Entretenir la notion de bonheur chez les enfants doués

L'enfant doué est naturellement doué pour le bonheur : il éprouve tant de plaisir à découvrir le monde qui l'entoure qu'il n'est pas nécessaire de se forcer pour lui fournir des sources de joies : un rayon tempéré de soleil, une brise parfumée, le parfum des fleurs justement et leurs couleurs étincelantes, lui procurent des sensations qu'il a plaisir à éprouver, même si elles restent encore imprécises. Elles auront modelé son esprit, il aura déjà appris à ressentir la douceur qu'entraîne la contemplation sans but de ces cadeaux que nous dispense la nature. Même dans les villes les plus sombres il y a des jardins publics.

Entretenir la notion de bonheur chez les enfants doués
© yarruta-123rf

Les bébés adorent rire aux éclats et, d'ailleurs, les adultes qui les entourent éprouvent un plaisir égal à les regarder s'esclaffer face à un spectacle surprenant pour eux. Le sens de l'humour des bébés est particulier et souvent rafraichissant. On ne doit pas les priver de cette source d'amusement, ils garderont le souvenir flou, mais précieux pour la construction de leur personnalité de ces moments intensément joyeux. Les enfants doués ont été des bébés vifs, éveillés, infatigablement observateurs et tout ce qui déclenche leur hilarité a de la valeur. Peut-être est-ce dans ces grands éclats de rire que se forme le sens de l'humour propre aux personnes douées qui savent percevoir la minuscule lueur dans la situation la plus sombre. Leur façon de porter un regard exhaustif et de saisir à la fois les grandes lignes et les détails permet de détecter aussi l'infime aspect qui pourrait prêter à rire. Peut-être est-ce grâce à leur extrême sensibilité que les personnes douées peuvent discerner sans peine les aspects le plus divers d'une même situation et trouver la cohérence qui forme leur unité,  l'humour joue le rôle d'un condiment de luxe, il ne trouble pas la vision d'ensemble, il l'agrémente. Fournir aux enfants l'occasion de rire de bon cœur éclairera leur existence

Musique, lecture... Les sources de joies sont multiples

Cette sensibilité s'exerce dans de nombreux domaines : on conseille aux femmes enceintes d'écouter souvent le même morceau de musique : à son écoute, le bébé énervé ou éperdu retrouvera un peu de calme. Il est, bien entendu, préférable d'écouter une musique aux harmonies bien construites, en résonnance avec le besoin d'harmonie des personnes douées. La  musique sera un recours pour la vie entière, elle aidera, peut-être seulement dans une faible mesure, à se restaurer après un choc ou une blessure, mais la sensation de plénitude qu'elle procure, persistera durant toute l'existence. On explore de façon plus en plus affinée les effets de la musique sur le cerveau, ses connexions, son réseau tout entier qui serait impliqué.

Les enfants doués ont tendance à vivre intensément toutes leurs émotions, il est donc préférable de canaliser celles-ci  pour qu'ils ne soient pas trop vite submergés au point d'en perdre le souffle et de contraindre leur entourage à passer un temps infini en déployant toutes leurs ressources d'apaisement pour les aider à se récupérer. La musique peut déjà être considérée comme une source inépuisable de joies, mais elle pourrait aussi pacifier des émotions chaotiques si elle fait partie de l'univers habituel.
Parfois, des adultes exaspérés par les contrariétés de l'existence trouvent un refuge en jouant des morceaux appris il y a bien longtemps : ils ne sont plus frustrés ou en colère, ils sont aussi musiciens, cette légère modification de leur perspective peut les aider à relativiser les sources d'exaspération. Il arrive que la rencontre inattendue avec un instrument rare provoque un vrai "coup de foudre" et celui qui le vit construit toute son existence en fonction de cette passion : elle le fait passer pour un "original" aux yeux de ceux qui ne réfléchissent pas trop, mais elle suscite l'envie de ceux qui rêvent d'être envahis par une passion aussi belle et source de joies pour l'entourage, aussi quand il goûte des sonorités inconnues jusque-là.

D'une façon générale, le plus sage est de fournir aux enfants des moyens faciles à utiliser pour qu'ils puissent s'extraire, en imagination, des contraintes, parfois rudes, du quotidien sans plonger systématiquement dans une tablette pour s'absorber dans un jeu qu'il est, ensuite, difficile de quitter. La lecture peut être passion, d'ailleurs les lecteurs assidus disent spontanément "j'adore lire", preuve manifeste du plaisir qu'ils prennent en plongeant dans un bon livre.

En fait, pour que les enfants n'oublient pas que les sources de joies sont multiples, il est préférable de les laisser les découvrir par eux-mêmes ou, du moins, de se souvenir qu'on peut toujours faire l'effort de rechercher ces moments précieux de bonheur en sachant comment les trouver sans dépendre de quiconque. On leur donne l'exemple, on leur indique des pistes possibles, ensuite ils construisent eux-mêmes leur propre coffre empli de leurs sources personnelles de bonheur.

Découvrir le plaisir que procure une activité représente une démarche capitale, elle ouvre la voie à toutes sortes de possibilités : ainsi, le hasard peut guider les pas de ceux qui musardent en suivant leur chemin : pour un enfant doué, les exigences scolaires restent longtemps très aisées à satisfaire, il a donc le temps de bagnauder  dans des chemins de traverse et d'explorer des terrains moins connus où se cachent parfois des trésors éveillant des passions. Alors, on rencontre d'autres passionnés ayant suivi le même parcours. Des amitiés remontant à l'enfance sont nées ainsi, elles sont d'autant plus précieuses que ce lien s'est construit sur un attrait pour un domaine particulier parfois partagé par peu de personnes.

On dit bien qu'il est préférable d'enseigner comment creuser un puits plutôt que de fournir éternellement de l'eau : plus tard, un adulte qui a appris à se connaître, qui donc sait ce qu'il aime,  ce qui le rend heureux, mène une vie plus riche, plus intéressante que s'il n'avait jamais, dans son enfance, fourni l'effort de rechercher par lui-même des sources de joies. Grâce à une curiosité restée intacte il peut continuer à explorer tous les aspects du vaste monde, même si ses parents ne sont plus là pour le soutenir et l'accompagner, mais ils lui auront donné le goût de la liberté dans ses choix. Il a su très tôt qu'on pouvait  éprouver un grand plaisir en appréciant avec gourmandise  les cadeaux  de la nature et ceux offerts par les artistes. Ensuite, fort de cette familiarité avec des sources de bonheur, on peut pousser l'exploration et s'engager dans des voies plus rares.

Conseils :  laisser à un enfant le temps de rêver, même s'il paraît souhaiter  découvrir quantité d'activités sans se décider à opérer un choix, il doit apprendre à puiser en lui l'élan qui le poussera à aller plus avant dans sa quête de l'heureux accomplissement de soi.