Les langues anciennes au goût du jour

Dans le cadre de la réforme des collèges, la Ministre de l'Education Nationale propose d'intégrer le latin et le grec dans les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI). Les enseignants craignent la disparition des langues anciennes et lancent une pétition.

Les langues anciennes au goût du jour
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Dans le cadre de la réforme des collèges dont les nouvelles propositions ont été annoncées le 11 mars dernier, la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem avait précisé que des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI) seraient mis en place dès la rentrée 2016 pour les élèves de 5e, 4e et 3e. Parmi les huit thématiques proposées dans le cadre de ces EPI : les Langues et Cultures de l'Antiquité, qui devraient intégrer les traditionnels cours de langues anciennes, le latin et le grec. 

Les enseignants craignent la disparition des langues anciennes. La réforme des collèges passe mal auprès des enseignants de grec et de latin, qui lancent une pétition afin que la ministre maintienne l'enseignement optionnel de ces deux langues à part entière et non dans le cadre des enseignements interdisciplinaires. L'apprentissage linguistique, historique, littéraire et culturel du latin et du grec doit être enseigné par des spécialistes et non des professeurs de matières différentes comme ce serait le cas lors des EPI.

Par ailleurs, les enseignants craignent que le nombre d'heures consacré aux langues anciennes ne soient réduites. Elles représentent actuellement 2h par semaine en 5e, 3h hebdomadaires en 4e et 3e pour le latin, et 3h par semaine en 3e pour l'option grec. "Les élèves qui auraient choisi de suivre un EPI dont le thème serait les “LCA”, ne suivraient un enseignement de langue ancienne qu'une heure et demie par semaine et par an en cycle 4, soit un total de 4,5 heures hebdomadaires durant le collège, contre 8h actuellement pour les élèves suivant une seule option, et 11h pour ceux qui ont la chance d’étudier les deux langues anciennes dans leur collège", précisent les auteurs de la pétition.

Et si les élèves ayant choisi le thème "Langues et Cultures de l'Antiquité" (LCA) peuvent poursuivre cet apprentissage durant tout le cycle, la nouvelle réforme permet aussi à ces derniers de choisir chaque année s'il veulent continuer ou arrêter la thématique. 

De nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Les hashtag #jesuislatiniste et #jesuishelleniste ont été lancés sur Twitter, et les internautes sont nombreux à réagir pour le maintien des langues anciennes.

Najat Vallaud-Belkacem se veut rassurante. Lors d'une audition devant la commission des Affaires culturelles et de l'Education à l'Assemblée nationale, la ministre a précisé que les langues anciennes seraient préservées pour la rentrée 2016. "Cet enseignement pratique interdisciplinaire , je vous confirme qu'il aura le même nombre d'heures que peut avoir aujourd'hui l'option existante, donc les élèves n'y perdent rien", a-t-elle déclaré. 

Elle explique également qu'il ne s'agit pas de supprimer le latin et le grec, mais de généraliser l'apprentissage de ces langues. "Nous introduisons dans l’enseignement de français une initiation à l’étude des langues anciennes parce que nous estimons que les langues anciennes permettent de mieux comprendre les principes fondamentaux de la langue française, l’étymologie, la composition des mots, les fonctions grammaticales : d’une certaine façon nous mettons l’excellence au service de la réussite de tous les collégiens et de la réduction des inégalités de maîtrise de la langue française". Et d'ajouter que "les élèves pourront apprendre le latin de la 5e à la 3e et le grec en 3e, comme ce qui existe aujourd’hui sauf que ça ne s’appellera pas « options facultatives », ce sera un enseignement pratique interdisciplinaire".