Y a-t-il un écart d'âge idéal entre deux enfants ?

Existe-t-il vraiment une différence d'âge idéale entre deux enfants et, si oui, laquelle ? Comment faire pour que des enfants d'âges rapprochés ou écartés s'entendent bien ? Elena Goutard, coach parentale et familiale, nous répond.

Y a-t-il un écart d'âge idéal entre deux enfants ?
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On entend beaucoup de choses sur l'écart d'âge entre les enfants. Selon certains, il ne faut pas attendre plus de deux ans entre une naissance et un nouvel enfant. Pour d'autres, au contraire, mieux vaut patienter plus longtemps. Comment démêler le vrai du faux ? Et, surtout, comment s'assurer que les enfants d'une même famille s'entendent bien, peu importe leur différence d'âge ? Elela Gouard, coach parentale et familiale et autrice de Mon grand cahier Rituels en famille (Solar Editions), nous donne ses conseils.

Quelle est la différence d'âge idéale entre deux enfants ?

Il y a une différence d'âge idéale entre deux enfants : mythe ou réalité ? "Il y a du vrai et du faux, et beaucoup d'avis sur la question", souligne Elena Goutard. Des sondages et des études scientifiques se sont même penchés sur le sujet. Et le résultat est le même : "Il n'y a pas d'écart d'âge idéal". Cependant, ces recherches permettent d'en savoir un peu plus. "Ce qui ressort, c'est qu'on constate une proximité, une complicité un peu renforcée entre les enfants qui ont moins de deux ans d'écart. Cela s'explique par le fait qu'ils grandissent ensemble, font beaucoup d'activités ensemble, prennent le bain et le repas en même temps… Il y a, par la force des choses, une certaine complicité qui se crée. Il y a aussi un écart d'âge plus important, qui est de 6 ans, où l'on observe cela. L'explication se base plutôt sur le fait que le grand a déjà suffisamment profité de ses parents, donc il développe moins de jalousie et peut avoir un rapport un peu maternant avec le petit frère ou la petite sœur. 

"Pour les écarts entre 3 et 4 ans, cela dépend vraiment des familles. "Il y a des enfants qui sont très proches, cela dépend beaucoup de leur caractère, de l'attitude des parents, de comment ils les accompagnent dans la jalousie, la rivalité", nous explique notre experte. En clair, l'écart d'âge parfait est celui qui est idéal pour les parents : "Il y a des familles qui sont très contentes d'avoir des enfants d'âges rapprochés car elles peuvent les élever ensemble, combiner les moments les plus durs comme les couches, les réveils, les poussées dentaires, etc., sur une période de temps assez limitée, ce qui leur permet ensuite de passer à autre chose. Et puis il y a aussi les parents qui préfèrent avoir plus d'écart pour profiter suffisamment de chaque enfant, pour pouvoir se reposer, souffler un peu, avant d'accueillir un autre enfant. Mais il n'y a pas d'écart à privilégier."

En outre, comme le rappelle la coach parentale, rien n'est définitif. Ainsi, à l'âge adulte, la complicité dans la fratrie va dépendre de nombreux facteurs, comme le caractère, la façon dont les parents ont construit la relation entre leurs enfants... Les rivalités, elles, souvent, s'estompent à l'adolescence. Et, une fois adulte, "la complicité n'a aucun rapport avec l'écart d'âge. La relation entre les frères et sœurs est propre à chaque fratrie".

Faut-il attendre un certain âge de l'aîné pour retomber enceinte ?

On l'aura compris, donc, pas question de se mettre la pression en pensant au soi-disant écart d'âge idéal pour décider de quand faire un deuxième enfant. "C'est important de se poser les bonnes questions, de savoir pourquoi on veut cet enfant. Il faut se demander si la maman est prête à vivre une nouvelle grossesse, si la famille est prête, si on en a envie, si la logistique familiale permet d'avoir un autre enfant de plus, si on est prêt psychologiquement, si le couple va bien… Beaucoup de critères sont à prendre en compte et, au final, l'écart d'âge va suivre si les parents sont prêts car ce sera l'écart idéal pour eux, pour cette famille", explique Elena Goutard.

Si mon enfant réclame un petit frère ou une petite sœur, dois-je le prendre en compte ?

Il arrive parfois que les enfants réclament à leurs parents d'avoir un petit frère ou une petite sœur. Dans d'autres situations, plus rares, c'est l'inverse : ils disent ne pas avoir envie que la famille s'agrandisse. Dans tous les cas, les parents doivent-ils le prendre en compte ? Comme le souligne la coach parentale et familiale, "la décision d'envisager une nouvelle grossesse appartient uniquement aux parents, il faut laisser les enfants en dehors de tout cela". "L'enfant ne réalise pas du tout à quoi s'attendre, ne sait pas ce que cela va représenter pour lui, donc il peut avoir soit beaucoup d'angoisses, soit complètement idéaliser ce nouvel enfant", souligne-t-elle. Si les parents décident d'avoir un autre bébé parce que leur enfant le leur a demandé alors qu'ils ne sont pas prêts, "cela peut être très compliqué".

Pour répondre à un enfant qui insiste beaucoup pour avoir un petit frère ou une petite sœur, il faut lui dire les choses avec honnêteté, indique Elena Goutard : "On explique très simplement qu'un nouveau bébé change la vie, que c'est une décision qui se prépare, ou qu'on ne veut pas d'autre enfant, qu'on est très content avec lui. Les enfants n'ont pas le recul nécessaire pour être raisonnables à ce niveau-là donc on explique en choisissant les mots. On peut lui dire pourquoi on n'est pas prêt, si on l'envisage ou pas du tout. Il ne faut pas être dans un mensonge, les enfants le sentent très bien. Ensuite, on accompagne et on accueille l'émotion s'il est triste, s'il a envie de pleurer, plutôt que de chercher des solutions car, parfois, il n'y en a pas".

► Si les parents décident effectivement d'avoir un autre enfant, l'annonce de la grossesse doit être faite en choisissant les bons mots. "Bien sûr, certains enfants vont être très, très contents, ravis. On doit quand même les accompagner, car il y a parfois un peu de désillusion, c'est-à-dire qu'ils vont imaginer tout de suite qu'ils vont pouvoir jouer et interagir avec, que le petit frère ou la petite sœur sera un copain de jeu immédiatement. On explique que ce sera un bébé, donc on peut ressortir les albums de naissance pour voir les différents stades par lesquels l'aîné est passé et les lui expliquer", dit notre spécialiste.

► Si l'aîné n'a pas envie de devenir grand frère ou grande sœur, les parents ont également un rôle capital à jouer : "Si l'enfant ne montre aucun enthousiasme, c'est important de lui laisser le temps d'accepter, d'intégrer cette nouvelle. Cela peut se faire pendant la grossesse ou quelques semaines, voire quelques mois, après la naissance. On ne le presse pas, on ne le culpabilise pas. On essaye de l'écouter, de lui demander ce qu'il ressent, ce qu'on peut faire pour l'aider et la rassurer. Plus on se met à l'écoute, plus il va verbaliser ce qu'il a sur le cœur et plus vite il va accepter le nouvel enfant."

Quels avantages ou inconvénients à avoir des enfants d'âges trop rapprochés ?

Les enfants d'âges rapprochés peuvent être très complices ou, à l'inverse, beaucoup se chamailler. "C'est un peu le revers. Ils passent beaucoup de temps ensemble, ils partagent beaucoup de jouets, dont il y a forcément un partage qui peut entraîner de la jalousie, une rivalité au quotidien qui ne sont pas forcément faciles à vivre pour les parents. Elles vont, heureusement, s'atténuer avec le temps au fur et à mesure qu'ils grandissent, qu'ils apprennent à partager et à prendre en compte les besoins d'autres personnes qu'eux-mêmes", nous explique Elena Goutard.

Quels avantages ou inconvénients à avoir des enfants trop éloignés en âge ?

Avec les enfants qui ont un écart d'âge important, il peut également arriver qu'il y ait des conflits, même si ce n'est pas une fatalité. Comme l'explique notre experte : "Avec les enfants plus grands, il n'y pas forcément la même complicité, ils ne partagent pas forcément les mêmes jeux, le plus grand va s'occuper du petit. Donc il y a moins de rivalité pour les jouets, il y a un rapport différent. Par contre l'enfant qui a grandi seul pendant 5, 6, 7 ans, il peut développer certains traits d'un enfant unique, c'est-à-dire qu'il aura pris l'habitude que tout soit pour lui. Cela peut être difficile pour lui de 'céder' la place, d'apprendre à partager… Ce sont des problématiques différentes. Chaque écart à ses difficultés."

Comment assurer le lien fraternel entre deux enfants ?

Quand il y a des conflits entre enfants proches en âge, "on va préserver autant qu'on peut l'unicité de chaque enfant. Donc on va éviter de tomber dans le schéma de tout faire ensemble, d'acheter les mêmes vêtements, les mêmes jouets, de faire tout pareil, un peu comme si on élevait des jumeaux. Il faut rester à l'écoute de l'individualité de chaque enfant, de ce que chacun veut faire. On peut consacrer du temps exclusif de qualité avec chaque enfant en faisant des activités que chacun préfère pour ne pas toujours tout partager", recommande la coach parentale.

A l'inverse, quand les enfants ont une grande différence d'âge, "on va impliquer et valoriser l'aîné dans son rôle de grand, lui donner des responsabilités, des petites tâches pour qu'il se sente fier. On va lui proposer de partager des passions, des choses qu'il maîtrise bien, avec le cadet pour qu'il se sente content et à l'aise dans son rôle d'aîné". Dans tous les cas, en cas de dispute, les parents doivent éviter de prendre parti : "C'est un terrain glissant. Les parents vont éviter de pencher d'un côté ou de l'autre, plutôt écouter le ressenti de chacun pour que chacun puisse exprimer sa vision de la situation. On les implique aussi très tôt dans la recherche de solution gagnant-gagnant pour qu'aucun ne développe de ressentiment à l'égard de l'autre".

Enfin, face aux rivalités, Elena Goutard conseille aux parents de passer des moments privilégiés avec chaque enfant, chacun à son tour : "ce n'est pas la quantité qui compte mais la qualité. Même 5 minutes de temps en temps, par exemple en préservant le rituel du coucher, pendant les retours de l'école, en proposant des sorties en tête-à-tête, pour que chacun se sente unique aux yeux des parents et ne se définisse pas uniquement comme un frère ou une sœur, mais vraiment comme une personne à part entière".

Les enfants ne s'entendent pas, que faire quand on ne s'en sort plus ?

Malgré tous leurs efforts, les adultes peuvent se sentir démunis quand leurs enfants ne s'entendent pas. Certains accumulent la lecture d'ouvrages spécialisés, d'autres vont se tourner vers des conseils glanés sur les réseaux sociaux, chose que notre experte ne recommande pas forcément, "car cela peut apporter des clés comme générer de la comparaison et une remise en question donc, quand ça ne va pas fort, il vaut mieux éviter". Elle rappelle aussi que, sur les médias sociaux ou dans les livres, les parents sont souvent dépassés par le nombre d'informations différentes qu'ils reçoivent. Dans ce cas, consulter un spécialiste, que ce soit un thérapeute familial, un psychologue ou un coach parental peut aider, explique Elena Goutard : "En tant que parent, on sait quand c'est le moment où on a atteint ses limites et où la situation est bloquée. On peut consulter si on perçoit une certaine souffrance, que la jalousie va un peu trop loin entre les enfants. Ça peut apporter des solutions. Chaque spécialiste a des méthodes complémentaires, il peut être intéressant de consulter plusieurs experts et d'échanger avec eux pour trouver celui qui a l'approche qui nous convient le mieux. Il ne faut pas rester seul et se rappeler qu'il y a des astuces qui conviennent à d'autres parents qui ne nous correspondront pas. Il faut trouver quelqu'un à l'écoute qui nous donnera des clés qui nous correspondent".

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