Elèves autorisés à fumer dans les lycées : le point sur la polémique

Face à la menace d’attentat, plusieurs proviseurs autorisent leurs élèves à fumer dans la cour du lycée. Mais la mesure est visée par plusieurs plaintes. Pour Najat Vallaud-Belkacem, les lycéens doivent tout simplement arrêter de fumer.

Elèves autorisés à fumer dans les lycées : le point sur la polémique
© Edyta Pawlowska

Depuis le déclenchement de l'état d'urgence, plus de la moitié des lycées français autorisent les élèves à fumer au sein de l'établissement, contredisant ainsi la loi Evin, selon Alliance Contre le Tabac. Certains proviseurs ont en effet choisi de donner aux élèves des autorisations de fumer dans la cour plutôt que devant l'établissement pour des raisons de sécurité. Cette décision fait suite au risque élevé d'attentat et aux alertes à la bombe qui ont visé différents lycées parisiens.

"On les laisse se faire tuer à petit feu". Mais cette mesure, tolérée depuis quelques mois, est l'objet de plusieurs plaintes, déposées fin mars. L'association Droits des Non-fumeurs a en effet déposé des recours devant le tribunal administratif contre trois établissements de la région parisienne. Corinne Depagne, pneumologue, a quant à elle déposé deux plaintes à Lyon : une contre le lycée Saint-Exupéry dans lequel son fils est scolarisé, et une seconde contre le rectorat. "Soit disant c'est l'état d'urgence. On empêche nos enfants de se faire tuer devant les lycées et on les laisse se faire tuer à petit feu à l'intérieur ? C'est impossible. Comment est-ce qu'on peut ne pas respecter la loi ? C'est incroyable", s'était-elle insurgé au micro de RTL.

Des sanctions en cas de non-respect de la loi. Du côté des chefs d'établissements : ils restent toutefois sur leur position. Pascal Charpentier, proviseur du lycée du parc à Lyon, estime par exemple que "c'est irresponsable de laisser [ses] élèves sur le trottoir". Le syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale (SNPDEN) avait réclamé en février dernier la mise en place de zones fumeurs, et ce tant que la menace terroriste existe. La Direction générale de la santé avait alors signalé suite à cette demande, que "le contexte d'état d'urgence ne changeait en rien" la réglementation sur le tabac.

"Les lycéens ne doivent plus fumer." Face à la polémique, Najat Vallaud-Belkacem est sorti de son silence mercredi 13 avril. Avec une réponse qui peut laisser dubitatif. Selon elle, "il faut éviter les attroupements d'élèves devant les lycées sans pour autant les laisser fumer à l'intérieur", rapporte l'AFP. La ministre de l'Education nationale estime en effet que les mesures de sécurité et protection des élèves ne doivent pas remettre en cause la loi Evin. "Fumer est interdit au sein des établissements scolaires. Donc, ça n'est pas parce que nous cherchons à éviter les attroupements, notamment aux abords des lycées, qu'il faut permettre aux élèves de fumer à l'intérieur des lycées", assure la ministre. Celle-ci estime ainsi que "pendant cette période de mesures de sécurité renforcées, il doit être demandé aux lycéens tout simplement de ne pas fumer". Le ministère de la Santé a, de son côté, informé les proviseurs qu'ils risquaient des sanctions s'ils laissaient leurs élèves fumer au sein de leur établissement.

Un premier procès contre la création de zones fumeurs dans un lycée des Hauts-de-Seine vient de démarrer à Cergy-Pontoise. La décision de la justice sera connue la semaine prochaine.