La HAS publie un guide pour mieux détecter les violences faites aux enfants

Pour améliorer la détection des violences infantiles et la prise en charge de tous les enfants et adolescents français en danger, la Haute Autorité de Santé met en place un nouveau protocole.

La HAS publie un guide pour mieux détecter les violences faites aux enfants
© Evgeny Atamanenko

52 000 enfants ont été déclarés victimes de violences en France en 2018. Et si les chiffres de 2020 n'ont pas encore été dévoilés, la Haute Autorité de Santé les attend plus nombreux encore. Cela s'expliquerait notamment par l'impact des confinements, qui ont maintenu parents et enfants à la maison durant de nombreuses semaines à cause de la pandémie de Covid-19. Contre les violences sexuelles, violences psychologiques ou encore violences physiques faites aux enfants, la France ne disposait pas jusqu'ici d'un protocole clair et harmonisé à l'échelle du territoire. Mais dans le cadre du plan interministériel de mobilisation "Je veux en finir avec la violence. Et vous ?" piloté par Adrien Taquet, la HAS publie un guide pour améliorer la prise en charge des enfants victimes de tous types de violences. L'église catholique avait déjà mis en place une commission dédiée aux violences sexuelles faites aux enfants. Les études sur le sujet se font rares, mais on estime que 80% de ce type d'abus se passent dans le cercle familial. Pour exemple, elles ont fait l'objet de 27 000 plaintes en 2018, souligne la HAS dans son communiqué. A une période où les voix s'élèvent pour dénoncer l'inceste, la France prend de véritables mesures. L'objectif est duel, il vise à améliorer la qualité de l'évaluation des informations préoccupantes pour faciliter la prise de décision, et harmoniser les pratiques sur l'ensemble du territoire afin que tous les enfants bénéficient de la même prise en charge. 

Un guide pratique contre les violences infantiles avec une méthodologie claire

La HAS a alors mis en place une boîte à outils pratique, composée de trois livrets destinés aux conseils départementaux. Ces derniers sont équipés de ce que l'on appelle des CRIP : Cellules de recueil, de traitement et d'évaluation des informations préoccupantes, chargées notamment de venir en aide aux victimes de violences. Mais les personnels qui y travaillent ont besoin de suivre une démarche plus structurée qu'elle ne l'était jusqu'à présent. Ces trois livrets viseront à les aider à repérer la situation inquiétante, à l'analyser et à orienter vers les professionnels de santé essentiels. Ces livrets viendront étayer trois points à améliorer selon la HAS.

  • Pour détecter une situation préoccupante, il est nécessaire de centrer l'étude sur l'enfant ou l'adolescent en parcourant tout son contexte de vie, domaine par domaine. C'est-à-dire, ne pas se contenter d'un examen de santé physique, mais compléter avec un examen psychique, étudier sa scolarité, ses relations avec sa famille, s'intéresser à son développement comme à sa vie sociale.
  • Pour que cela soit fait correctement, un seul professionnel de santé ne suffit pas. La HAS demande à ce que le parcours d'évaluation soit pluridisciplinaire, faisant intervenir psychologues, personnels de santé mais aussi travailleurs sociaux et toutes compétences complémentaires, identifiées comme utiles pour l'enfant en question.
  • Enfin, il sera nécessaire de faire participer tous les membres qui gravitent autour de l'enfant. L'enfant lui-même, bien sûr, mais aussi ses parents, ses amis, ses enseignants, etc. Le résultat de cette mesure devrait être évalué sous 12 à 18 mois, conclut la HAS.