Les mères porteuses ukrainiennes accouchent en France et créent la polémique

Eu égard à la guerre en Ukraine, des mères porteuses ukrainiennes ont accouché en France, aidées par les couples français pour qui elles devaient donner naissance. Une situation qui inquiète les opposants à la GPA, qui ont déjà déposé cinq plaintes.

Les mères porteuses ukrainiennes accouchent en France et créent la polémique
© Amina Filkins -Pexels

[Mise à jour du 10 mai 2022 à 16h37].  La guerre en Ukraine donne lieu à une situation inédite, qui inquiète les opposants à la Gestation pour autrui. Si la  GPA est interdite en France, elles est autorisée en Ukraine pour les couples étrangers, et nombre de Français dans l'incapacité d'avoir naturellement un enfant y ont eu recours. Pour accueillir leur bébé en toute sécurité, loin des bombardements, et sans retard ou risque de se voir refouler à la frontière, ces couples ont réussi à faire venir leur mère porteuse pour accoucher en France. Un contournement de la loi qui inquiète les opposants à la GPA, dont l'association Juriste pour l'enfance qui a porté plainte à 5 reprises pour "incitation à l'abandon d'enfant" précise Le Figaro Cette dernière estime en effet que "ce stratagème pousse un cran plus loin le détournement de la loi, l'exploitation des femmes et le marché des enfants".

L'accouchement sous X comme ressort

Pour pouvoir reconnaître l'enfant, les mères porteuses accouchent sous X, tandis que le père biologique, qui a participé à la conception médicale en Ukraine, fait une reconnaissance prénatale de l'enfant pour assurer sa filiation paternelle. Quant à la future mère, elle lance une requête plénière en adoption de l'enfant du conjoint. Un stratagème qui agace, considéré même comme une "fraude à la loi caractérisée" selon la directrice juridique de l'association, Aude Mirkovic. "Les commanditaires de la GPA se rendent coupables du délit d'incitation à abandon d'enfant, sanctionné par la loi. L'accouchement sous X est détourné de sa finalité et utilisé afin de permettre aux commanditaires de la GPA de parvenir à leurs fins, obtenir un enfant sans mère" explique-t-elle.

Mettre en sécurité des femmes et les sauver de la guerre n'est par ailleurs qu'un alibi "pseudo-humanitaire", ajoute l'association Juriste pour l'enfance,  le but véritable n'étant que de récupérer le bébé. Aussi, "en restant en Ukraine, elles s'exposent au risque de devoir garder l'enfant que les couples ne pourront pas venir chercher et de ne pas être payées"Quant à l'avocate de plusieurs couples ayant eu recours au procédé de GPA en Ukraine, il est "indécent de créer la polémique sur ces situations compliquées liées à un contexte de guerre". Seuls trois enfants issus de GPA faites en Ukraine sont nés en France, et il n'y a aucun risque de "de raz-de-marée de mères porteuses". De fait, "toutes les activités de procréation médicalement assistée sont à l'arrêt depuis la guerre" souligne Me Clélia Richard. La plainte risque pour sa part de ne pas avoir de suite, expliquant que l'association qui en est à l'origine n'est pas directement victime de l'infraction.