le territoire métropolitain et cela devrait normalement durer plusieurs semaines.

Le protocole sanitaire prévoit la fermeture d'une classe dès le 1er cas de Covid en primaire. Dans quels cas prévoit-on de fermer une école ?

Jean-Michel Blanquer : Chaque cas est particulier, et ce sont les autorités de santé qui décident des fermetures en fonction des circonstances. Il n'y a pas de règles générales, tout dépend également du nombre de classes dans une école. Mais lorsqu'il y a un nombre important de fermeture de classes, c'est l'ensemble de l'école qui ferme.

Dans le secondaire, les élèves vaccinés pourront poursuivre les cours à distance en cas de Covid-19 dans une classe. Comment cela se passe-t-il pour les élèves qui ne sont pas en âge d'être vaccinés ?

Jean-Michel Blanquer : Chaque fois qu'il y a une contamination dans une classe au collège, une analyse est faite pour déterminer qui a été cas contact. Les élèves cas contact devront donc rester isolés chez eux pendant 7 jours, sauf les élèves vaccinés (non positifs au Covid, ndlr). Les élèves de moins de 12 ans cas contacts devront donc suivre les cours à distance.

Le pass sanitaire ne sera pas appliqué dans les écoles. Quelles seront les mesures pour les activités extra-scolaires et les sorties scolaires ?

Jean-Michel Blanquer : Si les élèves vont dans un endroit dédié au scolaire (comme une piscine par exemple, dans laquelle seuls les élèves s'y rendent), le pass sanitaire n'est pas nécessaire. En revanche, s'ils sont mêlés à des publics autres, dans des endroits où il y a une exigence de pass sanitaire, alors il sera demandé.

Les syndicats enseignants estiment que le niveau 2 du protocole sanitaire n'est pas suffisamment strict pour la rentrée, notamment pour les cantines scolaires. Qu'en pensez-vous ?

Jean-Michel Blanquer : Pour les cantines scolaires, nous avons mis en place des règles précises et assez strictes, qui sont bien connues des collectivités locales, habituées depuis un an et demi à ces protocoles. Certains travaux d'aménagements ont parfois permis d'isoler certaines parties entre elles ou aérer davantage les locaux. On considère aujourd'hui que la coopération entre les collectivités locales et l'Etat est assez satisfaisante pour éviter que les élèves soient trop proches, ou trop brassés lors des repas à la cantine, qui est un temps où il faut être particulièrement vigilant.

Comment va se passer la vaccination à l'école pour les élèves de plus de 12 ans ?

Jean-Michel Blanquer : La vaccination est organisée établissement par établissement et peut se faire sur le temps scolaire, soit à l'intérieur de l'établissement lorsque cela est matériellement possible, soit dans un lieu proche de l'établissement. Chacun des établissements a pu s'organiser en amont au cours du mois d'août de manière à ce qu'à la rentrée, une proposition puisse être faite aux parents et que la vaccination puisse s'échelonner sur les semaines qui viennent.

Et pour les parents en garde alternée qui ne sont pas d'accord sur la vaccination des enfants ? 

Jean-Michel Blanquer : Pour les moins de 16 ans, une seule autorisation des deux parents est nécessaire pour faire vacciner son enfant. C'est justement pour éviter ces ambiguïtés sur ce sujet que l'on a précisé le fait que l'autorisation d'un parent était suffisante, mais ce qui est souhaitable évidemment, c'est que les parents s'entendent.

Vous n'êtes pas favorable à la vaccination obligatoire pour les enseignants. Quelles sont les règles pour les professeurs non vaccinés cas contacts ? La classe ferme-t-elle si un enseignant portant le masque est positif ?

Jean-Michel Blanquer : Il s'agit d'une analyse faite au cas par cas, pour savoir si un adulte positif au virus est cas contact et s'il l'a contracté les jours précédents. La classe entière n'est donc pas forcément concernée, et c'est une analyse locale qui permettra de déterminer la situation. Il faut rappeler qu'il y a peu de cas de contamination d'adulte à enfant, ou d'enfant à adulte dans tout ce que nous avons vécu jusqu'à présent. En ce qui concerne la vaccination des enseignants, on est autour de 90% des enseignants vaccinés et nous pensons que cela va encore augmenter puisque la campagne vaccinale mise en place dans les établissements scolaires est aussi proposée aux adultes volontaires.

Aux Etats-Unis, le port du masque est recommandé dès 2 ans, en Israël, le pass sanitaire est mis en place dès 3 ans. Que pensez-vous de ces mesures chez les jeunes enfants ?

Jean-Michel Blanquer : Il faut être attentif au fait que les moins de 6 ans ont du mal à porter le masque, avec toute une série d'inconvénients. Ils peuvent aussi l'enlever plus facilement, il peut donc y avoir des usages contre-productif au port du masque chez les petits du point de vue de la contamination. C'est pour ces raisons que l'on maintient le port du masque à l'école élémentaire mais pas à l'école maternelle. A ce stade, le port du masque à 6 ans reste donc inchangé à la rentrée scolaire. Mais il peut y avoir des évolutions, par exemple, si on baisse d'intensité, on pourra à un moment donné retirer les masques à l'école élémentaire (niveau 1, ndlr).

Comment expliquer que le masque est obligatoire en extérieur, à la récréation, mais en EPS, les élèves ne sont pas masqués (niveau 2) ?

Jean-Michel Blanquer : En EPS, les activités sont contrôlées et organisées sous l'autorité du professeur, ce qui n'est pas le cas à la récréation. Des règles en EPS ont par ailleurs été établies : éviter les sports de contact et respecter la distanciation, des mesures qui sont beaucoup moins garanties à la récréation. Il est également important que les élèves faisant un effort physique puissent être dispensés du masque pour mieux respirer. 

Vous avez annoncé la revalorisation des enseignants avec une hausse allant jusqu'à 57 euros net par mois en 2022.

Jean-Michel Blanquer : C'est une volonté de valoriser les professeurs et les personnels de l'Education nationale, parce qu'il y avait des rattrapages importants du pouvoir d'achat à faire, notamment pour les plus jeunes. Cette revalorisation concerne notamment ceux qui sont en début de carrière : entre fin 2021 et début 2022, ces derniers recevront une augmentation de l'ordre de 170 euros par mois. Cette croissance va continuer puisque notre objectif est de ne plus avoir de professeurs payés en dessous de 2000 euros nets d'ici quelques années. Nous avons aussi revalorisé les milieux de carrière. C'est donc dans un cadre pluri-annuel que nous avons donné cette impulsion de revalorisation des professeurs qui va par ailleurs se faire avec une revalorisation du matériel. Une attention est portée à la qualité de vie au travail des professeurs, mais aussi à certaines catégories comme les directeurs d'écoles. Le poste de professeur qui est si important dans notre société doit à la fois être respecté et attractif.