"Ma fille a sa crèche dans le même Ehpad que ma mère" : ce nouveau modèle bouleverse les habitudes
Mélanie confie sa fille à la crèche, placée dans la même structure que l'Ehpad de sa mère. Cette initiative publique vise à "amener de la vie et donner du sens". Elle raconte ce concept novateur.
C'est la première fois en France qu'un Ehpad public accueille une structure de crèche associative et parentale, avec un objectif : abolir les frontières entre les générations et permettre aux résidents de l'Ehpad et aux enfants de se rencontrer et de partager des instants de vie précieux. Pour Mélanie Barey, ce projet a une saveur toute particulière. Sa maman, âgée de 80 ans, est résidente de l'Ehpad Lumières d'automne depuis trois ans, et sa fille âgée d'un an et demi a fait son entrée à la crèche à la rentrée. "C'était un choix fort que ma mère intègre une structure non lucrative, proche de notre domicile, avec une prise en charge humaine et une équipe très soudée et solidaire", nous raconte-t-elle.
Ce projet novateur n'aurait pu aboutir sans l'engagement d'un collectif de familles et le soutien de la Caisse d'Allocations Familiales de la Seine-Saint-Denis et de la Ville de Saint-Ouen-sur-Seine. Située à Saint-Ouen-sur-Seine, la crèche baptisée Petits Bourgeons a ouvert ses portes en septembre et accueille 24 enfants. Elle est située dans le parc de l'EHPAD, mais est séparée du bâtiment par une barrière pour d'évidentes raisons de sécurité. Une séparation qui n'empêche pas les échanges, parents et enfants passant par les espaces extérieurs pour se rendre à la crèche. "Certains résidents boivent un café dehors, se promènent. On s'arrête pour faire coucou, on parle cinq minutes", explique Mélanie.
L'objectif est pour l'heure de créer des connexions en douceur entre les deux espaces, en prenant en compte les rythmes très particuliers et différents des personnes âgées et des bébés. Mais les professionnels des deux établissements sont là pour les accompagner et veiller au respect des besoins de chacun. "Certains résidents étaient réticents au départ, notamment en raison des contraintes liées au chantier, mais les inquiétudes se sont envolées dès que le lieu a ouvert. Les enfants, c'est magique, ils créent du lien instantanément !", observe Mélanie Barey.
De nombreux événements vont avoir lieu dans les mois à venir, avec des temps d'échanges communs sur certaines activités : lecture, chant, chorale, arts plastiques. La fête de la musique a été organisée au sein de l'Ehpad en juin 2025, en présence de tous les parents et des enfants. Et une brocante va avoir lieu début décembre. Enfants et résidents pourraient également se retrouver autour du potager situé côté EHPAD pour faire un peu de jardinage ! "À terme, nous souhaitons faire des fêtes, manger ensemble, créer des évènements communs en dehors du quotidien. L'engagement du projet est vraiment d'amener de la vie et de donner du sens", explique la jeune maman.
"Il y a aussi l'idée que ce lieu devienne familier pour les enfants. Nous voulons leur transmettre cette continuité des situations de la vie, des âges, leur montrer par la preuve que l'endroit où on met nos aînés est ouvert sur la ville et aux enfants", explique Mélanie Barey. Cette dernière, qui exerce le métier d'architecte, rappelle par ailleurs que la place des enfants dans la ville pose question. Quant aux personnes âgées, elles sont souvent un peu cachées. "Ce projet permet de lutter sur les deux fronts en même temps", s'enthousiasme-t-elle.