Les classes spécifiques pour les enfants doués
De plus en plus de classes spécifiques sont créées, provoquant, tout à la fois, des réactions de réticence et d'autres de soulagement. Généralement, c'est à l'initiative d'associations locales qui ont dépensé une énergie considérable, contacté un grand nombre de personnes et fait preuve d'une persévérance admirable.

La première classe ouverte dans un collège public a exigé une détermination absolue de la part du proviseur et un ensemble de soutiens capables de surmonter les obstacles de toutes natures. Ce fut une synergie remarquable et un combat méritoire. Depuis, ce sont les collèges privés qui ont pris la relève, suscitant toujours les mêmes critiques et les mêmes objections, y compris de la part de parents d'enfants doués ne voulant pas "discriminer" leur enfant.
L'argument principal est quasi immédiat : "mon enfant devra côtoyer toutes sortes de gens, il est préférable qu'il s'entraîne dès l'enfance", on lui oppose : "les blessures reçues dans l'enfance laissent des traces profondes dont on ne se défait jamais totalement, faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour les éviter". Avec le recul, on constate que les enfants qui ont pu bénéficier de ce type de scolarité poursuivent plus facilement leurs études et sont dans l'ensemble plus détendus.
Les écoles sans classes spécifiques
Évidemment, il reste encore quantité de villes qui ne proposent pas ces classes et on répugne à mettre un enfant de 11 ans en pension, loin de sa famille, alors on fait au mieux, en se fiant à la réputation des collèges. Il en existe où l'équipe identifie tout naturellement les enfants doués, sans toutefois les mettre dans la case "à besoins particuliers", dans la compagnie des "dys" de toutes sortes et des autistes, même s'ils peuvent être aussi dys ou asperger. Ces professeurs ont été des enfants doués, leurs propres enfants sont doués, ils comprennent ces enfants sans avoir besoin de longues explications.
Durant le primaire, ils n'hésitent pas à proposer un saut de classe et surtout à le faire admettre à l'ensemble de l'école, professeurs, élèves et aussi parents, parfois réticents : ils ne veulent pas que leur enfant soit discriminé, ou encore, ils gardent un mauvais souvenir de leur propre saut de classe. En réalité, ce qui importe surtout, c'est que les professeurs soient attentifs à ces enfants. On parle comme d'une rengaine de leur hypersensibilité : ils réagissent simplement parfois intensément à la personnalité d'un professeur ou à l'ambiance de la classe, qui peut être troublée par un meneur perturbateur à l'excès.
L'intérêt pour les enfants doués
En dehors de ces accidents, inhérents à la vie scolaire, ces enfants aiment le rythme plus rapide des acquisitions et les explications plus approfondies que tous comprennent et apprécient. Ils ont ainsi plus de temps pour d'autres découvertes et d'autres activités qui les enchantent. Beaucoup ont gardé un souvenir de cauchemar de l'école primaire où ils n'ont pas tardé à être harcelés, puisque ce sont souvent les enfants doués qui constituent des cibles idéales : trop bons élèves, trop vifs d'esprit et aussi trop naïfs et trop généreux, ils ne voient pas le mal, ne le comprennent pas et ne savent alors pas élaborer de défense efficace, mais, à un contre dix ou plus, une défense a du mal à être efficace.
Des années après, ce seul souvenir leur met les larmes aux yeux, tant ce cauchemar a été douloureux. On imagine ce qu'il serait advenu d'eux si toute leur scolarité s'était déroulée dans cette atmosphère dramatique. Tout d'abord, ils n'ont pas voulu mêler aussitôt leurs parents à cette catastrophe, ils espéraient qu'elle se terminerait ou bien que quelqu'un de l'établissement viendrait à leur secours, le temps a passé, le harcèlement est devenu une habitude et l'enfant harcelé plonge dans un désespoir sans issue.
Un certain paradis trouvé
Une classe qui les accueille pour ce qu'ils sont, où leurs qualités sont reconnues et où on s'emploie à les développer représente un paradis après l'enfer qu'ils ont connu. Pour affronter la vie quotidienne, il est nécessaire de posséder des armes efficaces, il ne sert à rien d'être malmené par des enfants sans imagination qu'on ne fréquentera certainement pas plus tard, parce qu'ils seront devenus des adultes jaloux, peut-être frustrés à cause d'une réussite médiocre, en tout cas, ils ne se transformeront pas en individus charmants, plein d'humour, et doués pour l'amitié, comme ceux qui pourront devenir de vrais amis pour l'enfant doué devenu adulte et sachant utiliser ses dons.
Les parents le disent sans réserve : leur enfant a changé, il s'est épanoui, il est plus joyeux et surtout, il connaît les délices de l'amitié depuis qu'il suit une classe appropriée. Souvent, il a pu sauter une classe durant le primaire, et sa situation de benjamin, parfois plus petit de taille, n'arrangeait pas ses affaires, maintenant il se trouve avec des enfants du même âge, sans paraître un phénomène pour autant et sa nature propre n'agace aucun professeur, bien au contraire, ils lui reconnaissent ses dons et s'appliquent à les faire fructifier.
Toutefois, le paradis n'existe pas, tout n'est pas idyllique, il y a aussi des élèves jaloux d'une aisance qu'ils ne possèdent pas dans un domaine précis et des professeurs que tout élève, quel qu'il soit, agace, peut-être parce qu'ils ont, par ailleurs, d'autres problèmes. Le plus souvent, des professeurs savourent leur chance de s'adresser à une classe intéressée par leur enseignement et heureuse de progresser dans la découverte des merveilles de la littérature et des mathématiques, ou encore passionnée par l'histoire.
L'implication des professeurs
Classe et professeurs s'entraînent mutuellement à se surpasser. Dans les écoles où les élèves sont peu nombreux, il est possible d'adapter l'enseignement à certains, mais c'est un exercice subtil et épuisant : on doit se souvenir qu'il est préférable de ne pas différencier exagérément un enfant doué pour lui éviter les ennuis qui pourraient en découler vis-à-vis de ses camarades de classe qui risquent d'être de moins en moins camarades.
Il arrive que des parents, lassés de voir leurs enfants mal compris et délaissés, se lancent dans la création d'une école, ils entraînent des bonnes volontés et goûtent le plaisir de voir leurs enfants épanouis, mais il faut posséder de nombreuses armes pour réussir ce tour de force, car il s'agit bien d'une bataille qui semble d'ailleurs devenir de plus en plus rude.
Conseils : il convient de rester attentif à la scolarité de son enfant et de ne pas se fier sans restriction à l'établissement le plus proche. La rumeur publique présente parfois un certain intérêt. L'école à la maison devient de plus en plus suspecte et elle nécessite une grande disponibilité d'un des parents, ce qui est parfois impossible. En l'absence d'alternative, on tente de compenser par des visites de musées ou d'expositions, on s'offre une escapade à Paris voir l'exposition en cours au Jardin des Plantes ou à la Cité de la Science, ce qui plaît bien aux adultes aussi…