Mort de Bernard Pivot : il était malade et handicapé... "Le mal m'a frappé à la tête"

Mort de Bernard Pivot : il était malade et handicapé... "Le mal m'a frappé à la tête"

Bernard Pivot avait disparu des écrans et des médias sans donner d'explications sur son absence. Décédé à 89 ans, comme l'a annoncé sa famille à l'AFP ce 6 mai, il souffrait d'un mal qui lui avait "frappé la tête"...

Bernard Pivot est mort à 89 ans à Neuilly-sur-Seine, a indiqué sa fille Cécile Pivot à l'AFP, ce 6 mai. L'ancien animateur se battait contre un cancer depuis plusieurs mois. Il a marqué toute une génération avec son émission culte de littérature Apostrophes entre 1975 et 1990. Des extraits des disputes mythiques entre écrivains sont souvent diffusés à la télévision. Ces dernières années, il tenait une chronique dans le Journal Du Dimanche qu'il a dû arrêter. S'il n'avait pas voulu dévoiler la raison de sa "retraite" forcée, le journaliste de 87 ans s'était finalement expliqué sur son départ, liés à des soucis de santé, en avril 2023.

Mort de Bernard Pivot : il était malade… "Le mal m'a frappé la tête"

Que peut-il arriver de pire à un intellectuel ? Certainement que ses fonctions neurologiques soient touchées. Ce fut malheureusement le cas pour le plus célèbre critique littéraire. C'est en janvier 2020 que les "ennuis de santé ont commencé" pour ce féru de livres.

"Je suis resté silencieux parce que le mal m'a frappé à la tête, siège du cerveau et de la parole. Mieux vaut alors se taire en attendant que la mémoire se recharge et que la pensée refleurisse", avait-il confié à nos confrères du Journal du dimanche. Et cette maladie qui avait atteint son cerveau l'empêchait aussi de poursuivre ses activités d'écriture.

"À mon vif regret, j'ai abandonné ma chronique du JDD parce que j'étais malade, handicapé, et que je ne pouvais plus écrire comme je l'ai fait pour vos lecteurs, pour nos lecteurs, si vous permettez, pendant plus d'un quart de siècle", avait-il expliqué. S'il ne nommait jamais le mal qui le rongeait, on comprenait qu'il espérait retrouver toutes ses facultés intellectuelles.

Bernard Pivot, face à la mort : comment il imaginait ses derniers instants

Dans sa détresse de se voir ainsi diminué, Bernard Pivot tentait de relativiser et déceler de l'humour : "Je vais cahin-caha de bourdes en maladresses, d'oublis instantanés en futiles angoisses. J'en ris pour n'avoir pas à en pleurer".

A l'époque, le journaliste, se sentant peut-être proche de la fin, avait partagé sa vision de la mort : "Il n'y a pas de mort heureuse, même désirée ou volontaire. C'est l'extinction définitive du souffle, de la parole, des mots, et même le mot 'mort' ne peut plus être prononcé. Il est réservé aux futurs défunts". Quant à la vieillesse, il la considérait comme un "purgatoire" dont les "maisons" sont les Ehpad. Cet amoureux de littérature se voyait finir ses jours dans son lit à relire du Proust. C'est peut-être ainsi qu'il a tiré sa révérence.