Overdoses, comas… La consommation de GHB chez les jeunes inquiète

Depuis trois ans, le nombre de comas causés par le GBL, une drogue de synthèse dérivé du GHB, a été multiplié par 10. Parmi les principales victimes : les jeunes de moins de 25 ans qui consomment cette substance à des fins récréatives.

Overdoses, comas… La consommation de GHB chez les jeunes inquiète
© Dmitriy Shironosov - 123RF

50 à 100. C'est le nombre de comas annuels provoqués par l'absorption de GBL, un solvant détourné en drogue, dérivé du GHB appelé familièrement "drogue du violeur". Qu'elle soit consommée volontairement ou involontairement - d'autant qu'elle est inodore et incolore - cette substance est de plus en plus présente dans les clubs parisiens, mais également dans les soirées privées dans des appartements. Et elle n'est pas sans danger ! En effet, depuis la fin de l'année 2017, dix comas chez des jeunes âgés de 19 à 25 ans ayant consommé du GBL (gamma-butyrolactone) ou GHB (acide gamma-hydroxybutyrique), ont eu lieu dans des établissements de nuit de la capitale, selon les données des hôpitaux de Paris. Après plusieurs semaines d'hospitalisation, l'une des victimes âgée de 24 ans, tombée dans le coma après avoir ingéré du GBL sous une forme liquide, en est même décédée. "Depuis environ deux ans, le GHB/GBL connaît une nouvelle diffusion dans les clubs. Sa consommation concerne aujourd'hui une population mixte (filles et garçons) et de plus en plus jeune (17-25 ans)", souligne l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) dans sa synthèse sur les drogues hallucinogènes, avant de préciser que "ces nouveaux usagers n'ont qu'une faible connaissance du produit et des risques". Euphorie, sentiment de bien-être, de "planer" ou "d'être désinhibé", intensification des perceptions ou sensation d'ivresse comparable à celle de l'alcool, les effets du GBL sont progressifs et durent entre trois et cinq heures. Mais consommé à haute dose, il peut provoquer des vertiges, des étourdissements, des nausées et vomissements, une somnolence et parfois même, une perte de conscience, des troubles de la mémoire et un coma. Surtout, il peut être très dangereux de combiner cette substance avec de l'alcool, d'autres drogues dures ou certains médicaments.

Que prévoient les autorités ? Depuis le début de l'année et particulièrement à la suite de plusieurs incidents liés à la consommation de GBL, le collectif Action Nuit (regroupant les professionnels du monde de la nuit à Paris) a alerté les autorités, le jeudi 22 mars dernier, et leur a demandé de l'aide pour faire face à ce phénomène de mode. Une réunion a donc été organisée, le lundi 16 avril 2018, entre plusieurs professionnels de la nuit, les autorités de santé et les services de police. A cette occasion, le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, a ordonné la fermeture de six établissements abritant des trafics de stupéfiants. Trois procédures supplémentaires sont en cours. Le préfet de police s'est également engagé à réfléchir aux moyens juridiques de "limiter la vente de ces produits où leur accès facile, notamment par internet" et d'envisager un "plan d'action partenariale avec les professionnels et les demandeurs de formation, de sensibilisation et de bonnes pratiques" afin de sensibiliser le grand public, et notamment les jeunes, aux risques de cette substance interdite à la vente aux particuliers, mais facilement trouvable dans de nombreuses boîtes de nuit.