Ramassage scolaire : pénurie de chauffeurs à la rentrée

La rentrée a lieu dans une semaine, et il manque toujours un nombre considérable de chauffeurs de bus scolaires pour assurer le transport des écoliers. 8000 postes sont à pourvoir, et des milliers d'élèves risquent d'être pénalisés.

Ramassage scolaire : pénurie de chauffeurs à la rentrée
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Pénurie de chauffeurs scolaires : combien d'élèves risquent d'en pâtir ?

[Mise à jour du 14 septembre à 16h03] Autre métier lié à l'éducation et touché par une forte pénurie de personnel : les chauffeurs de bus scolaires. Après les professeurs des écoles, les instituteurs et  tout le secteur de la petite enfance, les chargés de ramassage scolaire manquent cruellement à l'appel, avec près de 8000 postes vacants selon la Fédération nationale des transports de voyageurs. Une pénurie loin d'être inédite, mais aggravée par la crise sanitaire conséquente au Covid-19. Placés en chômage partiel, 5000 d'entre eux ont alors préféré se reconvertir dans d'autres métiers. De fait, à une semaine de la rentrée, de nombreuses lignes partout en France ne pourront pas être assurées, tandis que les professionnels des transports estiment que 400 000 écoliers pourraient pâtir de cette défection.

Comment les collectivités et entreprises s'organisent-elles pour assurer le ramassage ?

Le territoire national entier est affecté par cette pénurie. "Il y aura forcément des lignes qui ne pourront pas être assurées" affirme Jean-Marc Rivera à Sudouest, et délégué général de l'OTRE, l'une des organisations patronales du secteur. Aussi, les collectivités essaient de pourvoir à ce manque, en lançant à la hâte des campagnes de recrutement, comme en Normandie. où même si dès le début de l'été 300 chauffeurs ont été embauchés, 70 sont toujours manquant à dix jours de la rentrée rapporte France Bleu. En Pays de la Loire, les 3385 circuits sont assurés rapporte Ouest-France, mais restent précaires : 10à 15% d'entre eux seront assurés par du personnel non-titulaire, exerçant un autre poste dans des entreprises de transport. En cas de démission ou d'arrêt de travail, la ligne risque d'être suspendue. Par ailleurs, la formation pour devenir chauffeur de bus scolaire comptant plusieurs mois, les régions font appel aux jeunes retraités pour reprendre du service, le temps de voir les jeunes recrues opérationnelles.

Sur le plan organisationnel, des fusions de trajets, des aménagements de plannings et des horaires décalés sont prévus entre et dans les établissements scolaires, afin de permettre à un seul chauffeur d'effectuer plusieurs allers-retours. La mobilisation générale des entreprises à été décrétée, affirmée par le président de la Fédération nationale des transports de voyageurs le 19 août sur BFM Business, ainsi, les sociétés de transport envisagent également des plans B, comme faire conduire du personnel qui n'est pas initialement sollicité pour la conduite, ou faire appel aux conducteurs de cars touristiques. Chez Keolis, gros acteur du secteur et filiale de la SNCF, on se retourne vers le recrutement de profils inédits, des seniors aux anciens militaires détenteurs du permis D, en passant par l'embauche de réfugiés via des partenariats avec des associations, ou des promotions exclusivement féminines. Enfin, certaines entreprises, en partenariat avec les communes cette fois-ci, essaient de proposer des postes complémentaires pour garantir un emploi à temps plein, et redonner ainsi de l'allant à un métier aux conditions de travail dissuasives.

Chauffeur de bus scolaire : un métier aux conditions de travail peu attractives

Si la situation est à ce point dégradée, c'est que les conditions de travail n'attirent plus de nouvelles candidatures. Pour un smic-horaire, les chauffeurs ont des amplitudes de travail de 12 à 13 heures quotidiennes, pour quatre heures de travail effectif. un recrutement généralement à temps partiel, pour lequel ils "gagnent 800 euros par mois" dénonce le secrétaire général de FO-Transports, réclamant  dès lors une rémunération décente.