Un jardin, oui, mais un jardin écolo !

Chaque jardin compte ! Les jardins sont des réservoirs de biodiversité, et en associant les plantes de manière astucieuse, il est possible de créer des jardins esthétiques et faciles à entretenir. En aménageant et en préservant des espaces où la nature pourra reprendre ses droits, votre jardin deviendra un véritable écrin pour la biodiversité. A condition, bien sûr, de le concevoir, de l'aménager et de l'entretenir de manière écologique. Voici les trois points clés à retenir avant de se lancer.

Un jardin, oui, mais un jardin écolo !
© Olivier François/Pépinières d'altitude & Paysages

Dans biodiversité, il y a diversité

Et c'est le principe clé pour un jardin écolo réussi ! Pour vos plantations, il est nécessaire de faire les bons choix dès la conception de votre jardin. C'est souvent difficile pour un jardinier amateur, qui est souvent perdu face aux choix multiples proposés par les horticulteurs. Une chose à retenir : les cultivars proposés (végétal résultant d'une sélection ou d'une mutation) peuvent être utilisés, mais il faut également laisser la place aux semis et aux plantes locales. En effet, les plantes issues de graines locales ont un patrimoine génétique qui s'adapte au fur et à mesure du temps, alors que les plantes créées par bouturages, greffage, marcottage ou culture in vitro sont des "clones". Or, pour préserver la diversité des espèces végétales, il est nécessaire de les laisser évoluer et se reproduire par voie sexuée – les clones sont "figés" dans leur évolution et ne seront donc peut-être pas adaptés à votre région, ou à votre sol... et ils résisteront sûrement moins bien sur le long terme.

Une fois ce principe posé, comment choisir ses plantes ? Le bon réflexe, pour l'aménagement de votre jardin, est de faire appel à un jardinier-paysagiste, qui connait très bien votre région. En effet, il n'existe pas de "recettes miracles" : il y a autant de cas particuliers que de jardins. Votre jardinier-paysagiste saura vous conseiller pour choisir des végétaux adaptés, et ainsi vous éviter d'acheter inutilement des plantes qui ne résisteront pas. Favorisez les plantes d'origines locales, car leur génétique sera adaptée à votre région : un cornouiller sanguin d'origine génétique bretonne sera mieux adapté aux sols et au climat breton que haut-jurassien !  De plus, les plantes locales attireront abeilles et papillons locaux, et comme des colocataires, ils retrouveront leurs habitudes de vie en commun.

Cornouiller sanguin au centre d'un massif © Olivier François/Pépinières d'altitude & Paysages

Adopter les principes du compagnonnage végétal et de la gestion différenciée

Une fois les plantes choisies, c'est l'aménagement du jardin qui va assurer son succès : quelles plantes associer ? Y-a-t-il des plantes à ne pas placer à proximité les unes des autres ? Encore une fois, pas de règle générale, mais il est important de travailler et d'associer les différentes strates du jardin – des grands arbres (strates arborées) aux arbustes, et jusqu'à la strate herbacée (végétaux qui couvriront le sol). Les plantes grimpantes servent souvent de liants entre ces strates : les insectes, comme les coccinelles qui vous débarrassent des pucerons, vont s'en servir pour passer d'une plante à l'autre. On pourra ainsi associer plantes à génétique locale et plantes ornementales (très souvent clonées), fleurs qui ont besoin de beaucoup de lumière et arbustes qui préfèrent les zones ombragées. On applique en fait le principe du compagnonnage végétal. Les plantes vont s'échanger divers services : fertilisation (fixation de l'azote par les fabacées), action répulsive ou toxique sur les insectes nuisibles ou les "mauvaises" herbes...

Ceci étant fait, il ne faut cependant pas oublier de laisser des zones où la nature fera elle-même le travail de sélection. Pour cela, on peut tout à fait laisser des zones du jardin que l'on ne tondra pas et qu'on laissera se développer. Il s'agit du principe de la gestion différenciée, permettant à la biodiversité de revenir dans votre jardin. Comment faire ? D'abord, il faut bien délimiter les zones "sauvages" et les zones "entretenues", afin que votre jardin n'ait pas l'air négligé. Au contraire, des aménagements simples permettent de rendre ces zones "naturelles" très esthétiques, en travaillant les bordures et délimitations.

Dans les zones "sauvages", on peut par exemple récupérer de la graine de foin chez un paysan que l'on va semer à la place du gazon. Les herbes et fleurs sauvages attireront les insectes, qui attireront eux même les petits animaux... Un moyen simple de faire revenir de la vie dans son jardin, à moindre coût et sans entretien nécessaire. Il suffira de réaliser un fauchage très tardif à l'automne pour ne pas laisser les végétaux ligneux non désirés envahir les lieux (ronces, pruneliers…).

Des principes qui peuvent s'appliquer dans les grands jardins ainsi que dans les petites cours : pourquoi ne pas sensibiliser vos voisins ? En créant des continuités entre les "zones sauvages" des jardins de votre rue par exemple, vous créerez de véritables "corridors" de biodiversité, permettant aux animaux (hérissons, insectes...) de passer d'un jardin à l'autre sans difficulté.

Soigner son sol pour un jardin en bonne santé

Le sol est le support de votre jardin, et le garde-manger de vos plantes. Si votre sol est lourd, asphyxiant, la vie dans le sol et sur le sol se développera mal. Au contraire, il doit être poreux, avec une structure "grumeleuse" qui laisse passer l'oxygène et draine les excès d'eau et créent ainsi un milieu favorable à la vie des petits insectes et animaux qui y habitent. Comment faire ?

D'abord, il est nécessaire que le sol ne soit pas compact : rouler avec votre voiture, ou des engins trop lourds, va tasser la terre et l'empêcher de respirer. Deuxième conseil fondamental : ne jamais laisser le sol à nu. En effet, lorsqu'il pleut, un sol à nu devient "battant", il forme une croûte imperméable à l'eau et à l'air, du fait de l'impact des gouttes. Une fois de plus, pour éviter cela, on s'appuie sur les states de végétaux : les arbres, arbustes et plantes vivaces protégeront le sol. Enfin, bien sûr, il est possible d'apporter un compost naturel pour amender le sol, c'est-à-dire améliorer ses caractéristiques physiques. En améliorant sa structure et en faisant des apports d'engrais organo-minéral pour le rendre plus fertile.

En appliquant ces principes fondamentaux, votre jardin sera sain et facile à entretenir. Il faut avant tout faire confiance à la nature : nul besoin de répulsif, d'insecticides ou d'engrais chimiques ! L'essentiel est de garantir la diversité des espèces végétales et de mélanger les plantes. Au potager, par exemple, évitez de planter les mêmes légumes bien alignés au mêmes endroits chaque année : les parasites se développeront ainsi moins rapidement.

Pour conclure, un jardin "parfait" est un jardin qui est bénéfique pour l'environnement : on se sent de toute façon toujours mieux dans un jardin plein de vie, attirant petits insectes, papillons et petits animaux.

© UNEP

En partenariat avec Unep - Les entreprises du paysage

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