Pourquoi les naissances prématurées ont chuté pendant le confinement ?

Pendant le confinement, des médecins de plusieurs pays se sont rendu compte que les naissances prématurées étaient 4 fois moins importantes que ces 20 dernières années.

Pourquoi les naissances prématurées ont chuté pendant le confinement ?
© nenovbrothers

Alors que le confinement a fait bondir les addictions, les violences conjugales, ou encore l'isolement des personnes âgées, il aurait eu un effet positif sur les naissances prématurées. Des médecins du monde entier ont échangé sur Twitter, révélant avoir constaté une baisse drastique des bébés nés trop tôt dans de nombreux hôpitaux, comme le souligne le journal Les Echos. C'est à la fin du mois de mars, que l'observation aurait été faite pour la première fois. En Irlande, alors que le pays avait déjà à son actif plusieurs semaines de confinement (débuté le 12 mars 2020). Au même moment, un médecin de néonatalogie de l'University Maternité Hospital Limerick, Roy Philip, s'aperçoit qu'aucune commande de lait pour bébés prématurés n'a été passée dans son service. L'explication ? C'est simple, aucun bébé prématuré n'a vu le jour depuis un mois. Etonné, le médecin consulte ses archives pour connaître le nombre de naissances de ce type sur les années précédentes. Ainsi, il remonte jusqu'à 2001 et étudie sur chacune des années les statistiques des naissances entre janvier et avril. 

Une baisse des bébés prématurés dans de nombreux pays

Au total, sur les 19 années précédentes, 30 000 enfants sont nés trop tôt, à moins de 1,496 kg (3,3 livres). Soit un total de 8 naissances vivantes sur mille. Sur la période janvier-avril de 2020, ce chiffre a été divisé par quatre. Du côté des nourrissons de moins d'un kilo (2,2 livres), qui représentent habituellement 3 naissances vivantes sur mille, aucune n'a été signalée sur la période. Evidemment, des bébés ont continué de naître pendant le confinement... Mais les prématurés, eux, sont restés au chaud. Alors que les soins intensifs de tous services confondus ne cessaient d'accueillir des malades du Covid-19, partout dans le monde, les unités néonatales de soins intensifs restaient vides...

Pas seulement en Irlande ! Le Danemark souligne une baisse de 90% des bébés nés avant 28 semaines (un bébé est considéré prématuré s'il naît avant 37 semaines). Même son de cloche à Nashville aux Etats-Unis, ou au Canada, dont l'hôpital de Calgary a communiqué ses données : moins 50% de naissances prématurées pendant le confinement. A l'autre bout du monde aussi, à Melbourne, le Mercy Hospital for Women enregistrait une baisse record de bébés nés trop tôt, au point de mener l'enquête !

Comment s'explique cette baisse de naissances prématurées ? 

Il ne s'agit pour l'instant que d'observations éparpillées. Aucune enquête globale n'a été menée. Mais les médecins ont leur avis sur la question... D'abord, les femmes enceintes ont eu plus de temps pour se reposer. Elles ont été extraites d'un quotidien stressant, n'ont pas eu à se rendre au travail chaque jour, à prendre les transports en commun... De fait, elles ont été moins exposées aux virus et bactéries du monde extérieur. D'autre part, on sait que la pollution peut être l'une des conséquences des accouchements prématurés. Or, le confinement a été marqué par une chute record des taux de pollution dans divers endroits du monde. 

Cela dit, la prématurité reste enveloppée de mystère. Alors les services de néonatalogie du Danemark et d'Irlande ont décidé de s'unir pour mener une véritable enquête. D'autant qu'après des échanges sur Twitter à ce sujet, il a été révélé que certains hôpitaux avaient continué d'enregistrer de nombreuses naissances prématurées. En comparant les données à la hausse et celles à la baisse avec les espaces géographiques, les scientifiques espèrent pouvoir identifier les facteurs de risques des accouchements prématurés