27% femmes dans l'Hémicycle : un record... encore loin de la parité

Avec 157 femmes députées, la nouvelle Assemblée nationale est la plus féminine de l'histoire, mais ce chiffre reste trop faible aux yeux des organisations féministes, qui réclament de nouvelles mesures en faveur de la parité.

Cent cinquante-cinq femmes ont conquis leur place au Palais Bourbon, soit 26,86% -chiffre sans précédent- tandis que l'ancien en comptait 107 (18,5%). Il y avait pourtant moins de candidates: environ 40% contre 41,6% en 2007.

Malgré cela, "ces résultats sont inacceptables", tranche "Osez le féminisme!" (OLF) tandis que le Laboratoire de l'Egalité parle "de progrès tout à fait insuffisants". "Avec encore 73% de sièges dédiés aux hommes, cette noble institution demeure un bastion solide de la virilité française", ironise La Barbe. Cible principale: l'UMP, qui avait présenté moins de 30% de candidates et obtient moins de 14% d'élues.

"L'égalité n'est pas encore devenue un automatisme de la vie politique française", a réagi la ministre des Droits des Femmes Najat Vallaud-Belkacem. Son parti, le PS, a envoyé 106 femmes sur 280 élus. Neuf des 18 élus EELV sont des femmes. Quatre députées sont divers gauche, trois PRG, deux Front de gauche. Deux figurent dans les divers droite, une au MRC et une au Front national.
On "reste en deçà du seuil fixé par l'Europe (30%) pour qu'un groupe quel qu'il soit, puisse exercer un poids politique sur une assemblée", déplore l'Observatoire de la parité (sous l'autorité du Premier ministre), qui déplore "les stratégies électorales des partis politiques et, en particulier, l'attribution de circonscriptions plus difficiles aux femmes".

assemblee
Bancs de l'Assemblée © Atlantis - Fotolia.com

"Au plan mondial, la France passe du 69e rang en matière de femmes au Parlement au 34e, entre l'Afghanistan et la Tunisie", nuance Réjane Sénac, spécialiste du sujet au CNRS et à Sciences-Po. La chercheuse relève aussi que l'amélioration du ratio candidates/élues n'est due qu'à la victoire du PS, qui présentait bien plus de femmes que l'opposition. "C'est mathématique: si la droite était passée, on serait sans doute toujours dans les chiffres" de l'Assemblée sortante, "voire plus bas" explique Réjane Sénac, pour qui les progrès ne sont donc "pas pérennes".

Autre bémol: les ministres élues vont laisser leur siège à leur suppléant. Selon Olga Trostiansky, du Laboratoire de l'Egalité (et adjointe au maire PS de Paris Bertrand Delanoë), trois femmes de moins siègeront finalement à l'Assemblée. D'où l'appel de Mme Trostiansky à élire des femmes à la présidence de l'Assemblée et à la tête de commissions parlementaires. L'ancienne garde des Sceaux Elisabeth Guigou s'est déclarée lundi "disponible" pour le perchoir.