La crèche, bénéfique au développement du langage

Les enfants fréquentant la crèche jouiraient de meilleures acquisitions linguistiques, particulièrement chez les enfants défavorisés. A l'inverse, les tout-petits gardés à la maison présenteraient les plus faibles compétences en matière de langage.

La crèche, bénéfique au développement du langage
© 123RF / Oksana Kuzmina

En France, près d'1 enfant sur 5 est accueilli en crèche d'après l'Observatoire national de la petite enfance. Un taux qui mériterait d'être augmenté si l'on se fie aux conclusions d'une récente enquête publiée ce 17 juin : les enfants de moins de 3 ans gardés en crèche acquièrent de meilleures compétences linguistiques que les autres enfants du même âge placés chez une nounou ou gardés à la maison. Cette Étude Longitudinale Française depuis l'Enfance (Elfe) a été menée par deux chercheures à l'Ined et Lawrence Berger, professeur à l'Université du Wisconsin-Madison (États-Unis) auprès de 18 000 enfants, de la naissance à l'âge adulte. Il s'agit de la première étude s'intéressant à l'impact de ce mode de garde, en matière de langage, de motricité et de comportement.

Les enfants placés en crèches, plus doués en langage

Pour évaluer le langage des tout-petits, les chercheurs ont utilisé le MacArthur-Bates Inventory qui sert à mesurer le volume et la variété du vocabulaire acquis. "Cet indicateur compte le nombre de mots dits de manière spontanée par l'enfant parmi une liste de 100 proposés" précisent les scientifiques. Conclusions : les enfants fréquentant une crèche ont obtenu en moyenne de meilleurs résultats lors de cette évaluation linguistique. En outre, les enfants les moins favorisés fréquentant les crèches s'en sortiraient encore mieux que leurs petits camarades en terme d'acquisition de mots. 

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Tableau comparatif d'acquisition du langage en crèche © Enquête Elfe / Ined

Selon les chercheures, le contact avec d'autres enfants et avec des professionnels de la petite enfance proposant des activités éducatives adaptées à l'âge de l'enfant favoriserait ainsi l'enrichissement du vocabulaire. Une découverte qui va plaire aux parents déjà majoritairement friands de ce mode de garde qu'ils trouvent de qualité et préparant bien l'enfant à l'entrée à l'école. Pour autant, le manque de places disponibles dans les crèches de l'hexagone place ce mode de garde en deuxième position derrière les assistantes maternelles

 

Les enfants gardés à la maison, plus à la traîne en vocabulaire

Sur la deuxième place du podium (des acquisitions linguistiques), on trouve les enfants gardés par une nounou privée, suivi par ceux bénéficiant d'une assistante maternelle. Les enfants gardés par leurs parents en revanche, présentent les plus faibles compétences linguistiques. A titre comparatif, les enfants qui fréquentent la crèche sont capables de dire en moyenne 80 mots (soit 6 mots de plus que la moyenne), quand les enfants gardés par leurs parents ne disposent que de 68 mots.

Motricité et comportement : peu de différences entre les modes de garde

Si cette enquête révèle que les enfants gardés en crèche ont également des capacités motrices légèrement supérieures, les écarts se creusent réellement chez les enfants moins favorisés. Côté développement motricité fine, il s'avère que les enfants passés par la crèche ont ensuite de meilleures facultés en écriture, lecture et mathématiques. Ce mode de garde serait donc bénéfique pour bien préparer l'enfant à l'entrée à l'école. A l'inverse, les enfants accueillis en crèche auraient un moins bon comportement général (refus des soins, contestation des réprimandes, agressivité) que les enfants issus d'autres modes de garde. Un revers toutefois non constaté chez les enfants moins favorisés qui s'en sortent mieux à tous les niveaux.

La crèche, un moyen de favoriser l'égalité des chances

Face à ces conclusions, les chercheurs estiment que fréquenter une crèche pourrait aider les enfants issus de familles défavorisées en réduisant l'impact des disparités socio-économiques sur le développement de l'enfant et en particulier au niveau du langage. Et ce d'autant plus que les enfants défavorisés fréquentent en général moins les crèches que les autres enfants.