3 enfants sur 4 respirent un air toxique en France

Plus des trois quarts des enfants respirent un air pollué, y compris dans la cour des écoles. Problème : inhaler quotidiennement des particules fines, des gaz ou encore des oxydes d'azote favorise les risques de bronchite chronique, d'asthme ou de BPCO. Comment les aider à respirer un air plus sain ? L'Unicef émet ses recommandations.

3 enfants sur 4 respirent un air toxique en France
© David Pereiras Villagrá - 123RF

Dans la cour de récré, sur le chemin pour se rendre à l'école ou aux activités extra-scolaires, en balade en famille en ville... Les enfants respirent de l'air rarement pur, et risquent d'inhaler des gaz, des particules fines des oxydes d'azote, des oxydes de soufre et les composés organiques volatils. Malgré une amélioration de la qualité de l'air depuis une vingtaine d'années en France (interdiction du plomb dans les carburants des véhicules essence, normes sur les émissions de dioxyde d'azote et de particules...), l'air que nous respirons n'est toujours pas de qualité optimale. Conséquence : plus de 3 enfants sur 4 respirent un air toxique en France, selon les données de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Dans un rapport intitulé "Pour chaque enfant, un air pur", dévoilé le 4 avril 2019, l'UNICEF, en partenariat avec WWF, le Réseau Action climat et l'association Respire, tire la sonnette d'alarme. "On estime que la pollution de l'air est aujourd'hui responsable de 48 000 à 67 000 décès prématurés chaque année et d'un grand nombre de symptômes qui prennent racine dès l'enfance", déplorent les auteurs du rapport. Mais quels sont les effets de la pollution de l'air en ville sur les enfants ? Comment les aider à respirer un air plus sain ? 

Pollution de l'air : quel impact sur la santé ? 

Les enfants sont les premières personnes concernées par la pollution de l'air "du fait de l'immaturité de leur organisme et de la fréquence à laquelle ils respirent (une fois et demie plus élevée que celles des adultes)", précisent les auteurs du rapport. A chaque inspiration, de nombreux polluants atteignent leurs voies respiratoires, leurs muqueuses du nez ou du pharynx et peuvent être responsables de nombreuses irritations et inflammations. Si les plus grosses particules sont facilement filtrées par la muqueuse nasale, les particules plus petites pénètrent profondément dans les poumons, atteignent les bronches ainsi que les alvéoles pulmonaires, et peuvent déclencher des réactions inflammatoires. Asthme, bronchite chronique, BPCO.... De nombreuses maladies chroniques peuvent survenir sur le long terme. "Les particules fines émises par les diesels sont toxiques, inflammatoires et dysimmunitaires, elles nuisent donc particulièrement aux enfants. Conséquence, à Paris, les enfants ont de plus en plus d'asthme, de plus en plus sévère", ajoute le Pr Jocelyne Just, cheffe du service d'allergologie pédiatrique à l'Hôpital Trousseau (AP-HP).

Balade en ville, sport... Quelles précautions prendre ?

L'Unicef tient à rappeler quelques bons gestes, qui peuvent être mis en place lors des épisodes de fortes pollution :

  • Limiter au maximum les efforts physiques à l'extérieur,
  • Limiter au maximum les déplacements : "sortir pour aller chez le médecin, faire ses courses ou aller à l'école, oui. Mais sortir pour se promener ou faire du sport, non", conseille le Pr Jocelyne Just,
  • Ne pas hésiter à changer son parcours en privilégiant les petites rues plutôt que les grandes artères,
  • Aérer son logement afin de renouveler l'air intérieur, de préférence tôt le matin ou tard le soir, où le trafic automobile est moins important. 

"Il est encore temps de protéger la santé des enfants qui grandissent en ville"

La situation actuelle est grave, mais n'est pas irréversible", tient toutefois à rassurer l'Unicef qui propose de mettre en place des initiatives aux niveaux national et local pour réduire la pollution de l'air et l'exposition des enfants :

  • Assurer la généralisation de Zones à faibles émissions (ZFE) efficaces, comme outil vers la sortie du diesel et de l'essence. et garantir l'abaissement du niveau de pollution aux seuils recommandés par l'OMS, particulièrement autour des écoles, des crèches et des hôpitaux.
  • Accompagner et soutenir financièrement le développement des mobilités plus propres, comme réaliser de multiples lignes réservées aux transports en commun, créer davantage d'aménagements cyclables sécurisés et aménager des voies réservées aux transports durables
  • Accompagner et accélérer le changement de comportement comme favoriser l'apprentissage du vélo à l'école, rembourser aux salariés les trajets effectués à vélo ou en covoiturage, rendre plus accessibles les transports en commun aux familles défavorisées et étendre la "tarification solidaire". 
  • Diminuer l'impact de la voiture sur la santé publique comme mettre fin à la commercialisation des voitures neuves consommant du diesel et de l'essence à l'horizon 2030 et éviter la construction de nouveaux projets routiers dans les villes.
  • Renforcer les connaissances concernant l'exposition des enfants à la pollution de l'air et les conséquences sur la santé et ce, dès l'école
  • Rendre la ville plus respirable et accueillante et les mobilités plus durables en proposant des pédibus et des vélobus, en régulant la circulation routière (voire en piétonnisant) aux abords des lieux accueillant des enfants, puis en éloignant les lieux de stationnement automobile des crèches et des écoles