Les "besoins particuliers" des enfants doués

Pour faire admettre l'existence des enfants doués, il fallait les placer dans une catégorie où ils côtoieraient d'autres enfants qu'on s'interdit de qualifier brutalement d'enfants " à problème ". Mais la mention des " besoins particuliers " laisse entendre qu'il y a justement des problèmes dont il faut, bien entendu, tenir compte.

Les "besoins particuliers" des enfants doués
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Pour tous les "dys" inclus dans l'énumération, on prévoit un tiers temps de plus au moment des contrôles par exemple, et on admet l'usage d'un ordinateur pour ceux qui peinent à écrire. Il est évident que des enfants doués peuvent être également " dys " ou asperger, comme il est mentionné dans cette catégorie spécifique d'enfants à besoins particuliers. Pour cette dernière catégorie, le flou domine : on sait que les enfants doués prennent parfois une image au pied de la lettre, ne saisissent pas toujours l'implicite et se font plus difficilement des amis. On a vite fait alors d'évoquer l'autisme, mais l'enfant doué "ordinaire" ne se différencie pas par un manque quelconque ou par une difficulté particulière : s'il a besoin qu'on s'occupe plus spécifiquement de lui, c'est surtout parce qu'il a " besoin " d'être davantage alimenté.

Ainsi, les enfants doués manient souvent le langage avec une aisance surprenante pour leur âge, ce goût pour la langue, les mots et la construction grammaticale les incite à s'intéresser à l'étymologie. Rien ne les comble davantage que de connaître les racines grecques ou latines d'un mot, ils en comprennent alors plus subtilement le sens et l'emploient de façon plus pertinente. Ils découvrent des langues dites " mortes " très vivantes pour eux, d'autant plus que la mythologie qui les accompagne les enchante. Des origines plus exotiques de certains mots les font voyager en imagination, des brumes nordiques au chatoiement de l'Afrique. Les mots portent avec eux toute une histoire à laquelle les enfants doués sont particulièrement sensibles. S'y mêlent l'histoire de leur pays, des pays qui contribué à l'enrichissement d'une autre langue, des interactions entre les différents peuples… On est loin du simple vocabulaire. Les enfants doués ont toujours privilégié la nuance, la précision et l'élégance dans l'expression, le français du XVIII siècle leur convient à merveille.

Passion pour l'histoire

Ce goût pour les mots et leur passé peut également leur donner le désir de connaître d'autres langues et d'y évoluer avec une aisance absolue. Il s'agit d'un exemple des "besoins particuliers" des enfants doués. Un tiers temps supplémentaire ne serait pas de trop pour leur faire découvrir la place du langage avec toutes ses ramifications. D'autres domaines attisent leur désir d'approfondir les données qu'on leur livre un peu trop parcimonieusement. Ainsi, l'histoire les passionne. Ils aiment ces récits d'alliance qui se nouent entre pays amis/ennemis, les finesses des ambassadeurs, les exploits des glorieux combattants, les prestigieuses batailles remportées, quand on pensait que tout était perdu, grâce à la vaillance des guerriers, et enfin les vestiges laissés par des bâtisseurs de génie non seulement dans leur propre pays, mais aussi dans des contrées lointaines qui gardent encore les traces de ces monuments.
Les chevaliers, les seigneurs partant à la guerre en lançant un fier cri de ralliement, les tournois, mais aussi les dames en leur haute tour, les troubadours et les fêtes somptueuses auxquelles tout le village participait, cet univers proche et lointain les fait rêver. Encore faut-il que l'évocation en soit détaillée, vivante, réaliste. Certains professeurs passionnés savent transmettre leur goût pour ces temps qui nous ont précédés. Dans ce domaine comme dans tant d'autres, c'est la passion qui permet une transmission, comme le démontre le succès des émissions historiques. Il a fallu qu'un enseignant sache transmettre cette passion à un auditoire fasciné qui y a trouvé sa vocation. Le tiers temps supplémentaire serait vraiment bien occupé…

Des vocations de chercheurs

Il n'est pas possible de négliger les mathématiques, sources inépuisables de plaisir pour les enfants qui adorent leur rigueur et les perspectives qu'elles ouvrent. Avec les sciences, elles sont à l'origine de bien des vocations de chercheurs dans tous les domaines possibles. Quand on lit leur biographie ou quand ils évoquent la naissance de leur intérêt pour un domaine précis, ils mentionnent le premier aperçu que l'école leur a procuré, mais parfois aussi la frustration de rester tellement en surface du sujet qui les attirait et le refus, voire les apparentes rebuffades, d'un professeur qui ne pouvait faire son cours pour un seul élève, même si celui-ci était, en secret, son préféré.

Le seul expédient possible est de charger cet élève curieux de rédiger un exposé sur le domaine qui l'attire tant. Il est heureux de se voir reconnu dans sa particularité et jugé digne de collecter des données et de les assembler en un tout bien construit, mais le professeur doit aller jusqu'au bout et ne pas estimer que cet enfant n'a pas pu exécuter seul un tel travail, ou bien, il ne trouve jamais le moment propice pour cet exposé et l'année se termine sans que personne ne l'ait entendu. L'amertume provoquée par cette absence de reconnaissance de son travail ou bien par cette négligence subsiste encore chez un adulte qui ne peut oublier cette blessure.

Intérêt pour les merveilles de l'univers

Les " besoins particuliers " de l'enfant doué sont pourtant très logiques, en accord avec sa nature curieuse, réfléchie, passionnée. Il a plaisir à découvrir les merveilles de l'univers et à apprendre la saga du genre humain sous toutes ses formes. Il s'avancera alors avec plus de hardiesse, nanti de ces savoirs et soucieux de poursuivre dans les voies qu'il a commencé à explorer, reconnaissant envers ses professeurs qui l'ont accompagné, et surtout guidé, sur ces chemins où il y a encore tant à découvrir.