Emmanuel Carrère, héros lunaire Force obscure

Souffrance psychologique, blocages névrotiques, goût de la dissimulation, Carrère expose ses penchants morbides et destructeurs pour mieux lutter contre eux. Son exhibitionnisme littéraire correspond à une quête de moralité.

Certes, Carrère ramène les choses à lui, assume une forme de vanité. Mais il ne se gargarise pas, ne s'enivre pas, ne se peopolise pas. Il cherche la vérité, la profondeur. L'exactitude est son moteur.

Il se décrit, se dénonce, se vend, pour libérer son inconscient, persuadé d'être l'assassin de sa nourrice car il a refusé de lui obéir et l'a repoussée, une fois. Il balance entre le zen et l'amer, traque le suspense, les coïncidences. Un jour, il jette un pavé au nez de sa mère, en couchant sur papier la honte, le secret bien gardé: son grand-père a été exécuté en 44 pour faits de collaboration. Une autre fois il publie dans les colonnes du Monde une nouvelle érotique, en pensant qu'elle va agir sur sa relation amoureuse. Un échec.

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